Mardi 20 mars

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Ma chère Emmanuelle,

Comment te demander si tout va bien quand tout va mal? Ma tante ne cesse pas et redouble ses attaques. Maman essaie de tenir mais nous voyons bien qu'elle fatigue. Sa peau angélique commence à faire preuve des ravages du temps. Sa belle chevelure brune a accepté la neige poudreuse. Ses mains de mère tremblent aux touchés des fardons. Ses yeux chocolats se laissent dissoudre dans les larmes de l'océan.

Je te parle de mes problèmes ou plutôt de nos problème mais et toi? Je suppose que là où tu es l'enfer de ce bas monde ne t'atteint pas. Que tu dois être bien, assis sur les lits poudreux, entourée de nos amis, et familles. Tu es là, sur ta tour, surplombant notre espace. Tu nous vois, nos rires, nos joies, nos réunions dans les cris de bonheur. Mais malheureusement ton oeil ne se fait pas aveugle devant notre guerre. Tu vois nos cris, nos pleures, notre détresse et notre tristesse et tu te retrouves là presque impuissante. « Presque impuissante », Non pas vraiment à vrai dire. Tu nous retiens. Un gouffre tend ses mains vers nous en me demandant de le rejoindre mais tu es là, derrière moi et tu me retiens. Tu nous rassembles, les mains les unes dans les autres nous avançons, certains se délient et la falaise se dévoile sous nos pas. Mais un signe de voix, une pensée pour implorer votre appel et nous voilà à l'abris.

Malheureusement des mains autrefois siamoises se délient et depuis l'arc-en-ciel se fane et l'ombre les chassent jusqu'au bord de la falaise.

On dit souvent que la peur rapproche les gens, mais cette peur qui hante nos esprits nous reconstruira-t-elle un jour?

Mon espoir reste le même mais mes pressentiments défaillent. 

...Celles que j'étais, celle que je suis et celle que je serais...Where stories live. Discover now