Louis Carre

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Voici une nouvelle écrite pour un concours cette année (2018), concours que je n'ai pas gagné, décidément ! Il s'agit du Concours International (donc il y a du niveau) du Jeune Ecrivain en Langue Française. Et je compte bien prendre ma revanche cette année. :D

Ce qui est sympa en plus avec ce concours, c'est que normalement, les jurés devraient m'envoyer entre juillet et décembre un retour. Pourquoi ils n'ont pas aimé, qu'est-ce qu'il faut que je travaille etc. C'est un super moyen de progresser, je trouve. Si j'ai le droit de rendre cette fiche publique, voulez-vous que je l'ajoute ici ? Dites le moi dans les commentaires.

Cette association (car il s'agit d'une association) organise aussi des sessions d'écriture durant les vacances d'été, si ça en intéresse certains d'entre vous. Mais maintenant, je vous laisse avec le texte.

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Continuer à avancer. Toujours avancer. Pourquoi, comment ? Peu importe. Il le faut, parce que c'est ainsi, parce que cela l'a toujours été. Et que cela le sera toujours... N'est-ce pas ?

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Il avait grandi avec cette ambition. Il voulait écrire. Il voulait vivre de ce qu'il écrivait. Il voulait être écrivain. Il nourrissait cette ambition depuis tout petit et n'en démordait pas. Il avait toujours ressenti ce besoin d'écrire dès qu'on le lui avait appris. C'était son père qui s'en était chargé. Son père lui avait d'abord appris les lettres, sur un petit abécédaire plein de dessins rigolos, et il avait retenu celles qui formaient son prénom et son nom quand on les mettait dans un certain ordre : Louis Carre. Et puis, Louis avait consciencieusement tracé des mots d'une main appliquée comme ''fleur'', ''enfant'' et ''soleil'' sur ses cahiers. Au début, ses mots étaient maladroits, pas bien écrits ni même pas bien prononcés. Mais Louis avait été un bon élève, et guidé par son père, il avait finalement appris à écrire.

Dès lors, il ne lâcha plus son stylo. Il écrivait des histoires qui sortaient de son imagination délirante d'enfant, truffées de petits bonhommes d'argent et d'animaux parlants, de petites fées et de monstres à tuer. Dans ses rêveries, lorsqu'il s'imaginait ses prochains romans, il se voyait en train de palper de sa main ses propres livres, ces pages remplies de mots qui étaient les siens. Et il avait hâte que ce jour-là vienne.

Maintenant qu'il savait lire et écrire, il dévorait les romans et il noircissait les pages. Lire les livres des autres le faisait rêver et il rêvait d'écrire ses propres livres. Sa première histoire, il l'avait écrite à l'âge de sept ans : elle ne comportait qu'une dizaine de pages, qui étaient d'ailleurs de simples feuilles A4 de papier blanc qu'il avait remplies de son écriture et de dessins afin de raconter l'histoire d'un petit cerf se perdant dans la forêt, devant affronter mille-et-un dangers avant de pouvoir retrouver, fatigué mais soulagé, ses deux parents cervidés. Celle-ci écrite, il en avait imaginé d'autres, traçant toujours à la main des mots maladroits et enfantins, pas toujours bien orthographiés. Il lisait ses histoires à ses parents, qui, dans un sourire de plus en plus crispé, de ceux dont les caprices de leur fils faisaient de moins en moins rire, l'encourageaient mollement. Ils commençaient sans doute à se demander quand le petit Louis déciderait de se tourner vers une voie professionnelle plus sage, à mesure que les années passaient.


Petit à petit, l'enfant (qui grandissait toujours plus, comme le font tout les petits enfants) acquit du vocabulaire nouveau qu'il piochait dans les livres ou bien dans les dictées faites en classe. Avec l'expérience, il s'enhardit et cessa de ne construire que des phrases sur le simple modèle sujet/verbe/COD ; il apprit d'ailleurs de nouveaux signes de ponctuation, autres que le scolaire point d'exclamation et le point trop sérieux. Et enfin, il découvrit la poésie. Naturellement, il avait déjà appris à l'école primaire quelques fables de La Fontaine qui lui avaient plu, avec leurs petits animaux doués de pensée et de parole, mais qui l'avaient gêné par leur métrique vacillante et leur morale assommante. Il lut aussi quelques poèmes de Victor Hugo et de Prévert. Mais ce n'est qu'en rencontrant Baudelaire, Apollinaire et de jeunes poètes à peine plus âgés que lui, dans les pages d'une anthologie poétique offerte par une des ses tantes, que la force, la beauté et la grâce de la poésie lui brûlèrent les doigts. L'anthologie en question était reliée par une fine couverture souple, dont les couleurs pâles et discrètes, un blanc cassé éclairé par quelques petites touches de jaune pâle et orangé, n'attiraient l'œil que par leur simplicité évidente, dégageant ainsi pour le jeune garçon une part de mystère quant au contenu, mystère insondable qu'il avait retrouvé dans certains poèmes, comme ceux des dadaïstes, qui l'avaient d'ailleurs laissés perplexe.

Exercice de styleWhere stories live. Discover now