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Oublier.
Pour un instant.
Oublier.
Le poids qui pesait sur leurs épaules.
Oublier.
Que leurs destins n'étaient pas leurs.

Ils ne recherchaient que leur propre ivresse. L'un dans les bras de l'autre. Leurs lèvres scellées d'un plaisir égoïste.
« Je t'aime » soufflait-il.
« Moi aussi » lui murmurait-elle.
Lorsque tout n'était que mensonge et amour artifice.

Ils avaient échangé leur premier baiser peu après le couronnement. Leurs lèvres ne s'étaient d'abord qu'effleurées, par pudeur.
« Excuse-moi »,  avait-il soufflé.
Elle avait secoué la tête, « Non. Merci. Merci de m'aimer ».
Alors, lèvres contres lèvres, ils cédèrent ce soir là à leur égoïsme. Doucement. D'une tendresse infinie. D'une tendresse interdite. Celle qui avait le don d'oubli. 

Cette douceur, qu'ils n'avaient que trop peu connue, ils la découvrirent ensemble, leur souffles confondus, leurs corps enlacés, leurs sanglots parcourus de colère et de culpabilité résonnant égoïstement entre leurs noms murmurés.

Un besoin.
Que celui d'être aimé. Que de se sentir écouté. Que d'être compris.

Mains contre mains, lèvres contre lèvres, soufflant haletant, gémissant, croyant oublier, ils s'unirent pour la première fois après la découverte de la mer. La liberté dont ils rêvaient était devenue chimère. Leur destin se teintait de pourpre. Ils s'abandonnèrent, se laissèrent envahir de cette si rare béatitude. Plus rien ne comptait que l'amour qu'ils voulaient bien croire, écran fumée de leur vice.

Personne ne sut. Leur secret, leurs baisers, leurs touchers. Personne ne sut leur besoin de reconnaissance. Et ce mensonge dont ils s'étaient persuadés par égoïsme. Personne ne sut la détresse qu'ils tentaient d'oublier. Et le jour où il partit, elle seule comprit par cet éclat de haine qui brillait dans ses pupilles.

Adieu. 

• Mentir pour Oublier •Où les histoires vivent. Découvrez maintenant