Chapitre LI : Héritage

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Commence alors la cérémonie. C'est long mais je prends le temps d'écouter les règles concernant les alphas, l'héritage de Christopher partagé dans sa famille et plus particulièrement sa femme et, selon la tradition lupine ancestrale, son héritier.
James, dans son complet cravate vert foncé, qui, malgré le fait que je n'apprécoe pas vraiment cette couleur, lui va bien malgré tout, avance avec un peu d'hésitation dans la démarche. Grâce au micro, il se présente mais ne dit rien de personnel ou de confidentiel en ce qui concerne la mort de Christopher. Il annonce juste que s'il est là devant nous, c'est parce que son oncle nous a malheureusement quittés trop vite.

James laisse des sous-entendus dans son monologue, ce qui est bien car l'interprétation des gens joue énormément sur la façon dont on perçoit les mots.
Amaryllis doit en savoir quelque chose...Bien plus que James ou moi, d'ailleurs.
Pour avoir joué cinq semaines avec une telle quantité de mots, je l'admire toujours autant. D'autant plus que, de ce qu'elle m'a dit, elle n'a jamais menti ouvertement aux Minuit. Toujours des sous-entendus ou des manière de détourner les questions qu'on lui posait.
Balèze, quand même...

Quand James a fini son discours, mon grand-père se lève de sa chaise et avance sur la scène.
Des applaudissements comme programmés et automatiques se font entendre dans la salle. Évidemment, Yegram Primus est très connu. C'est celui qui les dirige tous, enfin !
Il dit quelques mots à l'attention de James et du public et annonce avec une fierté dans la voix qu'il réserve aux meutes qu'il dirige :
-Je déclare James Maurin, à partir de maintenant, alpha de la famille et de la meute Maurin ! Veuillez apllaudir ce brave bonhomme et accepter avec bienveillance cet enfant qui porte déjà une lourde charge sur ses épaules pourtant si jeunes !
Tous les lycanthropes de la salle applaudissent. Elle n'est pas très grande mais cela fait vite un brouhaha incroyablement bruyant...
Comment ils font, tous, pour supporter une telle quantité de décibels, avec leur ouïe lupine bien plus fine, sensible et développée que celle des humains ? Je ne comprends pas, je ne comprendrai jamais ce paradoxe de la vie dans ces deux mondes...

Soudain, une voix jeune reprend son discours dans le micro :
-Puis-je demander au grand Alexis Primus de venir nous rejoindre sur scène ?
Je suis tout étonné de la demande de James. Que me veut-il ? Je pense alors avec amusement, et vu la tête d'Amaryllis, elle l'a aussi remarqué, que James na utilisé aucun pronom, pour n'utiliser ni forme de politesse avec un ami, ni forme familière avec un supérieur. Je souris de tous mes crocs et monte sur l'estrade.
Les projecteurs me donnent déjà chaud et je sens le col de ma chemise blanche me coller à la peau du cou. Tellement désagréable...Je me retrouve facr à un immense public qui remplit la salle, mais qui est sensiblement bien plus petite que celle que mon grand-père avait remplie lors de ma présentation aux meutes en tant que seul héritier. Ce qui avait sûrement dû fâcher Georges, forcé de devoir y assister.

James me regarde alors avec un sourire sincère. Je l'ai rarement vu aussi sincère dans son expression. Il dit alors dans le micro après l'avoir rapproché de ses lèvres :
-Je tiens à lui dire merci, d'être là dans mon quotidien et de toujours savoir de quoi je parle quand je parle de loups-garous et que personne ne me comprend.
Il s'interrompt et fixe Amaryllis dams ses yeux noirs.
-Puis-je demander à la compagne de notre futur alpha Alexis Primus, Amaryllis, de venir ici également ?
Ma petite amie se lève avec élégance et vient se placer à mes côtés.
-Merci à elle de nous supporter tous les deux et toujours être là quand nous avons besoin de compréhension ou de parler à quelqu'un.
James quitte le public des yeux avant de nous regarder nous.
-Merci. À vous deux. Merci de faire partie de mon quotidien !
James éteint alors son micro et se jette sur nous deux pour nous faire un câlin. Je retiens une expression de dégoût, je n'aime pas être touché en grande surface par n'importe qui, c'est-à-dire tout le monde sauf Amaryllis et mes parents. Mais je tiens à garder et sauver la face alors je la laisse impassible, avec un léger sourire. Amaryllis n'a aucun souci, elle tapote l'épaule de James qui ne voit plus nos visages à cause de son étreinte avec nous.
Il murmure alors pour nous deux uniquement :
-Merci d'être là, mes amis...Je ne tiendrais pas, seul lycanthrope au gymnase...Merci !
-Arrête, tu vas pleurer ! le charriais-je.

