Chapitre 10

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Nous étions mercredi, ce fut la veille de l'enterrement de ma mère, et j'allais revoir mon père pour la première fois depuis des années. Je ne savais pas comment je me sentais, à vrai dire je croyais que je ne ressentais plus rien. De la tristesse ou de la haine ? C'était impossible pour moi d'en faire la distinction.

Mathias m'avait harcelé de textos, aux quels que je n'avais jamais  répondu. Je ne pouvais pas. C'état étrange. J'avais l'impression d'être dans un état second, de ne plus être dans le même monde que les autres, comme si je me trouvais dans un monde parallèle.

La vibration de mon téléphone me fit sursauter. C'était mon père.

Message de Papa :

Je suis en bas de ton immeuble, je t'attends.

Je pris ma valise et je descendis mollement les escaliers. J'étais comme une coquille vide, à bout de forces. Une petite voiture rouge se mit à klaxonner : c'était mon père. Je m'approchai du véhicule et reconnu l'homme qui avait bercé mon enfance, avec quelques rides en plus ainsi qu'une chevelure grisonnante. J'ouvris le coffre pour y déposer mes affaires, et allai m'installer au côté de mon père.

-Ambre, tu es si belle. Comme ce que tu as grandis.

-Et toi comme ce que tu as vieillis.

-C'est la vie, tu grandis, je vieillis. Je ne pensais jamais te revoir.

-Moi non plus.

-Je pense qu'on a beaucoup de choses à se dire, tu sais...

-Papa, s'il te plaît, je n'ai pas la force de parler pour l'instant, je suis trop bouleversée, et en colère pour ça.

-Je comprends.

Il se tut et démarra la voiture en direction de l'aéroport. Je me contentais de regarder par la vitre, le paysage défilant sous mes yeux. C'était incroyable comme ce qu'il faisait beau à cette période de l'année. Le soleil illuminait les rues de New-York.

Nous étions enfin arrivé à l'aéroport, et nous n'avions toujours pas décroché un seul mot. Je sentais qu'il avait envie de me parler, mais lui il sentait que je n'en avais pas envie, ce qu'il respecta.

Le voyage en avion fut incroyablement long et interminable. Comme le trajet de l'aéroport à mon ancienne maison. Ça faisait tellement de temps que je n'avais pas mis les pieds dans cette maison. Rien avait changé. J'avais l'impression d'être redevenue adolescente, le temps d'un instant.

-Ta chambre n'a pas changé. Nous avons toujours espéré que tu reviennes.

-Mais je suis revenue.

-Non Ambre, tu n'es pas revenue.

-Un soir, Carole m'avait envoyé un message pour qu'on puisse régler le conflit. Je suis donc passée à la maison, mais tu n'étais pas là.

-Je ne savais pas.

-Je sais.

-Elle ne m'a jamais rien dit.

-Je savais qu'elle ne te dirait rien. Et crois moi, tu n'as rien loupé. On s'est juste prise la tête, encore une fois.

-J'aimerais vraiment que tu m'en dises plus sur toi, Ambre. J'ai l'impression que je ne te connais plus, et que j'ai loupé pleins de choses.

Je pensai directement à mon cancer. Mes parents n'avaient jamais été au courant pour ma maladie. À vrai dire, je n'y pensais même plus. C'était une phase de ma vie que j'avais décidé de totalement exclure de ma mémoire.

-Tu ne sais rien de moi, papa. Je suis désolée, mais je suis fatiguée, je vais dormir.

Je montai les marches qui menaient à mon ancienne chambre. Elle était plus grande que dans mes souvenirs. Il y avait toujours mon bureau blanc près de ma fenêtre avec tout le bordel que j'avais laissé. Des photos de moi et Camilia était restées accrocher au dessus de mon lit. Ces photos me rappelaient de très bons moments, sans doute les meilleurs de ma jeunesse. Mais Camilia m'avait trahit. C'était une personne que je ne pouvais garder dans ma vie plus longtemps.

Je m'écroulai sur mon lit, avec mes anciens draps. Toujours la même lessive que dans mes souvenirs. Puis, je finis par m'endormir.

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Chapitre très court, j'en suis navrée.

Braver l'interdit. TOME IIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant