Chapitre 3 : La créature

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Je me réveille au beau milieu de la nuit, couverte de sueur, je pense que j'ai dut faire un cauchemar mais je n'en garde aucun souvenir. J'ai une drôle d'intuition, je me saisis de mon téléphone portable mais je remarque bien vite que la batterie est morte. Je me munis alors de la lampe torche que mon père à placé dans ma tente, mon corps est secoué de frissons, mais ceux-ci ne sont pas dus au froid, je les doit à la frayeur qui s'empare de tout mon être, je n'ai jamais eu peur de dormir seule ici mais ce soir c'est particulier, je me sent terriblement mal à l'aise.
Ce malaise est amplifié alors que des bruits étranges se font entendre près de moi, j'entends des craquements sinistres à côté de ma tente , on pourrait croire qu'il s'agit du grincement des branches mais au fond de moi je sais qu'il ne s'agit pas de cela.
Je suis morte de trouille, ce qui me pousse  à aller rejoindre Claire dans sa tente, comme lorsque nous étions petites.
J'ouvre la fermeture éclair et passe ma tête au dehors, je suis à nouveau secouée par un long frisson mais je ne vois rien qui a l'air inhabituel.
Munie de ma lampe je parcours les quelques mètres qui me séparent de ma jumelle.
A peine aie-je fait quelques pas dehors que quelque chose me frappe, l'ambiance est très étrange, il n'y a plus aucun bruit, c'est bien trop silencieux à mon goût, d'habitude on entend les glapissements des renards, les grincements des arbres et le vent qui s'engouffre dans leur feuillage.
On pourrait croire que le temps à arrêté de s'écouler, comme si quelqu'un avait fait pause, c'est troublant.
Je lève ma lampe en direction de la tente de Claire et la vision qui s'offre à moi me glace le sang. Une immense masse sombre se tient à quelques pas de moi, cependant avec l'obscurité et la faible lumière qui émane de ma lampe j'ai du mal à distinguer cette forme étrange, c'est lorsque je décide d'orienter le faisceau lumineux plus haut que j'apercoit  la masse bouger étrangement, comme s'il s'agissait d'un tas de muscles imposant ondulant dans de larges mouvements hypnotiques.
Je voudrais tellement fuir, avertir ma sœur, mais j'en suis incapable, la terreur paralyse mon corps, je n'arrive plus à bouger ni même à détacher mes yeux de cette chose immense.
Soudain, la forme pivote et je me retrouve face à une paire de gros yeux rouges, je dois cligner plusieurs fois des miens pour m'assurer de la véracité de ce que je vois, la créature doit mesurer dans les deux mètres, elle est si imposante que je suis sure qu'il ne peut s'agir d'un humain, cependant, elle a une forme humaine et se tient debout, elle est recouverte d'une épaisse fourrure noire comme les ténèbres, je vois des dents affreusement longues et aiguisées sortir de sa gueule de loup, elle semble tout droit sortie d'un film d'horreur.
Je m'aperçoit avec effroi que la créature me fixe intensément de ses yeux rubis lorsqu'un léger mouvement attire mon attention, elle passe sa langue tout autour de sa gueule et un nouveau choc me secoue, un liquide épais et sombre semble couler de ses dents acérées, je prie pour que ça ne soit pas ce que je crois mais intérieurement je n'ai pas un seul doute quant à l'identité de sa victime.
Un long gémissement se fait entendre, m'arrachant à ma stupeur, je regarde au sol et je vois un corps ensanglanté et recroquevillé aux pieds de la bête.  Mon hurlement de terreur à peine sorti de ma bouche, la créature se jette sur moi et m'attrape avec ses ... mains ? Pattes ? Je ne sais pas en tout cas c'est doté de longues griffes acérées.

Je sens mes pieds décoller du sol, comme si mon corps flottait dans les airs, si je ne sentais pas ces horribles griffes s'ancrer dans ma peau je pourrais croire que je vole mais ce n'est pas le cas,je ne suis pas subitement devenue une petite fée comme je rêvais de l'être étant enfant, je suis juste en train de me faire labourer la peau par une créature affreuse qui meurt surement d'envie de me dévorer comme elle l'a fait avec ma sœur. Avant d'être trop loin j'ai le temps d'apercevoir du coin de l'œil, des ombres qui quittent la caravane, cette fois c'est finit j'en suis certaine, c'est la dernière fois que je vois mes parents, je vais surement mourir ce soir, dévorée par la créature. La souffrance me brouille la vue, je tente d'attraper ma lampe dans le vain espoir de réussir à blesser, ne serais ce que légèrement le monstre, afin qu'il me lâche et que je puisse m'enfuir mais c'est peine perdue, je ne la sent pas sur moi, elle a du m'échapper quand la bête m'a enlevée. Malgré la peur et la douleur, la chaleur que je ressens contre la douce fourrure de la bête me fait tomber dans un sommeil profond.


Lorsque je me réveille, je suis attachée à un mur avec de lourdes chaînes dans ce qui semble être une vieille cabane abandonnée. Je vois que le bois a l'air vieux et limite en train de pourrir, sauf sur le mur où je suis enchaînée, non, celui-là est en béton, tout comme le sol sur lequel je suis , ce qui le rend particulièrement froid.

Plus j'émerge de mon sommeil et plus les souvenirs refont surface, je me souviens de la bête, ses griffes, ses dents, le sang, le corps au sol, ho non ... Claire. J'essuie mes larmes d'un revers de la main, il ne faut pas que je me laisse abattre, je dois garder espoir, pour Claire, pour mes parents, pour Ethan. Je ne veux pas qu'ils souffrent de ma disparition voire de ma mort. 

Avant de disparaître dans l'immense forêt, j'ai eu le temps de voir mes parents sortir de leur caravane, à l'heure qu'il est, des gardes forestiers, la gendarmerie, les pompiers et les habitants doivent être à ma recherche et ma jumelle doit être à l'hôpital en train de se faire soigner, enfin je l'espère.

En attendant il faut que je pense à ma survie , je meurt de faim et de soif et je ne vois pas d'eau à proximité, ma peau est gelée, je suis assise à même le sol et dans cette région bien qu'il fasse assez chaud la journée,  les nuits sont très froides. 
Enfin on va voir en fonction des priorités, il faut déjà que je m'échappe de là... ces chaînes sont si lourdes que j'ai du mal à les soulever, même si j'avais un scie je n'arriverais pas à m'en défaire.
La panique me gagne et je sombre à nouveau dans les ténèbres.


El hombre loboOù les histoires vivent. Découvrez maintenant