Transparent

43 9 14
                                    

Je n'aime pas vraiment ce sentiment de ne pas appartenir au monde.
En effet, depuis mon déménagement de New-York vers Brooklyn, je n'arrive pas à m'intégrer dans mon nouveau lycée. Les élèves m'ignorent. Ça m'agace !
Cela fait un mois que l'année scolaire a débuté et je ne me suis toujours pas fait d'amis. Personne ne m'a encore adressé la parole. Pourtant, je ne suis pas désagréable !
J'aime bien rire, faire la fête et ma passion, c'est les motos. Il y a plusieurs garçons de ma classe qui me semblent sympathiques et avec qui je pense pouvoir établir un contact mais pour se faire, il faudrait qu'ils viennent me parler car je suis trop timide pour me lancer le premier. C'est sans doute à cause de ce problème que je suis seul. Enfin bon, c'est la vie quoi !

Ce soir, en rentrant des cours, je suis surchargé de devoirs : exercices de français et d'espagnol et en plus, deux contrôles ! Un en mathématiques et l'autre en anglais.
Je prends mon goûter puis je me mets au travail.
Après deux heures de devoirs et de révisions, je décide de me détendre en allant faire un tour. Depuis un petit moment, je ne peux plus me balader en moto car elle est cassée. C'est vraiment dommage car j'adore parcourir la ville en chevauchant ma Yamaha. Je dois désormais me contenter de marcher, mais ce n'est pas forcément déplaisant.

J'aime assez mon nouveau quartier bien que je n'y connaisse pas grand monde.
Ce soir l'air est frais sur mon visage et emporte les feuilles mortes, tourbillonnant dans la rue déserte.
Marcher ainsi me fait vraiment du bien.
En rentrant, je passe devant la maison de Cécile, une fille de ma classe, et comme par hasard, elle est à sa fenêtre. Je la salue alors mais elle continue de fixer droit devant elle, comme si de rien n'était. Je me sens soudain triste, d'une tristesse à en pleurer. Pourquoi suis-je ainsi ? Pourquoi personne ne fait attention à moi ? J'en ai vraiment assez alors je décide d'une chose : même si les autres ne veulent pas de moi, je m'incrusterai ou, du moins, resterai près d'eux à écouter leurs conversations afin que j'ai le sentiment d'être moins isolé. Je trouve que c'est un gros effort de ma part.

Ce matin, en arrivant au lycée, j'aperçois ma classe ainsi que d'autres élèves regroupés dans la cour. Ils discutent bruyamment et avec agitation.

Je m'approche pour en saisir l'objet.
"Alors, c'est quand ? questionne Jerry, un type de ma classe.
— Samedi soir prochain, lui répond Clara, également dans ma classe.
— Ça va être génial ! s'exclama une fille que je ne connais pas.
— C'est à quel sujet ? essai-je de demander.
— Et puis l'endroit, c'est le garage de Théo ! Il est immense ! lançe, Clara.
Apparemment, ma question n'a pas été entendue.
Je m'abstiens donc et continue d'écouter attentivement, cherchant à comprendre de quoi il peut bien s'agir.
— Ouais, c'est clair !
— Moi, j'emmenerai mon matériel de sono !
— Et moi mes disques et mes spots de couleurs !"
À ce que je vois, il me semble que c'est d'une fête dont ils parlent avec tant d'enthousiasme.
Je m'éloigne, satisfait d'avoir deviné mais abattu par l'indifférence que je leur ai fait.

Donc, si je résume bien, c'est samedi soir, dans cinq jours, et cette fête se déroule chez Théo. Heureusement que je sais où il habite ! Je passe devant sa grande maison de brique rouge tous les matins en me rendant au lycée. Je me suis dit que je pourrai y aller moi aussi ! Après tout, si je vais là-bas, les personnes invitées seront obligées de me parler et ne pas faire comme si je n'étais pas là. Cette bonne idée me remonte le moral et me met de bonne humeur.

Que ce soit en classe ou à la récréation, tout le monde parle de cette fête ! Elle est réellement si importante ? Mais je dois bien avouer que j'ai remarqué le fait que plus d'une fille n'était pas indifférente à Théo et qu'il était connu dans tout le lycée. Ce doit donc être la principale explication à ce phénomène de surexcitation.

Je suis sur le point de quitter les grilles pour prendre le chemin du retour jusqu'à ma maison lorsque j'entends Cécile et Clara parler de moto. Elles sont assises sur un des bancs devant le lycée. Afin d'écouter pour en savoir plus, je m'accroupis et fais comme si je laçais mes chaussures.
"C'est vrai ? interroge Clara.
— Oui, Baptiste a eu une moto toute neuve pour ses seize ans et m'a proposé de m'emmener à la fête dessus ! T'imagines ? C'est super, non ?
Mais vu la tête que fait Clara, je doute qu'elle trouve ça super.
— Et bien, pour être franche avec toi, Cécile, depuis l'accident de cet été qui a tué un adolescent de seize ans, j'ai un peu la phobie des motos !
— Oui mais ce garçon roulait beaucoup trop vite, c'est de sa faute, après tout !
— Mais quand même, c'est affreux, tu te rends compte, il venait tout juste de s'installer avec ses parents !

Aujourd'hui, c'est samedi et la fête c'est ce soir. Je suis excité tellement j'ai hâte d'y être.
Pour mettre le maximun de chance de mon côté, je décide de bien m'habiller, juste à la dernière mode.
Cependant je dois hônnetement reconnaître que j'espère également impressionner une fille. Pour parfaire le tout, je veux une coiffure tendance. Je prends une noisette de gel et me place devant la glace de la salle de bains.
Mais dans l'image que me renvoie la glace, je ne vois rien.

-FIN-

Invisible ✓Onde histórias criam vida. Descubra agora