Toi

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J'entre dans une mort lente,
celle que j'ai voulu,
que j'aurais le temps de goûter.
Car je suis lent,
tellement,
que je suis encore enfant.

Je n'ai pas de talent,
tout me fut peine,
c'est en me donnant
que j'ai pu faire un peu.
De là me vient l'évidence
de l'essentiel.

Je quitterai ce monde
sans l'avoir connu.
Ne restera que l'absence
de mes mains
sur celle
qui m'aura respiré.

Que peut un idiot au monde,
autre que s'y blesser assez
pour à elle l'émousser ?
Que pouvais-je ?

Mais je fus rêvé,
je dois rêverie.
Et ne sachant,
ni comment
ni quoi,
me faut-il y aller
les yeux clos
pour ne pas reculer.

Ecrire l'espérance,
murmurer l'indicible,
demeurer dans l'instant,
nourrir ce sein,
m'effacer sur la page
en mine de plomb
dont tu feras ton or.

Toi
que je touche de mots
comme elle de mains,
que je caresse de langue
en autre pli.

Toi
que je ne connaitrai pas.
Je suis passé en ton travers
à pas maladroits.
Garde mes pointes,
pardonne mes chutes.
C'est là où
je ne comprends plus
que je te parle.

Ma vie fut d'interstices.
Au désir de lumières
j'ai opposé mon dos,
couvant sans regret
mon amour en idiot.

Car il n'y a rien au-delà
que souffrances.
Rien sans d'elle-là
qu'errance.

Mes "malgré moi" jetés au grés de vous.Where stories live. Discover now