Chapitre III.

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            Le lendemain, à l'aube, Harry se réveille. Le corps nu, étendu entre les draps qui couvrent à peine ses jambes. Les souvenirs de la nuit dernière, les effluves de leurs corps unis dans la sueur et le plaisir lui font encore chavirer la tête. Il ouvre difficilement les paupières, la pièce est éclairée par un faible rayon de soleil, à peine levé. Au loin, il sent l'odeur du foin et de fruits. Après avoir laissé échapper un soupir, il se redresse et remarque qu'il est seul dans le petit lit défait.

Le siège où Louis a posé hier soir est à la même place, mais les bougies et le chandelier ont disparu. Sa tunique est, quant à elle, posé sur l'accoudoir du siège. Harry se met debout, enfile son tissu négligemment et se rend au salon. Son regard est tout de suite attiré par le portrait de Louis, accroché au mur à l'aide de petites punaises. La pièce est vide, elle aussi, il ne pense pas tout de suite à chercher le propriétaire de la maison et laisse son regard se promener sur les traits de son dessin. Assez réussi d'ailleurs. Malgré la gêne du début et le désir grandissant dans son corps. A vrai dire, il est même encore meilleur que certains de ses autres portraits.

– Tu m'as énormément mis en valeur.

Harry sursaute légèrement et se retourne, il n'a pas entendu Louis arriver. Il revient de la porte arrière de la petite cuisine, deux bouteilles de lait à la main et un sourire sur les lèvres. Ce n'est plus sa tunique d'hier qui recouvre son corps, à la place il porte une toge bleue. Le bleu de ses yeux. Accrochée par un fin jeu de cordes à la taille, une épaule laissée à la nue, et laisse voir ses jambes jusqu'au haut de ses cuisses.

A cette vue, Harry a du mal à ravaler sa salive ou trouver les mots. Ses émeraudes brillent de mille feux et son estomac se noue de désir, encore. Louis est irrésistible, comme un fruit qu'on a sans arrêt envie de goûter. Il pose les bouteilles sur la table et tend une pomme à Harry ainsi qu'un bout de pain un peu mou.

– Mange un petit peu, tu veux un verre de lait ?

Docile, Harry hoche la tête et se mord la lèvre en prenant place à table. Louis dépose devant lui un verre de lait et, le ventre creux par cette longue nuit presque blanche, Harry mange à sa faim. À ses côtés, Louis déguste des morceaux de raisin, silencieux. Mais ses yeux pétillent de malice, il ne semble pas le moins du monde fatigué. Harry repense aux dernières heures qu'ils viennent de vivre ensemble et ses joues rosissent. Il ne sait pas s'il reverra Louis de sitôt, s'il aura l'occasion de discuter avec lui, peut-être même encore toucher son corps aux courbes félines, cependant il sait qu'il a passé une des meilleures nuits de son existence.

Mais il sait aussi qu'il n'est sûrement pas la première personne que Louis touche ainsi, que bien des hommes ou des femmes ont dû passer avant lui et connaître Louis ou Louise, selon leurs envies. Alors, Harry ravale l'étrange sentiment de jalousie qui lui serre la gorge et termine de déguster les quelques mets que lui a gentiment offert son hôte.

Louis débarrasse la table et lui indique qu'il peut aller se rafraîchir dans la salle d'eau, juste à côté de la chambre. Harry le remercie et n'hésite pas une seconde. La pièce est assez petite, occupée par une grande cuve en métal pour s'y laver. Il laisse y couler un peu d'eau et se regarde dans un bout de miroir accroché au mur, son regard tombe sur la marque violacée au niveau de sa clavicule et il se mord la lèvre. Louis n'y est vraiment pas allé de mains mortes cette nuit, jusqu'à lui laisser une belle marque de son passage. Un souvenir de cette union de leurs corps. Harry ne le cachera pas.

D'ailleurs, il ne s'en préoccupe pas plus que cela, il retire son unique vêtement et se plonge dans la cuve d'eau tiède. Par cette chaleur, il ne peut pousser qu'un soupir d'aise lorsque sa peau brûlante retrouve la fraîcheur de l'eau. Il se lave, se débarbouille grâce à ses mains et au savon à la lavande que Louis laisse sur le rebord. Toutefois, Harry ressent un léger pincement au coeur de devoir effacer cette longue nuit suave et mouvementée de son corps. Pourtant, il jure encore pouvoir sentir les mains et la bouche agiles de Louis le toucher partout, ses hanches, ses cuisses, ses cheveux, ses fesses.

Demain, à l'aube || Larry.Where stories live. Discover now