Chapitre XVIII.

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        Déterminé à lui montrer qu'il peut être digne de confiance, Louis a emmené Harry jusqu'aux prisons de la ville, laissant son panier et les affaires repliés dedans chez lui juste avant. Elles sont surveillés constamment par des gardes et dirigés par l'empereur qui garde un œil attentifs sur ses prisonniers. Le bâtiment est assez vaste, sale, humide et en ruine. Mais extrêmement bien protégé.

A l'entrée, Louis se présente au garde poste et l'homme en uniforme lui explique les fonctionnements et les heures de visite. Ils sont conduits par un garde, armé, droit, à l'allure sévère tandis qu'ils descendent jusqu'aux cachots pour les nouveaux arrivés.

Harry évite de regarder autour de lui, les cellules plus ou moins grandes, les têtes curieuses, tristes et squelettiques qui se les observent entre les barreaux. Certaines sont directement fermés par des portes, impossible de voir à travers. Harry se sent à la fois gêné et intrigué, Louis n'est pas du tout à l'aise de se trouver ici, parce qu'il pourrait très bien être à lui aussi enfermé, en tant que complique indirect.

Ils descendent quelques escaliers, les murs deviennent plus humides, sales. Une odeur nauséabonde envahie leurs narines, Harry se bouche le nez et Louis se contente de toussoter un peu. Ils comprennent alors, en arrivant dans une sorte de sous-terrain, que c'est l'odeur des excréments mélangés à l'odeur des corps laissés à la saleté et la pourriture.

Puis le garde s'arrête devant une cellule, extrêmement petite, aux conditions insalubres. Humide, le parfum ambiant est atroce. On peut voir un lit en fer, un matelas troué et aussi fin qu'une couverture, juste à côté un toilette où même un homme désespéré n'irait pas faire ses besoins. Harry est certain d'entendre des souris ou des rats. L'endroit est bien surveillé.

Harry s'avance d'un pas et reconnaît, dans la pénombre, à la lueur des quelques bougies et chandeliers accrochés un peu partout autour d'eux, le visage fatigué de Gillian. Assit sur le rebord du lit, l'attention rivée sur le sol poussiéreux. Ses traits sont tirés, durs, épuisés, mais Harry ne ressent aucune forme de pitié pour cette homme.

Lorsque Gillian remarque du mouvement, il tourne la tête et ses yeux se mettent à briller. De colère, de jalousie et de dégoût. Envers les deux hommes qui l'ont amené à sa perte, derrière ces barreaux contre lesquels il s'avance et s'appuie. Difficilement, mais son regard traduit une cruauté sans égard, malgré sa position et son état déplorable.

– Tiens tiens, voilà le traite et son chien d'artiste.

Harry lui lance un regard tout aussi chargé de colère, Louis serre les poings et se retient de laisser l'un d'eux rencontrer violemment la joue de son ancien patron. Mais ce ne serait pas un comportement à adopter ici, devant des gardes et au sein d'une prison.

– Le qualifier de traite est un peu trop déplacé, venant de votre part.

Un sourire mauvais se dessine sur les lèvres de l'homme aux paroles du jeune peintre. Il n'est pas honteux de ses actes et n'essaie pas de s'en cacher non plus. Il sait, de toute façon, que sa sentence sera irrévocable, il est condamné à la mort ou le reste de sa vie en prison. Dans les deux cas, il ne pourra rien lui arriver de pire. Gillian lui lance un regard de travers et repose ses yeux sur Louis, avant de lui cracher au visage :

– Et toi, tu es bien content de m'avoir trahi hein ? Depuis le début, je le savais... Je n'aurais jamais dû te prendre en pitié, j'aurais dû te laisser pourrir dans la rue et tu serais mort comme le sale rat que tu es ! Tu m'as toujours désobéis, tu n'as jamais voulu te plier à mes ordres... Mais là, c'était pire encore. Depuis que ce... Ce bon à rien est entré dans ta vie, il a suffit que tu couches une fois avec lui pour que je te perdes totalement... Après, je me suis dit que ça allait peut-être tourner à mon avantage finalement... J'avais un plan extraordinaire, j'allais le détruire petit à petit son monde. J'allais lui retirer ses amis, l'art puis son amour... Je n'allais pas forcément te tuer Louis, lui peut-être si, sûrement même, mais j'avais comme intention de t'éloigner de lui au moment où il aurait le plus besoin de toi. J'allais te renvoyer de là où on venait et ainsi... Il n'aurait été qu'un vulnérable petit insecte que j'aurais simplement eu à écraser pour arriver à mes fins...

Demain, à l'aube || Larry.Where stories live. Discover now