Deux mondes parallèles

Lettre n°1 : L'enfance

Je n'ai pas vraiment de souvenir de ma vie avant mon déménagement mais je vais quand te décrire mon environnement pendant mon enfance. Je suis la dernière de ma famille. J'ai deux grands frères, Tao et Victor. Huit ans me sépare de Tao mais quatre ans me sépare de Victor. Mes parents, Caroline et Luc, se sont rencontrés quand ils étaient ados et ne se sont jamais quittés depuis.

Mon père bossait dans le luminaire, c'est lui qui posait les enseignes de magasins ou bien, tu vois l'Olympia et ses grandes lettres rouge ? C'est lui qui les posait. Aujourd'hui, il n'est plus du tout dans ce domaine, il est plombier-électricien-chauffagiste, homme à tout faire quoi. Ma mère, elle, est entré à la Poste lorsque que j'avais deux ans et demi, c'est d'ailleurs à ce moment là, où je suis entrée à l'école. Oui, deux ans et demi. Ma mère a réussi à m'y faire entrer parce qu'elle n'avait aucune solution pour me faire garder.

Là-bas, on vivait dans un minuscule appartement, avec seulement deux chambres, l'une pour mes parents, l'autre pour moi et mes frères. Pour le peu que je me souvienne, à l'école, ça allait bien. J'avais des copines dont Sarah qui était la voisine de ma grand-mère paternelle. Comme mes deux parents bossaient, c'est souvent ma grand-mère maternelle qui nous gardait, nous amenait à l'école. Ma grand-mère paternelle, venait nous chercher de temps en temps, elle habitait pas très loin de l'école.

Tu te demande peut-être où sont mes grands-pères ? Mon grand-père paternel est mort avant ma naissance, il s'est suicidé alors que son dernier enfant n'avait que 17 ans. Drame familiale. Mes oncles et tantes ne parlent plus à ma grand-mère depuis, ils pensent que c'est totalement de la faute de cette dernière... Je ne sais pas grand-chose, ça reste une histoire tabous mais un jour, j'aimerai comprendre comment on peut accuser sa mère, la détester et la renier sans avoir de preuves.

La vie est courte mais parfois, le chemin est long et douloureux. On se sent parfois seul, perdu et on finit par faire des actes qui divisent.

Papy, je t'en veux parfois pour tout ça. Parce que mamie est malheureuse et ne voit pas ses petits enfants et arrières petits enfants grandir. Parce que tata Nath parle tellement mal de mamie. Parce que j'aurai aimé te connaître et voir de qui je tiens ses yeux bleus et cette chevelure blonde. J'espère que tu es fière de nous, là haut. Je t'aime.

Quand j'ai eu l'âge de quatre ans, un nouveau bébé est arrivé, ma cousine, Élise. Tu vas peut-être rire mais j'ai mal vécue son arrivé. Je n'étais plus la seule fille ni même le petit bébé de la famille. Ma mère m'a raconté que je faisais des crises de jalousie énormes.

La même année, nous avons quittés notre ville pour un village. Maintenant cinq heures me séparait de mes grands-mères. Nouveau départ pour tout le monde. Mon père et Tao étaient parti avant ma mère, Victor et moi. On est resté un peu plus longtemps, chez ma grand-mère maternelle.

Ma mère bossait toujours là bas, elle rentrait tout les weeks-end pour voir sa famille. Je me souviens que c'était une période compliquée pour tout le monde. Mon père était un peu dépassé par tout ça. Lui qui était souvent en déplacement, il devait s'occuper de trois enfants, de 4 ans, 8 ans et 12 ans qui se chamaillent pour un oui ou un non.

En parallèle, il tentait d'ouvrir son entreprise de plomberie mais ça n'a jamais fonctionné.

Finalement, ma mère a prit une année sabatique pour nous rejoindre. Elle bossait de temps à autre dans les champs et vergers pour nous nourrir du mieux possible.

Je suis rentrée en moyenne section. Ma vie a prit un autre tournant. Les enfants sont méchants entre eux, c'est maintenant, du haut de mes vingts ans que j'en prend conscience. J'étais la petite nouvelle, la parisienne comme les vieux du village disaient, petite et ronde. On se moquait de moi mais j'étais heureuse, enfin, je crois.  

Mes années de primaire ont été bercé par les insultes, les pleures, les sourires, la haine, le manque de ma famille. 

C'est la fin pour ce soir. 

Bisous,

Angèle.