— Malefoy ! Regarde-moi ! s'exclama-t-il. Regarde-moi ! Je ne t'ai jamais vu dans un tel état ! Parle-moi !

Le visage ravagé par les larmes, les yeux explosés et le nez qui coule, le blond fronça les sourcils. Soudain il se jeta dans les bras de Harry qui, par reflexe, referma ses bras sur lui.

— Mes parents... fit le blond contre le torse d'Harry. Mes parents...
— Tes parents ?
— Ils sont... Ils sont morts... !

Harry sentit le sang se retirer de son visage pour la deuxième fois en moins de cinq minutes. Sa bouche s'assécha brusquement et Malefoy répéta :

— Ils sont morts... Père... Mère...

Secouant la tête, choqué, Harry prit le blond par les épaules et le repoussa pour le regarder.

— Co-Comment est-ce arrivé ? demanda-t-il.
— Je ne sais pas... Je viens de recevoir une lettre de St Mangouste... Je... Je dois y aller... pour... pour identifier... les corps...

Son visage se durcit soudain et des larmes se remirent à couler. Harry le prit alors dans ses bras et le serra contre sa poitrine en lui caressant les cheveux. Le blond hoqueta et s'accrocha à la robe de sorcier du Gryffondor.

— Chut... Ça va aller... souffla alors Harry. Chut...

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Les deux garçons restèrent de longues minutes ainsi, agenouillés sur les dalles froides des toilettes. Malefoy se remettant régulièrement à pleurer en se serrant encore plus contre son ennemi, sans toutefois le réaliser.

Heureusement pour eux, personne ne passa dans les couloirs et quand, après plus de vingt minutes, les larmes du blond se furent taries, Harry le repoussa, un peu à contrecœur. Il le regarda et passa sa manche sur ses joues.

— Quand dois-tu y aller ? Tu veux que je vienne ? demanda-t-il doucement.

Malefoy déglutit. Il regarda le brun fixement, et soudain, comme s'il réalisait, il se releva en se passant les mains sur le visage.

— Non... Non, dit-il en se raclant la gorge. Ça ne te regarde pas...

Harry sentit l'atmosphère redevenir tendue et il se releva en silence. Ne voulant pas partir comme ça, il s'approcha du blond qui se passait de l'eau sur le visage, et il posa une main dans son dos.

— Tu sais... Même si tu viens de pleurer tout ton soûl dans mes bras et que j'ai diablement envie d'aller le répéter, je ne dirais rien parce que je sais ce que ça fait d'être orphelin... dit-il.

Le blond se redressa alors, le visage humide, et Harry serra ses doigts sur son épaules.

— Soit fort, dit-il. Ce n'est qu'un mauvais moment à passer... Et si tu veux parler, je suis là.

Il s'en alla alors en refermant la porte des toilettes et Malefoy regarda fixement le panneau de bois pendant de longues secondes, interdit.

.

Lorsqu'il arriva à Gryffondor, Harry fut accueilli par Hermione et Ron qui revenaient de la Bibliothèque. Hermione lui rendit son sac de cours et fronça les sourcils en le regardant un peu fixement.

— Ça ne va pas ? fit-elle. Tu es tout pâle... Harry ?

Harry regarda autour de lui puis il fit un signe de tête aux deux autres et ils s'éloignèrent vers un recoin du couloir isolé.

— Je reviens des toilettes et j'y ai rencontré Malefoy... dit-il.
— Ha, fit Ron. Évidemment... Qu'est-ce qu'il a encore fait ?
— Rien, dit le brun. Il... Ses parents viennent de décéder... tous les deux.

Un froid polaire tomba sur le groupe et Hermione ouvrit la bouche de stupeur.

— Quoi ? fit-elle. C'est une blague...
— Est-ce que j'ai l'air de blaguer ?
— Mais enfin... fit la brunette. Tu es certain ?
— Il me l'a dit lui-même, entre deux hoquets, blotti entre mes bras...

Ron haussa les sourcils, surpris.

— Malefoy... LE Malefoy de Serpentard, a pleuré ouvertement dans tes bras ? demanda-t-il sur un ton haché qui exprimait parfaitement la surprise la plus totale.

Harry hocha la tête sans sourire, peiné.

