Chapitre 11

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Il devait être neuf heures ou dix heures du matin. A vrai dire, je ne savais pas trop. Cela faisait un bon moment que je fus réveillée mais l'envie de sortir de mon lit s'était absentée depuis déjà quelques jours.

Comment allais-je affronter cette journée ? C'était la question que je me posais depuis déjà quatre jours. Mais la question qui monopolisait le plus mon esprit était : Est-ce que j'allais réussir à aller à l'enterrement de ma mère ? Je n'en savais rien. Je n'étais pas prête déjà à la revoir de son vivant, mais à la revoir morte, c'était pour moi au-dessus de mes capacités.

-Ambre, tu es réveillée ?

C'était la voix de mon père qui visiblement m'attendait pour prendre le petit-déjeuner. Je pris donc mon courage à deux mains pour sortir de mon lit et descendre le rejoindre à la cuisine. Je fus déconcertée lorsque j'arrivai à la fin de la descente d'escaliers. C'était comme si j'avais fais un bond dans le passé, comme si j'étais redevenue la petite Ambre adolescente, fragile et innocente.

Malgré moi, je marchai en direction de la cuisine pour aller rejoindre mon père.

-Salut, papa.

-Hey, ma chérie, je le regardai d'un regard noir lorsqu'il prononça ce surnom affectif, euh Ambre. Bien dormis ?

-Sommeil agité, répondis-je froidement. Et toi ?

-J'ai connus mieux. J'ai préparé le petit-déjeuner, il s'écarta et je vis la montagne de nourriture qu'il avait cuisiné.

-Merci, mais j'ai pas faim. Je vais juste prendre un café.

-Il faut que tu reprennes des forces.

-Je crois que je suis suffisamment forte comme ça, pas besoin de nourriture en plus, il prit un regard inquiet, tira une chaise et s'assit sur celle-ci, il en profita pour prendre un ton grave.

-Tu sais Ambre, il faut que tu manges. Je sais que c'est un moment difficile, surtout aujourd'hui mais il ne faut pas se laisser abattre, ok ? Et tu sais l'anorexie et la dépression ça arrive très vite ces choses là et je...

-Alors là je te coupe tout de suite. Je vais très bien, papa. Je n'ai juste pas faim, d'accord ? Donc maintenant je vais prendre un café et aller me préparer pour ce putain d'enterrement, ok ?

-Ok.

Je fis donc couler mon café, pris la tasse et l'emportai avec moi. Je savais que je venais d'être dure avec mon père, même très dure. Mais putain, avec tout ce que j'avais enduré, il le méritait. Je ne pouvais pas faire comme si de rien était. Il fallait le reconnaître, mon passé me faisait toujours autant souffrit, pourtant je pensais être passée à autre chose depuis déjà des années.

Je pris une douche bien chaude et bien longue. J'adorais cette sensation de détente instantanée. Mais toutes bonnes choses avaient une fin, je sortis donc du meilleur endroit sur cette terre à mes yeux : ma douche.

Je me demandais comme allais-je m'habiller. Je savais qu'il fallait s'habiller en noir pour les enterrements, enfin c'est ce que j'avais vu dans les films. En presque vingt-quatre ans d'existence je n'étais jamais allée à un enterrement. D'ailleurs, je n'aurais jamais cru que mon premier enterrement serait celui de ma mère. J'optais donc pour une robe noir aux manches trois quarts et qui m'arrivait juste au-dessus des genoux, puis je me regardai un moment dans la glace.

Je n'avais jamais eu le teint aussi pâle de toute ma vie. Mes yeux avaient subis les traces de ma fatigue, de grandes cernes et de grosses poches s'étaient dessinées sur mon visage. Je faisais peur, vraiment. On aurait dit que j'avais pris dix-ans d'un coup.

-Ambre, es-tu prête ? Il faut y aller.

Est-ce que j'étais prête à voir le cadavre de ma défunte mère dans cercueil ? Personne ne serait prêt à voir ça, mais il fallait y aller, à un moment ou un autre. Je rejoignis mon père dans la voiture. Je sentais qu'il cachait toute sa peine, qu'il faisait mine d'aller bien pour me réconforter. Il devait sûrement penser qu'il n'avait pas le droit de s'effondrer lui aussi parce que c'était lui l'adulte et moi la gosse.

Nous arrivâmes à l'église. Je tentai tant bien que mal de sortir de la petite voiture rouge qui m'avait amener jusque là. Je sentis mon estomac se nouer, et encore plus quand je vis Mathias, Jason et Camilia.

-Mais qu'est-ce que vous faites là ?

-J'ai appris pour ta mère, je n'ai pas hésiter à venir te rejoindre pour te soutenir, dit Mathias. Tu sais, c'est une grosse épreuve et il ne faut pas que tu sois seule pour la surmonter.

Je sentis mes yeux se remplir de larmes. Je vis également la grande bouche de Camilia s'ouvrir comme si elle s'apprêtait à dire quelque chose, mais je ne lui en donnai pas l'occasion.

-Toi, je ne sais pas ce que tu fous ici. Donc je te demanderais juste une seule chose, c'est de fermer ta putain de gueule, m'exclamais-je sur un ton ferme en m'adressant un Camilia, puis je me retournai vers Jason. Jason, je sais pas quoi dire...

-Ne dis rien, on parlera plus tard, un léger sourire se dessina sur ses jolis lèvres.

Je m'apprêtai à entrer dans l'église quand soudain je n'arrivai plus à faire un pas de plus. C'était comme s'il y avait une barrière magique qui m'empêchait d'entrer dans l'église. Quelques instants plus tard, une personne prit ma main, c'était Mathias. Je le regardai, et ne pus m'empêcher de laisser s'échapper quelques larmes.

-Tu vas surmonter ça, je te connais Ambre, et je serais là pour t'aider. Maintenant on va entrer dans cette église ensemble. Tu es prête ?

J'acquiesça d'un petit hochement de tête, et nous entrâmes dans l'église. 

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Chapitre un peu plus long, tout en espérant qu'il vous plaise.

Braver l'interdit. TOME IIWhere stories live. Discover now