Bonus #2 - Les couleurs des dinosaures

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—   Hey ! lance Clément en jetant un œil de l'autre côté de la vitrine. Chocolats. On s'arrête ?

—   Oui ! s'exclame Sarah.

Se tournant vers Manu, Clément ajoute :

—   C'est pas lui, en plus, dont on avait vu des bonnes critiques sur internet ?

Manu hausse les épaules.

—   Si. Mais tu sais, les critiques...

—   Roooh, sois un peu confiant, pour une fois. J'ai un bon feeling.

—   Je te dirai mon feeling une fois qu'on aura testé, rétorque Manu.

—   Moi aussi j'ai un bon feeling, commence Sarah.

—   Toi t'as une bon feeling envers tout ce qui se mange, lui sourit Clément. T'es bien la nièce de ton oncle, tiens, la taquine-t-il en poussant la porte.

Manu soupire, et s'engage à leur suite.

Immédiatement, il a l'impression d'entrer dans un autre univers. La rue toulousaine, pourtant lui d'être déserte, a l'air bien morne en comparaison de ce qui se passe à l'intérieur. Il reconnaît Neil Young en fond sonore, et la richesse des odeurs qui viennent titiller ses narines le force à s'arrêter. Il y a bien évidemment le chocolat, lourd et velouté, mais aussi de la cannelle, des fruits secs, du café chaud et, par-dessous, une fragrance plus acide et fruité – sûrement du citron, ou peut-être de l'orange. Autour d'eux, les gens parlent, rient, les cuillères tintent, et tout cela vient rythmer la musique, de manière non pas à la dénaturer, mais à la renforcer, à lui donner plus de sens.

C'est comme ces murs multicolores et ce mobilier : ailleurs, ça lui aurait paru agressif et témoignant du pire mauvais goût possible, mais ici, tout semble prendre sens, comme un de ces puzzles dont l'image ne se devine qu'une fois toutes les pièces assemblées.

La pièce maîtresse, la clé de voûte, semble être le jeune homme derrière le comptoir. Grand, dégingandé, avec des cheveux d'un blond terne qui lui tombent autour du visage, il aurait pu être comme tout le reste, ridicule, mais ses yeux bleus trop grands et son large sourire lui donnent un certain charme, un magnétisme certain.

Mais ce qui attire, plus que son visage avenant, ce sont ses mains, qui virevoltent par-dessus les chocolats dans sa vitrine, sans paraître vraiment les toucher, mais pourtant en remplissant des boîtes sans que le reste de son corps ne semble avoir un quelconque rôle dans le processus.

—   Tu viens ? l'appelle Clément, deux pas devant lui, brisant sa contemplation silencieuse. Ça va être à nous.

En effet, il ne reste plus devant eux qu'une étudiante en jogging du dimanche, qui repart avec un cookie et un café à emporter.

—   Bonjour ! les accueille Thom alors que déjà ses mains volètent au-dessus des chocolats. Deux cafés, c'est ça, demande-t-il sans les quitter des yeux. Et pour la demoiselle, une part de Paris-Brest ?

Son regard remonte sur les deux hommes, et il ajoute :

—   Deux parts. C'est pour la maison.

Avant qu'ils n'aient eu le temps de dire quoi que ce soit, Clément et Manu se retrouvent avec deux tasses, deux assiettes où la générosité de la pâte à choux dispute la place à la chantilly au chocolat, et une boîte de chocolats de taille moyenne.

Clément sort sa carte bleue et l'insère dans la machine.

—   Tu es une artiste, jeune demoiselle, non ? demande Thomas à Sarah.

Fisc, Crimes et Chocolat [TERMINÉE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant