BEYOND OUR STARS

Un Appel Bouleversant

  Le téléphone gisait sur le carrelage de la cuisine et ne retentissaient plus dans l'esprit d'Adeline que les dernières paroles qui lui étaient parvenues.

  Depuis le temps que la NASA en parlait, la nouvelle Expérience 5PBOS allait enfin voir le jour.

  Après la Guerre de 50 – 54, l'air sur Terre était vite devenu irrespirable. Lorsque les masques filtreur d'oxygène n'avaient plus suffit, aux alentours des années 2060, une nouvelle ville souterraine avait été bâtie. Adeline avait déjà eu l'occasion de voir le ciel, avant même les séries de bombardements aériens entre la Péninsule Coréenne et les États-Unis. Ses enfants, Suzanne et Tristan, eux, n'avaient jamais eu cette chance. Ils ont tous deux toujours vécu avec un sinistre plafond au dessus de leur tête.

  Et ce jour là, Adeline apprenait que sa fille aînée se portait volontaire pour tester cette fameuse expérience qu'était celle dont les initiales ne signifiaient rien d'autre que « Five People Beyond Our Stars ». Le but de celle-ci était d'envoyer cinq personnes effectuer le premier voyage dans le temps de l'Histoire, pour revenir en arrière et réparer les erreurs du passé.

  Suzanne, qui aidait tout de même la communauté des rescapés souterrains à survivre grâce aux vivres que certaines patrouilles allaient parfois rechercher à la surface, avait commencé une première année de licence professionnelle dans la sauvegarde et la protection de l'environnement, comme la plupart des jeunes à cette époque. Ainsi deux « clans » de chercheurs et étudiants s'étaient formés : tous deux s'appuyant sur les dernières innovations technologiques, le premier misait sur la restauration d'un climat et d'une biodiversité pour un futur retour à la surface de la planète, le second, lui, spéculait sur une possibilité de trouver une autre planète accessible et habitable ou de retourner cinquante ans en arrière pour rétablir un écosystème stable et éviter la Guerre. Suzanne avait toujours fait confiance aux idées du premier « clan », et préférait ne pas s'attarder sur les aspirations utopiques du second. Mais alors pourquoi s'était-elle présenter à la NASA ? Pourquoi mettait-elle sa vie en jeu pour ce qu'elle prétendait n'être que de pures spéculations ?

  Adeline pleurait et se noyait dans un nouveau désespoir lorsque Tristan descendit les escaliers et la vit :

  « Maman? Qu'est-ce qui se passe ?

- Oh, mon chéri ! s'exclama-t-elle en prenant son fils de sept ans dans ses bras.

- Tu as des nouvelles de Suz' ? lui demanda-t-il, innocemment. »

  Adeline se pencha doucement devant lui et prit délicatement ses petites mains dans les siennes.

  « Écoute, mon grand, tu te souviens de ce que disait ton père en revenant de la Guerre ?

- Oui, avoua le jeune garçon d'une voix soudainement mélancolique.

- Que te répétait-il ? Dis le moi !

- Il me disait que je devais être fort car si la mort est un adversaire de taille, la vie est bien plus redoutable encore.

- Bien. C'est ça. C'est exactement ça. Alors maintenant, tu vas me suivre, d'accord ?

- Mais pourquoi ? Pour aller où ? Et où est Suzanne ? »

  Tristan était perdu. Il ne comprenait pas pourquoi sa mère était dans un tel état. D'habitude, lorsqu'elle se remémorait les moment passés avec Papa, elle devenait très nostalgique mais ne pleurait jamais, parce qu'elle savait qu'il reviendrait un jour de cette garde pour laquelle il était parti à la surface. Du moins, elle disait en être sûre. Cette fois, la panique se reflétait dans les yeux, mais aussi la colère et la détermination. Et, intimement, Tristan était persuadé que Suzanne n'y était pas pour rien.

  Adeline prit rapidement son manteau et celui de son fils qu'elle l'aida à enfiler, puis ouvrit la porte et se retrouva immédiatement devant la reproduction souterraine du Benjamin Benneker Park. Le siège de la NASA n'était pas loin et en tram électrique, ils ne devraient pas prendre plus de dix minutes à y arriver.

  « Maman, osa Tristan, tout timide et déboussolé. Où est Suzanne ?

- Je ne sais pas, mon chéri. J'espère juste qu'elle n'est pas trop loin encore... »