Toi et Moi

CHAPITRE UN

Loin de moi l'idée de vouloir paraître dramatique, mais en voyant cette photo d'elle, j'ai réalisé à quel point sa présence me manquait. Sa présence me manque, éperdument. Un an s'est écoulé depuis son départ pour le Canada. Un an d'ennui, un an de mal-être, un an de néant. Plus j'y pense, plus je regrette. Je regrette d'avoir été trop réservé, de ne pas avoir franchi le pas. Notre dernière étreinte avait été douloureuse et chaleureuse en même temps. L'avoir près de moi avait été une révélation. C'est seulement lorsque je l'ai vu pénétrer dans cette voiture que j'ai compris. Hinata Hyûga s'était emparé de mon coeur, à tout jamais. Notre jeune âge ne nous permet pas, selon les adultes, de porter de tels propos. Et pourtant, je le sais, j'en suis certain. Je le sens. C'est Hinata, point.

- Le coach nous attend blondinet, s'exclame Sasuke un ballon en main.

- Ouais, j'arrive.

J'arrive enfin à détourner les yeux de mon téléphone. Lui parler me démange, mais que dire ? Lui expliquer que lui parler par messages est une torture à mes yeux ? Quelques messages ont été échangé dans les débuts de son envol, cinq tout au plus. Envoyer un message après de nombreux mois d'absence me paraît osé. Je soupire en pensant à ma bêtise et tourne la tête vers mes coéquipiers. Tous s'impatientent et me font signe de venir. Il faut que je me vide la tête.

ELLIPSE DE TROIS ANS

Le réveil sonne, je sors difficilement de mon lit, attrape des vêtements propres et me dirige vers la salle de bain. Une bonne douche risque de me réveiller entièrement. En sortant de celle-ci, je passe rapidement mes mains dans mes cheveux et m'habille en pressant le pas. Le lycée risque de me renvoyer si une fois de plus j'arrive avec du retard. Mes parents me tueraient très certainement et je pourrais dire adieu à ma bourse pour l'an prochain. Il faut que je me grouille.

Sasuke et les autres sont devant la salle et discutent avec enthousiasme. Écouteurs correctement installés dans les oreilles et mains enfoncées dans les poches, je les rejoins d'un pas considéré comme nonchalant. Comment font-ils pour toujours être autant énergiques dès le matin ?

- Salut le paresseux, me balance Shikamaru.

- C'est l'hôpital qui se fiche de la charité là Shika, ajoute Sasuke en riant.

- Salut les morveux, dis-je en entrant dans la salle.

L'heure de mathématiques passe tranquillement. Rien de bien neuf, si ce n'est les yeux de biches de Sakura constamment tournés vers moi, et les cris de Temari, encore et toujours envers Shikamaru. Sasuke se contente de suivre le cours sans broncher. J'ai toujours été étonné du sérieux de mon ami. Malgré son côté mauvais garçon et coureur de jupon, Sasuke trouve toujours le moyen d'échapper aux plus grands et d'arriver à ses fins. Mes yeux se rivent soudain sur Sai. Il dessine, comme à son habitude. Sai est quelqu'un de plutôt timide et c'est très certainement ce qui attire Ino, qui le fixe depuis un bon moment maintenant. Ces deux-là n'en finiront jamais de se tourner autour. Je ris légèrement en voyant la blonde rougir et retourne à mon occupation principale : ce fichu exercice de maths.

- Bon sang j'ai cru que cette matinée allait s'éterniser, s'exclame Sakura en attrapant un plateau.

- Et moi dont, je regrette amèrement de m'être lancé dans les études, se plaint à son tour Shikamaru en toisant Temari du regard.