Journée de caisse mais pas de la délicatesse

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D'ailleurs, aujourd'hui, Anaïs se demandait s'il y avait bien un truc fait pour elle. Car même son boulot lui semblait fade en ce moment. Il n'était pas rare qu'elle compte le nombre d'heures qu'il lui restait à passer derrière sa caisse. Mais là, elle l'avait fait avec tellement de désespoir qu'elle s'était fait peur.

— Bonjour monsieur.

Pas de réponse. La jeune femme se contenta de ravaler sa salive et d'étouffer la réflexion qui montait dans sa gorge. Est-ce qu'un bonjour pour la petite caissière du supermarché allait le tuer ? Probablement pas, mais l'homme en face d'elle ne devait sûrement pas la considérer comme un être intéressant. Voilà pourquoi il ne daignait même pas la saluer.

Après tout, on parlait d'égalité mais comment cela aurait-il pu arriver alors que les gens continuaient à catégoriser et cracher sur les autres ? Le monde n'était pas prêt de comprendre et encore moins d'accepter la différence, donc comment aurait-il pu arrêter de haïr ceux qu'ils jugeaient bêtement inférieurs à eux ?

En ce moment, un morceau du King de la pop tournait en boucle dans la tête de l'étudiante. Il s'agissait de Black or white : Human relations (Les relations humaines), It's a turf war (C'est une guerre de territoire), On a global scale (Sur une échelle globale). Michael Jackson l'avait si bien dit...

Anaïs passa les courses de monsieur sans broncher. Arrivée aux lames de rasoir dans leur boite antivol, elle dut se tourner pour défaire celle-ci avant de pouvoir biper le gencode de l'article. Mais c'était déjà trop tard, le syndrome de l'aimant à ennuis était à nouveau sorti puisque l'article ne voulait pas s'ouvrir malgré les manœuvres de l'étudiante.

Dans un soupir, Anaïs recommença l'opération. Poser le bout de la boite sur la machine, appuyer sur le bouton pour débloquer cette dernière puis soulever le devant à l'aide de l'embout. Cela ne paraissait pas compliqué, sauf quand justement le plastique résistait. Là, il fallait soit forcer en appuyant comme un malade soit persévérer durant une éternité jusqu'à ce que ça cède.

— Eh ben ! On vous met en caisse alors que vous ne savez même pas ouvrir un bout de plastique ? Les supermarchés ne sont plus ce qu'ils étaient de nos jours ! râla le bonhomme tandis qu'Anaïs renouvelait, sans piper mot, l'opération.

Bien sûr, dire bonjour lui aurait demandé trop d'efforts, mais faire une phrase complète pour critiquer la petite hôtesse de caisse par contre, ça, ça ne le dérangeait pas du tout.

Ce fut après un énième coup que la boite s'ouvrit enfin. Seulement Anaïs n'eut pas le temps de souffler car son client lui fit comprendre qu'il était pressé et la considérait désormais comme la femme la plus bête au monde.

Les paroles d'Alexia, une de ses collègues, lui revinrent en tête : « Être courtois, ne pas rentrer dans le jeu du client, être plus intelligent ». Celle-ci avait soufflé ces quelques mots cinq mois auparavant, lorsqu'elle avait eu le droit à une remontrance de la part d'une cliente insatisfaite et colérique qui avait eu besoin de passer ses nerfs sur elle. Cette fois-ci, Anaïs s'était dit que sa collègue était vraiment forte mentalement car malgré les réflexions odieuses de la femme, Alexia n'avait pas perdu le contrôle et s'était contentée de dire que si madame n'aimait pas l'enseigne, elle n'avait qu'à ne plus venir mais qu'à l'heure actuelle, elle avait une somme à payer.

— Avez-vous la carte du magasin ? demanda l'étudiante après avoir appuyé sur la case total de sa caisse.

— Sûrement pas, payer trois fois le prix de n'importe tout ailleurs ne m'intéresse pas ! grogna l'ours mal léché.

Alors pourquoi t'es là du con ? ne put s'empêcher de songer Anaïs en entendant l'homme cracher la suite de son venin.

— Quarante-six euros et vingt-trois centimes s'il vous plaît. Paiement par...

Le syndrome des Dumas 1 - Anaïs et l'aimant à ennuis (Terminée)Waar verhalen tot leven komen. Ontdek het nu