Exit [Newt]

Troubles

- N... Newt ?

- ... Oui? Qu'est-ce...

- Aides moi, je t'en prie ! Je... tout ce que j'ai fait... Elles m'en veulent, elles m'en veulent ! je m'écrie, paniquée, tirant sur mes cheveux.

Je les entends encore. Je les entends toujours. Alors je plaque mes mains contre mes oreilles et me met à crier à mon tour. Pour les faire taire. Je veux qu'elles arrêtent, qu'elles me laissent en paix. Mais elles continuent à gémir de douleur sans que je puisse rien y faire.

Je perds tout sens de la réalité. J'ai mal. Mal à la gorge, mal à la tête. Je ne sens même plus mes cordes vocales. Mais je l'entends quand même se rapprocher, s'enfonçant à mes côtés dans l'eau. Ses bras m'entourent en un étau réconfortant. Je continue néanmoins à hurler, à trembler tandis qu'il essaye de me calmer. Et puis elles s'éloignent enfin. Elles partent et j'abaisse lentement mes mains libérant mon ouïe. Les sons apaisants de la forêt reviennent en bruit de fond et je me rends compte que je me trouve accroupie dans l'eau, trempée, gelée jusqu'aux os.

Et puis j'en m'en rappelle. Le Labyrinthe, les blocards, WICKED, la sortie. Je me souviens aussi qu'il est là, que je lui dois des explications. Il va probablement me prendre pour une folle mais je m'en fiche. Ce sera encore pire si je ne lui dis rien.

- Elles... elles me parlaient, Newt.

- Qui ? Qui ça ? demande-t-il, troublé.

- Des voix. Des dizaines, des centaines de voix. Oh, si tu les entendaient ! je murmure en tremblant.

Ses bras se resserrent un peu plus autour de mes épaules mais il ne dit rien.

- Elles m'en voulaient, elles m'en voulaient terriblement. Et elles hurlaient, de douleur, de colère. Tout est ma faute, Newt ! J'ai fait quelque chose de mal. Quoi je n'en sais rien, mais... mais je n'aurais pas dû le faire.

Je pince fortement mes lèvres pour ne pas me mettre à pleurer mais je ne peux m'empêcher de renifler ou de frissonner à l'évocation de toute ces voix. À qui appartiennent-elle ? Pourquoi hurlaient-elle avec autant de souffrance ? Newt est toujours derrière moi. Je ne vois pas l'expression de son visage, je sens juste son souffle brulant buter contre mon oreille lorsqu'il soupir.

- Écrase, d'accord ? C'est bon, tu as dû faire une crise d'angoisse. C'est arrivé à beaucoup de nouveau alors il n'y a pas de quoi s'affoler, déclare-t-il d'une voix blanche. Rien de tout ça n'a lieu de t'inquiéter.

Un étrange calme m'envahie, se diffuse dans mon esprit. Je me retourne vers lui tandis qu'il me tire hors de l'étang gelé. Je suis complètement frigorifiée. Je ne sens même plus mes jambes. Alors je me laisse plus ou moins guidée, encore sous le choc.

- Newt, attends. Je..., je marmonne.

Il se retourne vers moi et me dévisage d'un air sérieux. Sérieux au point que j'en ai l'impression qu'il me regarde de haut. Ce n'est peut-être pas le cas mais il m'exaspère. Je ne sais pas ce que je fiche ici, avec tout ces garçons qui me prenne pour un extra-terrestre. Qui sont-ils ? Pourquoi n'ont-il aucune confiance en moi ? Qu'est-ce qui se cache derrière ces murs ? Et pourquoi sommes-nous dans cet endroit ? Je ne suis là que depuis une demi-journée et je n'en peut déjà plus d'être enfermée comme cela. Et tous ces gars, tous ces humains... Pourquoi ont-il étaient cloitrés ici ? Qu'ont-il fait ?

- Aides moi à comprendre.

Newt se rapproche de quelques pas avant de déclarer :

- Il n'y a rien à comprendre.

- Rien du tout ? Vraiment ? je demande aussi convaincue que si on voudrait me faire croire aux poney volants.

- Oui. Rien du tout.

- Tu me mens. Tu vas me dire que vous n'avez RIEN trouvé ? Je sais, je suis nouvelle. Et en plus de ça je suis une fille mais... je veux juste... comprendre.

Il soupire et m'attrapant par le bras il me tire à travers la forêt. Je me glace. Je déteste les contacts. Sans vraiment comprendre pourquoi.

- Hé ! Mais qu'est-ce que...

- Tu es fatiguée. Tu dois te reposer. Suis-moi.

Je roule des yeux mais me laisse guider par le garçon. Que pourrais-je faire de plus de toute manière ? Me débattre ne servirait à rien. Nous finissons par ressortir hors de ce que les « Blocards » appellent « le Terminus ». Je crois que c'est là qu'ils enterrent leurs morts. Je ne comprends pas vraiment comment on pourrait mourir ici. Le « Bloc » n'est pas vraiment un endroit dangereux. Ou peut-être est-ce à cause de ce qui se trouve derrière ces murs ? Je dois découvrir ce que l'on me cache.

- C'est ici.

Je sursaute. J'en avais presque oublié où j'étais. Je suis le regard sombre du blond et mes yeux se pose sur un petit cabanon de bois adossé à un des quatre murs. Coincé entre deux arbres, à proximité de la forêt, il est vraiment minuscule mais en me penchant au dessus de la fenêtre de verre je me rends compte qu'il s'y trouve un lit ainsi qu'une petite table de chevet.

- Merci.

- Ouais. Tu pourras remercier quelqu'un quand on sera tous sortis, grommèle-t-il avant de tourner les talons.

Je le regarde s'éloigner, un poids sur la poitrine. Depuis combien de temps sont-ils là ? Des mois, des années ? Je détourne finalement les yeux et entre dans la cabane de bois. Comme je l'avais deviné l'intérieur est minuscule mais comporte quand même une toute petite salle de bains. Je souris faiblement en repensant à tout ce que j'ai vécu. C'est fou comme votre vie peut basculer en si peu de temps. Qui étais-je il y a une demi-journée ? Une fille heureuse, une adolescente normale ? Ou est-ce que j'étais entre les mains des personnes qui m'ont envoyé ici ? Et pourquoi ces voix ? Je m'assoie sur le bord du lit, réfléchissant intensément, et ce fut s'en m'en rendre compte que je partis au pays des songes.