Souffrance

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   JeNo est dans son lit, il a du mal à respirer, son corps est pris de terribles spasmes, ses yeux pleurent sans s'arrêter. Les traits fins de son visage sont crispés dans une douleur insoutenable.
Ses vêtements de nuit sont trempés, dans son dos, ses aisselles, son torse, partout. Une coulée non contrôlée d'urine imbibe le creux de ses jambes, ses draps blancs.
Seuls des geignements osent briser le silence apaisant de sa chambre à coucher.
JeNo a l'impression que c'est la fin, qu'il rendra son dernier souffle dans un instant, pourtant ce n'est pas la première fois qu'une telle panique s'empare de son corps.
Ses mains s'accrochent désespérément au tissus de son t-shirt, là où son cœur tambourine dans un rythme saccadé.
La mère pénètre précipitamment la chambre de son fils, elle court vers lui, le prend tendrement dans ses bras, tente de le calmer du mieux qu'elle peut, lui chuchote, calme-toi, je suis là, tout va bien. Mais rien y fait, il hurle à la mort, tente de bouger ses membres endoloris dans l'espoir de la repousser. Il ne veut pas qu'elle le voit dans cet état, encore, ses angoisses mises à nues, ses larmes exposées au grand jour.

Pourquoi a-t-il fallut que ce garçon prononce son prénom, aussi simplement, comme une évidence. Pourquoi ne l'a-t-il pas écouté, dans les toilettes ce jour là, quand il l'a repoussé, protégé par les remparts de la cabine. Sait-il au moins qui était cet élève dans le cabinet, pleurant comme un enfant perdu. Il ne veut pas revoir sa chevelure châtaine, ni ses orbes bleus qui le sondaient passionnément, renvoyant toute la douceur que JeNo fuyait sans vraiment s'en rendre compte. Il a peur que cette chaleur revienne enivrer tout son être, comme lorsque JaeMin lui avait dit qu'il s'inquiétait, qu'il s'inquiétait pour lui.

Alors son corps s'est défendu, du mieux qu'il a pu, rejetant tout ce stress accumulé dans une crise d'angoisse aiguë.
La mère de JeNo le balance d'avant en arrière, le berçant lentement, chantant des comptines, celles qui endormaient jadis le petit JeNo. Peu à peu, les yeux se ferment, les tremblements s'arrêtent, le cœur se calme, et les larmes s'éteignent.
Elle le laisse tomber en arrière, posant délicatement sa tête sur l'oreiller, retirant son caleçon mouillé et décrochant silencieusement les parures du matelas et de la couverture, glissant le coton sous le corps svelte de son enfant, avant de rabattre la couette jusqu'à la base de son cou.
Elle l'admire encore un peu, le couvrant d'un regard maternel, celui d'une mère qui malgré sa maladresse, s'inquiète énormément pour son bambin. Parce que malgré la maturité qui imprègne doucement les traits de JeNo, il restera toujours le bébé de sa mère, celui qu'elle a nourri de son sein, instruit de contes pour enfant, élevé seule malgré sa maladie.
Et le voir ainsi, détruit, pris d'une peine immense, le conduisant dans une terreur inexplicable, ça la rend un peu plus malade, un peu plus fragile, un peu plus coupable.
Elle pense que toute cette angoisse dans les yeux de son fils est de sa faute, qu'elle ne s'occupe pas assez de lui, qu'elle ne prend pas le temps de le comprendre.
Elle se sent égoïste, méprisable, mais surtout impuissante.

where is my mind ? ||| ʟ.ᴊᴇɴᴏ⁺ɴ.ᴊᴀᴇᴍɪɴOù les histoires vivent. Découvrez maintenant