Chapitre IV.

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        Un soulagement sans nom envahit le corps d'Harry lorsqu'il aperçoit Louis sur l'estrade en train de chanter tout en grattant les cordes de sa guitare.

Louis est saint et sauf, Louis resplendit et est plus beau que jamais. Le haut de sa tunique lui tombe sur les épaules, ses yeux traduisent toutes les émotions du monde et pourtant Harry a l'impression de ne jamais parvenir à les déchiffrer.

La gorge serrée, Harry termine sa pinte de bière tandis que Louis finit sa chanson. Il reçoit plusieurs applaudissements et les accueille avec un grand sourire, fier. Quand il descend de l'estrade, il salut quelques connaissances et laisse plusieurs hommes ou femmes toucher ses hanches, ses épaules, ses joues, ses mains. A cette vue, Harry ne peut retenir le pincement de jalousie qui émerge dans sa poitrine.

Puis Louis l'aperçoit, son sourire s'agrandit et il s'approche du bar. Le serveur lui prépare une bière et il s'assoit sur un tabouret en soupirant. Il commence à raconter sa journée, dit qu'il a enchaîné trois petits concerts dont deux dans cette taverne. Gillian l'a fait beaucoup répéter pour que tout soit parfait, notamment ses nouveaux titres qui ont l'air de plaire au public.

– Et toi, comment ça a été ta journée ?

– Luciano est mort.

Sa voix est neutre, presque froide, mais à l'intérieur tout se brise, se fissure encore. Louis repose son verre de bière et ressuie ses lèvres du dos de sa main, son visage reflète de l'étonnement. L'air devient soudainement plus lourd.

– Mince... Comment est-ce arrivé ?

– Un meurtre. On lui a tranché la gorge, Delio l'a retrouvé ce matin, chez lui.

– Je suis vraiment désolé, Harry...

Harry exprime un simple hochement de tête en ravalant sa salive et il baisse les yeux vers sa pinte vide que le serveur ne tarde pas à débarrasser. Étrangement, la présence de Louis le rassure quelque peu, il se sent non seulement soulagé de le voir vivant, mais également en sécurité. D'ailleurs, le chanteur pose sa main chaude sur sa cuisse, entre les plis de sa toge et cherche son regard.

– Comment te sens-tu ?

Depuis ce matin, depuis l'annonce de la mort de son plus proche ami, Harry a le sentiment de vivre comme un fantôme.

Bien évidemment, il y a eu les larmes, la tristesse, la colère, puis le vide. Le vide que laisse la disparition de Luciano. Un grand ami, un grand artiste. Il hausse les épaules, perdu, démuni, troublé. Pas seulement par le regard que Louis pose sur lui mais aussi les tas de questions et de sentiments qui déferlent en lui.

– Triste, j'ai mal et j'ai peur aussi...

– Peur ?

– Qu'on s'en prenne à d'autres de mes amis, mes collègues ou moi.

– Pourquoi quelqu'un s'en prendrait-il à toi ?

– Je ne sais pas, pourquoi quelqu'un s'en prendrait-il à Luciano ? C'était un homme respectable et travailleur, il n'a jamais commis aucune faute, aucun délit.

– Sait-on l'identité de celui qui a fait cela ?

– Non... Non, à mon avis l'empereur va lancer une sorte d'enquête et les gardes vont patrouiller peut-être. Quelques jours, pour rassurer les habitants. Mais d'abord, il y aura l'enterrement...

Les doigts de Louis quittent sa cuisse et viennent chercher ceux de Harry, occupés à se torturer entre eux ou à gratter le pauvre bois du bar. Louis ne dit rien, ne répond pas, mais parfois les mots ne sont pas nécessaires. Et à l'instant, seuls les gestes comptent.

Demain, à l'aube || Larry.Where stories live. Discover now