CHAPITRE 4

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 La jeune avocate marchait dans les rues de Nice. Nous étions un Mardi soir de février et il fallait bien avouer que seulement très peu de personnes éraient comme elle. Madeline pénétra dans le premier bar qu'elle croisa, probablement le repère local des marins et des travailleurs, supposa la jeune femme à voir les personnes présentes. Seul quelques jeunes adultes, la petite trentaine probablement, étaient regroupés autour du billard qui siègeait au centre du bar. Madeline se dirigea vers le comptoir et commanda une bière. Le barmaid, un homme probablement proche de la retraite comme l'indiquait une calvitie bien avancée, une barbe blanche en bataille ainsi que des rides d'expressions marquées donnant au sexagénaire un visage doux et rieur servit la jeune femme.

- Il me semble jamais vous avoir vu dans l'coin mamzelle ! L'interpella gentiment le niçois avec un accent du sud prononcé.

- Je viens seulement d'arriver, répondit-elle avec un timide sourire.

- De la capitale ? Supposa le propritétaire du bar après avoir reconnu l'accent de la jeune femme.

La conversation dura le temps de la bière de Madeline, la parisienne n'était pas habituée à ce genre de rencontre, dans la Ville Lumière, les serveurs se contentent de vous servir et ne s'attardent pas à connaître votre prénom, vos origines et ainsi de suite. Cette convivialité avait mis la jeune femme à l'aise. De fil en aiguille elle avait appris qu'elle avait affaire au propriétaire de ce bar familial, appelé Fausto et étant un pur produit niçois. Leur échange fut interrompu par deux lascars alcoolisés haussant le ton.

- Milo ! Viens t'nir compagnie à la jeun' dame, les vieux empégués m'appellent ! Réagit Fausto.

Madeline fronça les sourcils, elle ne comprenait pas toujours les mots patois qui rythmaient les phrases de son interlocuteur qui avait déjà quitté le derrière de son comptoir pour aller expulser les potentiels fauteurs de trouble. Un jeune homme, venu du billard avait pris la place du patron, probablement son fil à en juger par ses yeux noisettes rieurs, les mêmes que Fausto.

- Ca veut dire saouls, excuse mon père pour ces tics, il n'a toujours pas compris que le patois n'était plus parlé couramment, intervint-il constatant la moue de Madeline, je m'appelle Milo, compléta-t-il avec un sourire.

- Madeline, répondit la jeune femme.

- Tu veux une autre bière ? Cadeau de bienvenue!
- Avec plaisir, merci !

La jeune avocate en profita pour détailler le jeune homme. Il était grand et mince, sa peau était bronzée et ses cheveux châtains décolorés par le sel et le soleil en bataille, ses traits saillants mais son visage doux parsemé de grains de beauté, ses yeux noisettes étaient couronnés par de longs cils. Il était vêtu d'une marinière, jean gris et d'une paire de basket, répondant au style décontracté que toutes les personnes présentes dans le bar arboraient.

Milo fit le tour du comptoir pour venir s'asseoir sur un tabouret haut à côté de Madeline, avec deux bières à la main. La conversation battait ensuite son plein, Madeline apprit que Milo avait le même âge qu'elle, qu'il venait de sortir diplômé de l'université de Nice en neuro-chirurgie et qu'il était pour le moment assistant d'un chirurgien réputé de la clinique niçoise mais que ce dernier était proche de la retraite et son poste était réservé au jeune diplômé. Madeline lui parla elle aussi de son parcours en occultant le décès de Gabriel. Les douze coups de minuit approchaient et le groupe avec lequel Milo était auparavant sortait peu à peu du bar en lançant la même phrase « On se retrouve au Kult ! ».

- C'est quoi le Kult ? Demanda l'avocate.

- Une boîte, c'est pas bien loin d'ici, c'est un peu notre point de ralliement, viens avec nous après si tu veux ! Proposa Milo dans un sourire.

Madeline acquiesça, elle était joyeuse et donc disposée à tout les excès. Etait-ce dû au fait de retrouver un semblant de vie sociale lui vidant la tête ou à l'alcool qui commençait à lui délivrer une joyeuse ivresse ? En effet cela faisait plusieurs heures que Madeline était dans ce bar à discuter avec Milo et les bières s'étaient rapidement transformée en alcools plus forts. Un gin tonic entre deux parties de billard. Enfin « parties » était un grand mot compte tenu du fait que Madeline ne savait absolument pas jouer, Milo tentait donc de lui apprendre tant bien que mal.

Après que le jeune niçois ai promis à la jolie parisienne qu'il lui apprendrait comment devenir une déesse des bars, avalé un shot de tequila et remercié Fausto, les deux jeunes gens quittèrent le bar pour se rendre dans la fameuse discothèque.

Madeline et Milo marchaient émêchés dans les rues du vieux Nice riant pour un oui ou pour un non. Cela faisait bien longtemps que la jeune femme ne s'était pas sentie aussi vivante et insouciante, elle profitait du moment simplement.

Alors qu'ils marchaient près d'un muret, Madeline eut la folle idée de vouloir jouer au funambules et compte tenu de son état d'ébriété avancé, cela s'annonçait laborieux. Milo, tel le gentleman qu'il était, lui offrit sa main en support et après une avancée lente et périlleuse réceptionna la jeune femme en la tenant par la taille. Ce contact physique bien qu'anodin fit frissonner la jeune femme, cela faisait plus d'un an qu'un homme ne l'avait pas touchée et lui fit se rappeler de certains plaisirs de la vie qu'elle avait longtemps oublié. Sentant ce frisson, le jeune homme pensa que la jeune femme avait froid et entoura alors ses épaules de son bras et frictionna doucement son épaule. Ils accélérèrent le pas, blottis l'un contre l'autre et arrivèrent quelques minutes plus tard devant l'entrée du Kult. 




NA: début d'une love story? est ce que vous appréciez Milo? merci de votre lecture <3

Les Amants de TeruelWhere stories live. Discover now