Chapitre cinq

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  Il est des circonstances où un léger mensonge est nécessaire et même louable.



Je me mis à reculer tellement rapidement que je manquai de tomber lorsque mon dos heurta la baie vitrée. J'étais bien trop paniqué pour réfléchir correctement, mon cœur battait trop vite contre ma poitrine. Il m'avait suivi, il m'avait traqué comme si je n'étais qu'une minable proie. Il savait où je vivais et je n'allais plus jamais pouvoir vivre sereinement sans penser à ce fantôme de mon passé.

Je pris une grande inspiration avant de me retourner et d'ouvrir la baie vitrée que je refermai à double tour derrière moi. Ensuite, j'inspectai toutes les portes et les fenêtres pour être sûr que personne ne pouvait rentrer. J'aurais pu appeler la police, leur dire qu'un criminel m'avait suivi, que je savais où se trouvait Nolan Williams, mais une petite voix m'en empêcha. Il restait l'homme que j'avais aimé et en qui j'avais placé tant d'espoir, l'espoir qu'il soit plus qu'une personne sans émotions. Et même si cet espoir s'était presque totalement envolé lorsque j'étais retourné à New York, il en restait une toute petite part qui me criait de ne pas le dénoncer.

Je me dirigeai vers la chambre, là où Maël m'attendait. Je le rejoignis dans le lit afin de m'endormir dans ses bras mais même après plusieurs heures, je ne réussis pas à dormir. J'avais essayé mais je n'avais fait qu'entendre la respiration de mon copain se faire plus lourde. Penser à Nolan m'empêchait de tomber dans les bras de Morphée, toutes ses paroles ne cessaient de résonner dans ma tête. Je ne pouvais pas croire qu'il avait arrêté de tuer, c'était impossible d'imaginer ses beaux yeux ne plus se refléter dans la lame d'un couteau.

Et ce fut pour cette raison que je me levai afin d'aller chercher mon ordinateur portable. Je devais m'assurer qu'il m'avait menti pour le détester et enfin passer à autre chose. J'allais forcément trouver un meurtre à Las Vegas en cinq ans, c'était sûr. J'allais ensuite pouvoir le blâmer et le dénoncer à la police, sans aucun regret. 

   Après une heure à chercher sur internet, j'abandonnai. Je n'avais rien trouvé à part des meurtres qui avaient déjà été élucidé. Ce n'était pas possible, je n'arrivais pas y croire, même avec les évidences sous les yeux. Nolan avait besoin de tuer, ce n'était pas quelque chose qu'il faisait par simple envie, c'était dans ses gênes, c'était donc impossible qu'il s'en soit séparé.

Je finis par m'endormir vers cinq heures du matin, avec les images de cet homme qui avait tué trois de mes proches ; du sang sur une de ses mains et mon cœur dans l'autre.

   Je m'étais réveillé à treize heures, mon ventre criant famine. Maël était parti travailler plus tôt dans la matinée, son travail l'obligeant à être sur place le dimanche midi. En effet, il travaillait dans un restaurant en tant que serveur tout en faisant des études de droit. J'étais donc seul dans l'appartement à ne pas savoir comment m'occuper. Je finis par me dire qu'aller faire un tour à la plage semblait être une bonne idée pour me vider la tête.

   Habillé d'un pantalon noir et d'un sweat jaune, je descendis du Uber qui venait de m'amener à Malibu. C'était beau et c'était pratiquement vide. En cette fin septembre, les gens ne venaient plus trop à la plage et encore moins un dimanche après-midi, préférant rester chez eux.

Je m'assis dans le sable, contemplant les vagues qui se jetaient sur le sable. L'océan m'avait toujours fait penser à Nolan, il était indomptable et il me rappelait le bleu de ses yeux. On ne pouvait pas le changer, même avec toute la volonté du monde, il était bien trop puissant, comme ce criminel que j'avais autrefois aimé. Croire que Nolan avait arrêté de tuer revenait à croire qu'un jour les vagues allaient arrêter de s'écraser sur le sable ; impossible.

Je restai un long moment assit sur le sable à fumer clope sur clope et à regarder le soleil descendre petit à petit devant moi. Je ne savais pas exactement combien de temps j'étais resté ainsi, mais assez pour voir le soleil se coucher totalement et pour voir la lune le remplacer.

Killer • Tome II Où les histoires vivent. Découvrez maintenant