where is my mind ? ||| ʟ.ᴊᴇɴᴏ⁺ɴ.ᴊᴀᴇᴍɪɴ

Maman

   Maman, je suis rentré. Personne ne lui répond, JeNo entend du bruit provenant des toilettes. En s'approchant un peu, il peut distinguer des toussotements mélangés à des pleurs. Sa mère vomit, son coeur se sert, il a l'habitude maintenant, mais ça l'inquiète énormément. Il se dirige ensuite vers la cuisine, ouvre un placard, en sort un verre, ouvre le robinet, rempli le verre d'eau fraîche, éteint le robinet, et s'installe dans le salon en attendant sa génitrice.
Quelques minutes plus tard sa mère sort des toilettes, elle a les yeux rouges et gonflés, elle s'approche de JeNo et le prend dans ses bras. Ça va aller maman, ce n'est rien, tu as mangé quelque chose en trop, mais ne t'inquiète pas, je suis là, JeNo tente de la rassurer, mon fils je suis désolée de te faire endurer tout ça, je suis tellement, tellement désolée, sa mère sanglote.
JeNo la sert un peu plus encore, il veut qu'elle se sente mieux, qu'elle n'ai pas peur, comme lui.
Ils se séparent, JeNo lui tend le verre, elle le boit d'une traite, merci mon fils, elle lui sourit et JeNo le lui rend, du mieux qu'il peut.

La chambre de JeNo est simple, pas très grande, un lit, une commode, un bureau, quelques photos sur les murs blancs, et c'est tout.
Il n'a pas besoin de plus pour y dormir, c'est confortable et il s'y sent bien. JeNo se dirige vers son bureau, s'assoit sur la chaise, sort son carnet de devoirs de son sac à dos, et commence à faire le travail demandé pour demain.
Le noiraud n'est pas un mauvais élève, ce n'est pas non plus le meilleur, disons qu'il est dans la moyenne. Il a du mal avec l'algèbre, mais fini par comprendre en regardant dans son manuel. Une fois cela terminé, il se lève, sort un t-shirt large et un boxer propre de sa commode, et se dirige vers la salle d'eau.
Il se déshabille, plie soigneusement chaque pièce de son uniforme, met dans la bannette son sous-vêtement sale, et entre enfin dans la douche. Il met en route l'eau chaude, laissant celle-ci couler sur son torse, lui brûlant la peau au passage.
Une fois le lavage terminé, il sort tranquillement, s'essuie le corps, et enfile son pyjama.

Il quitte la petite pièce, s'en va voir sa mère aux fourneaux, peut-être pour l'aider si elle en a besoin.
Il s'approche d'elle et l'appelle, elle se retourne, il lui demande, tu as besoin d'aide, elle lui répond, ne t'inquiète pas mon fils, j'ai presque fini, tu peux mettre la table.
Il ouvre un placard, en sort une assiette et hésite, maman, tu manges ce soir, elle semble distraite, oui je vais essayer, mets deux assiettes. Il en prend alors une autre et les pause sur la table basse du salon, il prend ensuite deux verres, deux paires de baguettes, deux serviettes et une cruche d'eau.
Sa mère le rejoint avec une marmite, ça sent le bœuf, elle repart ensuite et revient avec deux bols de riz.
Elle sert un gros morceau de viande à JeNo, et un petit pour elle.
Le repas se fait dans le calme, ils n'ont pas de télévision, le petit travail de sa mère ne la paye pas assez pour s'offrir ce genre de luxe, et de toute façon ils n'en voient pas l'utilité.
JeNo décide de briser le silence, le trouvant trop pesant, maman, un garçon m'a parlé ce matin, elle est surprise, son fils ne lui parle jamais de ses camarades, et il est gentil ce garçon, comment s'appelle-t-il, JeNo est incertain, il a peur qu'elle se fasse de fausses idées, de plus il ne l'a même pas rencontré à proprement parlé, il s'appelle JaeMin je crois, tu n'en est pas certain, elle l'interroge, je ne lui ai parlé que brièvement. Sa mère hoche la tête. Elle finit rapidement, JeNo sait que c'est mauvais signe, elle tente de reprendre du bœuf, maman arrête, tu sais très bien que tu ne vas pas le supporter, elle ne l'écoute pas, ses yeux sont vitreux et elle mange, encore. JeNo veut l'empêcher de continuer de se gaver, mais il sait que c'est déjà trop tard, alors il ne dit rien, la regarde tristement, et commence à débarrasser la table.
Une fois dans la cuisine, la vaisselle posée dans l'évier, il s'appuie sur le plan de travail de ses deux mains, la tête baissée, les épaules courbées, sa respiration se fait irrégulière, et les larmes menacent de couler. Il essaie de se calmer, y arrive, un peu, et repart dans le salon pour débarrasser le reste, sa mère n'est plus là. Il sait que son estomac, et surtout sa tête, n'ont pas supporté.
Il souffle, nettoie rapidement la vaisselle, se brosse les dents, et part se coucher.

Et dans le noir de sa chambre, il laisse les larmes couler, pour la deuxième fois de la journée. Parce que JeNo est épuisé, que JeNo regrette d'avoir repoussé le garçon des toilettes, qu'un peu de compassion lui aurait fait du bien, mais JeNo a eu peur, JeNo a toujours peur.