26. Bug dans la matrice

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— Monsieur, on nous signale un problème dans les équipes à l'atelier, un bug.

L'enfer a commencé comme cela, l'enfer commence toujours comme cela, par un bug. Quand je dis que j'ai horreur des insectes. Le dîner chez mes parents attendra, miss42 aussi. Les bugs sont monnaie courante lors du développement de nouveaux logiciels, que l'on appelle le grand-chef, moi en l'occurrence, moins. Pour que les ingénieurs me signalent le problème c'est qu'il doit être d'envergure. Je descends à l'atelier et vient constater les dégâts par moi-même. Le stress se lit dans les yeux des gars, ils n'ont pas trouvé la solution.

— C'est dans le driver, m'annonce Thomas, un expert en sécurité qui a deux fois mon âge.

Je n'ai même pas eu le temps de m'assoir qu'il commence son explication. Ils ont localisé le bug, c'est déjà ça, mais vue sa tête je ne vais pas dormir tout de suite.

— Il y a une faille chez eux, si nous l'avons repérée nous ne sommes certainement pas les seuls.

— Elle donne accès à quoi ?

Question stupide mais je veux l'entendre dire avant d'appeler ces abrutis de concepteurs de carte. SI le matériel n'est pas fiable peu importe ce qu'on ajoute au-dessus le risque demeurera.

— Théoriquement, à tout.

Pas du tout gênant pour nous. Je ferme les yeux et essaye de ne pas penser aux dommages que ferait un individu malveillant qui pénétrerait dans le système de l'un de nos clients.

— C'était la bonne nouvelle, continue Thomas.

Quoi ? Je reporte mon attention sur lui, non seulement il y a une mauvaise nouvelle supplémentaire mais en plus c'était ça la bonne nouvelle ?

— Quelle est la mauvaise ?

— L'un des algorithmes fils de Gaia a un comportement anormal.

Oh p***** ! Si même les dernières versions de notre intelligence artificielle partent en vrille on est mal, très mal.

— Heureusement que vous avez commencé par la bonne nouvelle.

Je soupire et je me lève, je vais chercher mon ordinateur. Je hais les bugs.

Je remonte dans les étages et regagne mon bureau. Mon téléphone est là, bien sagement posé sur mon bureau. J'envoie un message à mes parents ainsi qu'à miss42, qu'ils ne s'inquiètent pas de ne pas me voir durant quelques jours. Puis j'ouvre un tiroir, y pose ma vie sociale pour une durée indéterminée, attrape une pilule qui termine aussitôt dans ma bouche et referme le tiroir à clef. C'est parti.

***

Les lignes de code s'imprègnent dans mes rétines, je ne pense que fonction récursive et boucles WHILE. Mon vocabulaire s'est réduit à une poignée de mots-clefs et ma ponctuation n'est plus qu'une suite de points virgules. Nous parlons peu, la messagerie instantanée est notre principal moyen de communication. La majorité des ingénieurs se relayent devant leurs écrans mais une poignée, dont Thomas, restent comme moi scotchés derrière leur écran.

— Monsieur.

Je relance une compilation mais le problème persiste. Les lignes d'erreurs s'affichent et se ressemblent. Le débuggeur pourrait être utile mais ce fichu outil a été conçu avec les pieds par un noob du dimanche et n'est pas en mesure de trouver l'erreur.

— Monsieur.

C'est dingue ça ! Où est cette p**** d'erreur ?

— Monsieur Wood !

JamesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant