Chapitre onze

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La sonnerie retentit dans la classe. Je me levai rapidement, mes affaires déjà rangées, et accourut hors de cette salle pénible. Je traversai le couloir, à travers le brouhaha des élèves autour, et sortis de l'établissement. Je marchai vite, n'attendant qu'une seule chose. Lorsque j'arrivai enfin devant le fameux lieu, je dépassai les grilles et courus littéralement. Je franchis le rayon du parc circulaire, et arrivai devant le lac, où je me baignais l'année dernière avec mes anciens amis. Je le contournai avec hâte et commençai à grimper la colline. J'allais deux fois plus vite que la première fois où je l'avais monté, l'impatience coulant dans mes veines. Une fois en haut, je souris. Pas seulement pour la vue que la hauteur m'offrait, mais pour la personne avec qui j'allais en profiter.

Elle était dos à moi, assise en tailleur. Elle était toujours habillée du même style de vêtements : un jean sombre mystérieux et un débardeur blanc immaculé. Si simple, mais si complexe à la fois. Ses cheveux argiles bougeaient au souffle du vent, et laissaient voir son cou blafard. Elle était droite, mais c'était naturel. Elle était belle, avec un charme naturel.

- Salut, blanche neige, dis-je, un sourire au lèvres.

Elle se raidit puis se tourna lentement. J'espérai être le seul à l'appeler comme ça et qu'elle n'ait pas de doute sur la personne qui était dos à elle. Quand elle me vit, elle leva un sourcil, surprise.

- Jay ? Qu'est-ce que tu fais ici ? Demanda-t-elle, étonnée.

Je me rapprochai d'elle.

- J'avais envie d'un peu de compagnie après cette journée merdique, soufflais-je en m'asseyant.

Je me tournai vers elle et souris. Elle gardait son sourcil levé, et me regardait comme un extra-terrestre.

- Oh...

- Pourquoi, tu ne voulais pas me voir ? Dis-je, feignant d'être étonné.

- Non, c'est pas ça, c'est juste que je ne m'attendais pas à te voir débarquer. Surtout ici, répondit-elle, en se retournant vers la vue.

- Oh, je vois ce que tu veux dire. Tu parles de la dernière fois, c'est ça ?

- J'en sais rien. T'es juste un peu collant.

- Tu ne me fais pas peur, Lenny.

- Je ne cherche pas à te faire peur, Oslo.

M'appeler par mon nom de famille lui apportait cette supériorité qui n'était pas à ma portée étant donné le fait que je ne connaissais pas le sien.

- Dis, pourquoi t'es pas venue au lycée ? T'es pas inscrite ?

Elle baissa la tête.

- Si, je le suis.

- Alors pourquoi tu n'étais pas là ?

- Parce que je ne pouvais pas.

Sa réponse me prit de court.

- Tu ne pouvais pas ?

- Ouais.

Je répondis par un petit « Oh » et me tus. Elle ne voulait pas m'en dire d'avantage, et ses réponses directes et courtes ne m'apportait aucune information. Elle avait la tête baissée vers un de ses carnets, et griffonnait quelque chose avec son stylo. Je me penchai pour voir ce qu'elle dessinait, mais elle referma net son cahier.

- T'es vraiment pire qu'un chewing-gum, tu le sais ça ? Dit-elle, exaspérée.

- Tu écris des mots d'amour ? Ricanais-je.

Elle pouffa, et se tourna vers moi.

- Ce que t'es puéril, Jay.

- Mieux ! Tu me dessine ?

- Mais bien sûr ! Répondit-elle ironiquement.

- N'oublie pas mes muscles, dis-je en ramenant ma main au dessus de mon épaule et en contractant.

- Le muscle inexistant est déjà dessiné, t'inquiètes pas pour ça.

Je riais suite à sa remarque. Elle souriait, pour la première fois je crois. Son sourire illuminait son visage, et il passait d'un pâle argile à un blanc de lin scintillant. Elle replaça quelques mèches rebelles derrière ses oreilles, ce qui accéléra le mouvement de l'organe à l'intérieur de la cage thoracique.

- N'essaie même pas de m'embrasser, Oslo.

- Qu.. Quoi ? D'où tu sors ça ?

- Tu me regardes comme si t'allais te pencher pour écraser tes lèvres sur les miennes.

Un frisson traversa mon corps suite à cette idée.

- Comme on dit, femme qui rit, femme à moitié dans ton lit.

- Primo, même la moitié de ma personne ne souhaiterait visiter ton fameux lit. Et deuxio, je ne ris jamais, saches le. Le jour où un gloussement sortira de ma bouche, c'est que je serais amoureuse. Ce qui n'est en rien plausible.

- Et bien, j'en fais personnellement le serment. Un jour, je te ferais rire à tel point que tu te dilatera la rate.

J'affichai un sourire confiant, mais il n'était pas de taille face à son sourire charmeur et plein de sous entendus.

CondamnéeWhere stories live. Discover now