— Il doit encore être là-bas, à encaisser la nouvelle... dit-il. Je pense qu'il va partir ce soir. Il m'a dit devoir aller... identifier les corps.
— Merlin tout puissant, fit Hermione en plaquant une main sur sa bouche. Mais enfin, comment est-ce arrivé ?

Harry secoua la tête et haussa les épaules.

— Je l'ignore, il n'a rien dit, répondit-il. Il ne doit pas le savoir je pense...
— Quelle tragédie, dit alors Ron en frissonnant. Je n'ose pas imaginer ce que je deviendrais si je perdais mes deux parents d'un coup...
— Et moi donc, fit Hermione. Je suis fille unique, je les ai pour moi toute seule depuis ma naissance...
— Moi je ne peux pas vous dire, je n'avais qu'un an quand ils sont morts, je ne me souviens pas de ce que j'ai éprouvé, si tant est que j'ai pu éprouver quoi que ce soit... lâcha alors Harry d'un ton sombre.

Un silence passa puis Harry soupira profondément.

— Quoi qu'il en soit, dit-il. Cela ne nous regarde pas, rentrons à Gryffondor.

Hermione et Ron, encore sous le choc, hochèrent la tête en silence et ils regagnèrent leur salle commune dans un silence profond.

.

À dix-neuf heures, alors que tout le monde convergeait vers la Grande Salle pour le diner, les chuchotements allaient bon train. Apparemment, la nouvelle avait fait le tour du collège et lorsque Malefoy se pointa avec sa maison, le silence total se fit dans l'immense salle.

Le blond regarda autour de lui et Harry le vit pincer les lèvres puis soudain faire volte-face et partir en courant. Sans réfléchir, le brun bondit de sa chaise et se rua derrière lui avant même qu'un Serpentard ai pu réagir.

— Malefoy ! appela-t-il.

Le blond dévala les marches du perron du château et Harry les sauta agilement. Il gagna quelques secondes et rattrapa le blond au bord du lac. Il le saisit par l'épaule, le força à s'arrêter et, dans le même mouvement, il l'obligea à lui faire face pour ensuite l'enlacer vigoureusement.

L'accolade fut dure, mais Harry se cramponna au blond, tenant fermement sa prise pour l'empêcher de se débattre. Au bout de quelques secondes, Malefoy soupira contre son épaule.

— Laisse-moi, je t'en supplie, Potter... fit le blond d'une voix étouffée contre le torse du Gryffondor. Je t'en supplie... Laisse-moi seul...
— Non, pas question, répondit Harry. Il ne faut pas rester seul dans ces moments. Viens, retournons dans la Grande Salle. Va diner avec ta maison, ne reste pas tout seul, il ne faut pas.
— Non... Non, je veux rester seul...

Repoussant les bras d'Harry, Malefoy recula. Il se frotta le visage de ses mains et Harry repoussa les mains pâles. Il prit le visage du Serpentard dans ses mains et leurs regards s'affrontèrent. Harry l'emporta et il passa un bras sur les épaules du blond qui s'appuya contre son épaule en soupirant.

— Allons-y, fit le Gryffondor.

Ils retournèrent dans la Grande Salle où un silence d'outre-tombe régnait toujours et, poussant le blond vers Pansy et Blaise qui se tenaient près des grandes portes, Harry lui glissa quelques mots à l'oreille. Le blond ferma les yeux puis il rejoignit ses deux amis qui l'enlacèrent avant de l'entrainer vers leur table. Harry, lui, retourna s'asseoir à la table des Gryffondors, en face d'Hermione et Ron, et Dean se pencha vers eux.

— Tu nous as fichu une de ces trouilles en te levant aussi brutalement... dit-il à voix basse.
— Je suis désolé... Mais il ne doit pas rester tout seul, répondit Harry.
— Harry a raison, dit alors Neville. Ma grand-mère dit tout le temps ça... Elle ne voulait pas me prendre avec elle quand mes parents ont étés torturés par Voldemort, mais elle a dit qu'un enfant ne doit pas rester seul s'il arrive malheur à ses parents...

Hermione hocha la tête. Elle posa une main sur celle de Neville qui lui fit un petit sourire. Le diner apparut alors et l'ambiance se détendit légèrement, sauf à la table de Serpentard, évidemment.

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