James nous lâche et un tonnerre d'applaudissements éclate. Je n'aurai plus de tympans, qu'ils soient humains ou lupins, mais tant pis, sur scène je vais éviter de me boucher les oreilles comme un enfant qui règle ses problèmes avec les moyens du bord.
Nous redescendons de la scène. La cérémonie se termine quand mon grand-père annonce que l'apéritif se tiendra à l'extérieur et que tout le monde pouvait s'y rendre, qu'il fallait encore qu'il parle à son héritier, sa compagne et James.
Tous sortent, y compris les Primus, bien qu'on sente dans le regard des trois fils de Yegram qu'ils le font à contrecœur. Avant d'avoir des enfants à leur tour, c'est un peu eux trois qui géraient le rôle d'héritiers tous ensemble.
Mais ma foi, la vie, c'est la vie...On n'a pas toujours ce qu'on veut.
Il suffit de regarder mon corps humain pour le confirmer.
Aïe, Amaryllis me taperait, si elle pouvait entendre ou lire mes pensées. Elle n'aime pas que je dise que je suis laid. Je ne suis pas si moche mais je ne suis de loin pas un mannequin comme mes cousins, ces raclures, ou encore James, ce loup-garou de mes deux.

Mon grand-père dit simplement à James qu'il a bien fait de faire ses remerciements devant tout un public comme celui-ci. Puis il dit avec un doigt sur le menton :
-Pourrais-je comparer vos loups ? Je sais que celui d'Alexis est particulièrement gros, j'ai l'impression qu'il a encore grandi ces derniers temps, mais peut-être est-ce moi qui me tasse sur moi-même...
Je songe maintenant au fait que nous n'avons jamais vu le loup de James...Mais quelle va être sa couleur ? Je regarde Amaryllis, qui apparemment partage mes pensées, et je lui dis :
-Noir et gris !
-Moi, je dis brun et roux ! renchérit-elle du tac-au-tac.
James sourit. Il connaît nos jeux complices. Il en a des aperçus tous les jours ou presque au gymnase, surtout aux pauses de midi.
Mon grand-père nous fait nous installer face à face. Il nous demande de se vêtir de notre forme de canidé. Nous nous exécutons sans un mot et sous le regard affectueux d'Amaryllis.

Le loup de James est beige clair, en accord avec ses cheveux blonds, un peu châtains, sous sa forme humaine, avec des poils noirs par touffes au niveau du cou, un peu comme moi en moins régulier et aux pattes.
-Match nul, m'annonce Amaryllis en haussant les épaules. Même s'il est plus brun que noir...
Je grogne un peu pour répondre à sa provocation avant de sourire de cette façon caractérstique de loup. Je dépasse James d'une bonne quinzaine de centimètres. Il a beau ne pas être une grande perche en humain, ça fait quand même un peu petit, comme loup.
Mon grand-père, comme s'il avait lu mes pensées, me dit :
-Imagine que, si James a fait pencher la balance en sa faveur, c'est que Johnny a un loup encore plus petit...
Je ris de mon rire lupin en me visualusant pourtant Johnny plus grand que James, ne pouvant pas produire de sons articulés avec cette transformation.

Quand nous reprenons notre forme humaine tous les deux, nous sortons participer à l'apéritif, quand Amaryllis me saute presque dessus et me dit dans l'oreille :
-Tu es toujours mon lycanthrope favori, tu le sais, n'est-ce pas ?
Je me retourne furtivement et dépose une seconde mes lèvres sur les siennes.
-Oui, mais je suis toujours heureux de l'entendre une fois de plus !

Mon lycanthrope favoriWhere stories live. Discover now