Chapitre 27

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La semaine suivante fut mentalement éprouvante pour Olivia: non seulement elle passa lentement, très lentement, mais en plus, elle s'écoula dans une sorte de morosité constante. C'était la première fois depuis bien longtemps que cela lui arrivait.

La jeune fille fit le point en ce vendredi soir, la tête enfoncée dans son casier, son sac posé à ses pieds.

Elle avait été agressive, fatiguée, et irritable au plus haut point. Ce comportement ne lui ressemblait pas. Pas du tout ! Que lui arrivait-il ? Et non, ce n'était pas lié à ce « fâcheux épisode », et encore moins à Alexander Hayes. Ni à ses beaux yeux. Ni à .. Peut-être bien que si, en fin de compte..

Le front posé contre la paroi en métal frais de son casier, elle tenta de de calmer la sale migraine qui lui enserrait le crâne depuis deux jours déjà. Elle essaya, par la même occasion, d'arrêter de penser au beau brun.

Quelle horrible semaine cela avait été. Le lundi, alors qu'elle déjeunait avec sa meilleure amie chez Henry's, leur restaurant habituel, la jeune fille avait cru apercevoir les cheveux blonds caractéristiques de Finn. Mais elle avait aussitôt écarté cette pensée saugrenue: il n'était tout de même pas assez fou pour revenir à Manhattan, alors que le scandale avait éclaté à peine trois mois auparavant ? Il y avait fort à parier que non. Alors elle avait poursuivi son déjeuner sans s'en préoccuper davantage, tout en tentant de se concentrer sur ce que racontait Cara. Et bon dieu, elle avait du mal.

Le mardi, elle avait croisé Heath au détour d'un couloir. Ils s'étaient observés pendant un moment, le regard amer. Olivia ne lui pardonnerait sans doute jamais l'excèss de colère, de violence dont il avait fait preuve au Lavo. Quel genre d'homme était-il ? Le genre à boire, seul, chez lui ? Le genre à ressasser ses erreurs passées, et à en vouloir au monde entier ? Le genre  qui pétait tout à coup les plombs, en se fichant des conséquences ? Le genre d'hommes qu'elle ne voulait pas fréquenter ? Alors Olivia avait tourné les talons. Et une fois à distance raisonnable, elle avait accéléré, et s'était presque mise à courir pour rejoindre les toilettes les plus proches, persuadée qu'il la suivait et voulait s'en prendre à elle. Là, le souffle court, elle avait patiemment attendu plusieurs minutes, voire dizaines de minutes que son rythme cardiaque redescende. Et qu'Heath, dans l'éventualité où il l'aurait suivie, se lasse de l'attendre, et s'en aille.

Une fois calmée, une fois son masque d'impartialité remis en place, elle était ressortie, et, la tête haute, était partie en cours. Mais au fond d'elle, elle était morte de peur. Elle redoutait du plus profond de son être le moment où elle devrait affronter le garçon. Car, elle le savait pertinemment, il reviendrait lui parler. Ce n'était qu'une question de temps. Et maintenant qu'elle savait de quoi il était capable, elle ne le sous-estimerait plus, c'était certain.

Le mercredi s'était à peu près bien déroulé. Jusqu'au soir. Jusqu'à ce que sa mère ne rentre du travail. Accompagnée. En soit, Olivia n'avait rien contre le fait que sa mère ramène quelqu'un chez elles, loin de là. Mais elle aurait apprécié que sa mère la prévienne. Et surtout, qu'elle la prévienne de mettre des boules Quiès. Ou qu'elle lui fasse subtilement comprendre de ne pas être présente, tout simplement.

Alors la jeune fille s'était calfeutrée dans sa chambre, et avait passé la soirée à étudier, en priant pour que l'inconnu avec qui sa mère s'envoyait en l'air soit parti au moment où elle se déciderait enfin à sortir. Mais trop épuisée pour quitter sa chambre, elle s'était finalement endormie à son bureau.

Et s'était réveillée tôt, et courbaturée à souhait, le jeudi matin. Elle avait tenté de se rendormir, dans son lit cette fois-ci, en vain. Résignée, la brunette était alors allée courir de bonne heure dans Central Park, puis, après s'être douchée, était allée en cours. Où, cette fois-ci, elle avait croisé Alec. A maintes reprises. Elle avait, à chaque fois, senti son regard brûlant peser sur elle, épouser la forme de son corps, pénétrer ses moindres pensées, les moindres cellules de son cerveau, et s'attarder, à chaque fois trop longtemps. Et quand elle s'était enfin décidée à le regarder, le dévorer du regard en retour, elle l'avait trouvé, la langue fourrée dans la bouche d'Emily.

Try meOù les histoires vivent. Découvrez maintenant