4. Ciara - La colère, maîtresse des émotions

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Et voici le 4ème chapitre ! Ca se met doucement en place, j'espère que ça vous plaît toujours !

4. Ciara | La colère, maîtresse des émotions

- On ne s'était jamais rencontrés dans un cadre pro, jusqu'ici.

J'essaie de ne rien laisser paraître, même si je l'étranglerais bien, là maintenant. Déjà que son jeu de regards pendant le live était en trop... Il voulait me faire payer la soirée d'anniversaire, très bien. Me balancer sur la place publique, c'est autre chose. Il n'aurait pas pu se contenter de dire qu'on ne se connaissait pas, sans aucune autre précision ? Après tout, ce n'est pas faux. On ne se connaît pas, ni de manière professionnelle, ni en privé. On s'est juste croisés par hasard il y a trois jours et on n'a même pas parlé, peut-être bien un échange de regards mais c'est tout. Ce n'était pas pour lui que j'étais là, de toute façon.

Sauf que maintenant sa phrase laisse planer le doute. Ça ne m'étonnerait pas si dès demain certains se lançaient dans des recherches sur des possibles liens personnels entre nous. Tout ce que j'ai toujours réussi à éviter jusqu'ici menace d'éclater pour une simple phrase à double sens.

Je ne laisse pas la colère prendre possession de mon être pour autant. Nous sommes toujours dans le studio de radio. Cependant, si je sais très bien gérer mes émotions, je suis certaine qu'il a saisi le bref éclair de rage qui m'a traversé. Il fait tout pour ne plus regarder dans ma direction, il a très bien compris qu'il a fait une bourde. Sauf qu'il ne comprend pas à quel point cette petite phrase peut tout changer.

Lui, ça fait une dizaine d'années déjà qu'il est sous les feux des projecteurs, alors un peu plus ou un peu moins qu'est-ce que ça change après tout ? Surtout pour quelque chose qu'il sait ne pas être vrai. Mais moi non. Le grand public ne me connaît pas parce que je n'ai jamais voulu me mettre en avant. Être productrice, réalisatrice artistique, c'est la meilleure planque pour gagner de la musique en faisant de la musique. Et là c'est un peu trop sur le devant de la scène pour moi.

Voilà pourquoi je n'aurais pas dû venir ici. C'était une mauvaise idée depuis le départ. Si j'ai refusé tant d'émissions dans le passé c'était exactement à cause de ce risque. Je ne voulais pas que mon visage circule sur Internet, qu'on se pose de questions sur moi, ou pire, que des rumeurs commencent à tourner. J'ai toujours rêvé d'une existence paisible. Pourtant, je le savais, à fréquenter des artistes à longueur de journée, c'était une probabilité.

Et puis, je ne pouvais pas refuser. Il était hors de question que je dise non à Ivy. J'aurais préféré qu'elle ne me le demande pas. On se connaît depuis tellement longtemps, elle et moi. Presqu'autant qu'avec Olivia. J'ai travaillé sur pas mal de ses morceaux. On a des souvenirs par milliers. Les premiers studios, dans nos chambres, les écrits, sur les feuilles volantes, les disputes, pour tel ou tel mot, la musique, les inspirations, les soirées à rapper le plus rapidement possible pour qu'elle s'améliore. Ivy fait partie de mon cercle le plus proche alors, évidemment, quand elle m'a supplié de venir parce qu'elle ne pensait pas survivre à cette semaine sans moi, je ne pouvais pas refuser.

Elle m'a convaincu – même si elle n'en avait pas vraiment besoin – en m'assurant que tout se passerait bien. « Tu connais l'émission, et tu adores Lucas. Il n'y a aucune raison pour que ça dérape. On va juste parler de mon album et de musique. Et puis, les gens ne te connaissent pas, pourquoi iraient-ils s'intéresser de plus près à ma productrice ? » Elle plaisantait, c'était pour me faire réagir. Et elle savait ce qu'elle faisait, c'est l'argument qui m'a décidé, ce soir-là. Pourquoi les gens se préoccuperaient plus de la productrice que de l'artiste ? Il n'y avait aucune raison pour que les projecteurs se tournent vers moi.

Nos Musiques (sous contrat d'édition) Where stories live. Discover now