Jene comprenais pas pourquoi elle nous disait ça, plus tard, jecomprendrais. Tout le monde comprendrait.

Lesannées passèrent, puis en 1939 Papa et Maman nous apprirent que lafamille allait de nouveau s'aggrandir, un petit garçon allaitpointer le bout de son nez le 30 avril 1939.

Monpetit frère s'appelait Nino.

Aaronavait 13 ans et moi 10.

Lebonheur entra de nouveau dans notre maison, Nino nous innondait debonheur, il riait, souriait sans arrêt. J'adorais m'en occuper,aider maman.


Notrebonheur fut de courte durée car le 3 septembre 1939, la Francedéclara la guerre à l'Allemagne. Maman se remit à pleurer, papa àse renfermer sur lui et nous, nous étions au milieu sans savoir quoifaire.

AvecAaron, nous avions comprit que les temps étaient durs, que c'étaitgrave ce qui était en train de se passer mais nous n'imaginions pasà quel point ça allait être dur. Et puis, il y avait notre petitfrère, lui il était innocent, pure et ça me fendait le coeur de medire que peut-être sa vie allait devenir un enfer, il ne savait pasce qui l'attendait.

Toutle monde était à fleur de peau, les rires ne résonnaient plustellement dans la maison. Papa travaillait deux fois plus, ilsdisaient que c'était pour nous, pour notre avenir car il avait lesentiment que les choses allaient devenir de plus en plus difficilepour nous. On ne le voyait presque plus. Maman faisait tout cequ'elle pouvait pour palier à l'abence de notre père mais, mêmeavec toute la bonne volonté du monde, c'était une tâche tropdifficile pour une femme.

Elledevait élever ses trois enfants presque seules pendant que paparamenait à manger à la maison. On ne manquait de rien, on mangeaità notre faim et papa nous avait dégoter des manteaux et deschaussures pour cet hiver. On allait avoir bien chaud.


Pourl'école, j'étudiais beaucoup, j'étais une très bonne élève.Papa disait à tout le monde que je deviendrais un grand médecin.Pour Aaron c'était un peu plus compiqué, il n'aimait pas l'école,il n'aimait pas faire ses devoirs et il ne se tenait pas bien enclasse. Moi j'avais toujours les bons points mais lui il n'en ajamais ramené à la maison, il collectionnait plutôt les punitions.

Aaronétait un garçon avec beaucoup de caractère, qui était encontradiction avec tout le monde, il se rebellait, se prenait la têteavec son professeur, maman, papa et même moi. Il se calmaitseulement lorsqu'il avait Nino dans les bras.

Mamandisait qu'il faisait sa crise d'adolescence, il avait treize ans.


Noëlarriva très rapidement, on s'était habitué à voir des Allemandspartout. Nos parents nous répètaient de ne rien faire qui pourraitattirer leur attention sur nous. Il fallait que l'on se fasseoublier. Mais c'était pas une mince affaire car étant donné quej'étais blonde, aux yeux bleus, les "Boches", comme lesappelaient mon frère, voulaient sans arrêts prendre une photo avecmoi. Ils ne savaient pas encore que j'étais juive.

PourNoël, maman voulait faire venir ses parents et les parents de papapour passer les fêtes en famille et parce qu'ils n'avaient jamaisrencontré leur petit-fils fraîchement arrivé. Moi, j'avais dû lesvoirs deux fois en dix ans.

Paparefusa de les faires venir, je me rapele ce qu'il disait à maman :


Esther, ma chérie tu es inconsciente ! Les Allemands sont partout et tu veux faire venir nos parents, tous juifs ?! Ils sont plus en sécurité en Pologne.

Une Histoire pendant la guerreWhere stories live. Discover now