Chapitre 11 : Eliot

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J'essuyai mes lèvres couvertes de sauce en finissant mon rôti. Je n'avais jamais mangé aussi vite. La porte de la salle de bain s'ouvrit et Sven réapparut, une serviette blanche nouée autour de la taille. Je rougis violemment et détournai le regard.

— Va t'habiller s'il te plait.

— Pourquoi  ? demanda-t-il goguenard.

Je lui jetai un regard furieux.

— Parce que tu es presque nu devant une jeune fille. Mets au moins un pantalon.

Sven éclata de rire, je lui fis signe de faire moins de bruit en lui rappelant d'un geste que nous n'étions pas seuls et qu'il allait réveiller tout le monde en continuant à rire de la sorte. Il se calma et soupira.

— Tu n'as qu'à détourner les yeux.

— Écoute, je suis une princesse, tu ne peux pas te promener n'importe comment en ma présence c'est un manquement au protocole.

— Écoute ma belle, je suis un prince donc je fais ce que je veux. Et aux dernières nouvelles ici ni toi ni moi n'avons de sang royal. N'est-ce pas Anne  ?

Je levai les yeux au ciel et détournai le regard sans oublier de lui lancer des éclairs auparavant. Cela ne servait à rien de s'énerver ce soir, il était insupportable et le resterait. Quelqu'un toqua à la porte. Sven ouvrit. Un jeune homme se tenait sur le perron. Je sursautai et me terrai sur ma chaise. Décidément je n'avais aucune intimité dans cette maison. Sven, qui avait revêtu un pyjama en coton blanc, l'invita à entrer. L'inconnu passa une main dans ses cheveux blonds cendrés et posa ses yeux verts sur moi. Il était séduisant. Certes, Sven l'était tout autant, mais Sven était invivable. Le nouveau venu traversa la pièce, se saisit de mes doigts et y déposa un baise-main. En lâchant ma paume, il planta son regard dans le mien. Je déglutis tant sa beauté me saisissait.

— Mademoiselle, susurra-t-il sans me quitter des yeux. Monsieur, poursuivit-il en regardant un instant dans la direction de Sven, resté planté à l'entrée.

Sven ferma enfin la porte.

— Enchantée, je m'appelle Au...

— Anne  ! me coupa Sven en nous rejoignant autour de la table. Je vous présente ma sœur Anne et je suis Sylvain.

Il se positionna devant moi, de telle sorte que je ne voyais plus que le bas de son dos. Je tentai de le pousser discrètement, mais il resta planté devant mon visage.

— Je suis Eliot, votre voisin d'en face, dit-il en désignant la fenêtre du menton. Je vous souhaite la bienvenue parmi nous.

— Merci, répondit Sven.

— D'où venez-vous  ?

— Nous sommes de Lastrée, répondis-je en bousculant Sven sur le côté.

— Je venais simplement vous conseiller d'aller voir Moena demain avant d'aller vous faire pucer, elle a des herbes qui endorment... Ça atténuera peut-être la douleur.

Je me levai et fis une légère révérence.

— Merci de vous soucier de nous, nous le ferons.

Eliot se figea et Sven me donna un coup de coude.

— Qu'est-ce qui te prend Anne  ? Tu n'es plus domestique à la cour tu peux cesser tes révérences, me gronda-t-il. Ne faites pas attention à ma sœur, elle est passionnée par ses fonctions à la cour.

Eliot me prit la main et me redressa gentiment. Gênée, je le laissai faire. Je ne comprenais pas pourquoi j'avais automatiquement salué ce jeune homme. Je levai mon visage vers le sien et son doux sourire disparut, je vis l'effroi passer à travers son regard alors qu'il me scrutait de plus près. Je le détaillai avec plus d'attention, son visage ne m'était pas inconnu. Il ne me laissa pas réfléchir davantage.

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