Chapitre XXX : Infiltration

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J'entends soudainement un bruit sourd dans la pièce à côté...Je me fige sur place et je regarde attentivement et furtivement autour de moi. Rien ne bouge. Je me détends un peu. J'espère de tout cœur que ce n'est pas Anna ou pire, Fabrizia, qui revient.
Je vois alors quelque chose qui ne m'avait pas frappée en entrant.
Il y a deux rideaux, rouge bordeaux, dans la pièce. Un des deux est ouvert et maintenu ainsi pour laisser la vue sur le jardin, et le deuxième obstrue quelque chose.
Je vais entrouvrir légèrement les pans du rideau et ce que je vois me laisse pantoise...

Un spectacle des plus étranges s'offre à moi.
C'est à peine si j'en crois mes mirettes...
Derrière ce rideau magnifique, à travers cette fenêtre qui a l'air doublement blindée, on surplombe une immense salle dans les tons globalement blancs et gris, dans laquelle on aperçoit une foule de personnes en blouse blanche, probablement des scientifiques ou des chercheurs malfaisants. Certains sont en train de restranscrire des rapports sur un clavier d'ordinateur en fixant leurs feuilles de notes puis l'écran devant eux à tour de rôle, d'autres se baladent dans cette sorte de laboratoire avec un carnet et un crayon à la main.
Je reste figée devant ce spectacle et tente de me faire la plus discrète possible. Il ne faudrait pas que l'on me voie à travers cette vitre qui sépare deux mondes bien disctincts.
Je continue mon observation avec une grande attention. Je regarde les immenses bocaux près de tout un groupe d'hommes et de femmes en blouse blanche. J'écarquille les yeux et retiens alors un cri quand je comprends ce qu'il y a dedans.
Dans la plupart de ces capsules remplies d'un liquide vert jaunâtre baignent des corps...Des corps humains...Des corps de loups...Ils ont l'air dénués de vie. Ils flottent tout simplement dans ce liquide immonde, les poils ou les cheveux voletant comme s'ils étaient sur le passage d'un courant d'air.

Soudain, j'aperçois un groupe de scientifiques qui prélève du sang sur un spécimen qui a l'air d'être sous sa forme de loup-garou bipède, la forme moche comme on l'appelle avec Alexis.
Je plisse les yeux pour mieux voir. Deux autres chercheurs vont prendre deux autres seringues dans un tiroir, qui paraissent déjà remplies d'un liquide blanc translucide pour l'une et blanc cassé pour l'autre.
On amène alors un humain couvert seulement par une sorte de pagne et un vrai loup, tous deux enchaînés à une table, comme celles qu'on trouve chez le vétérinaire mais avec des sangles en plus.
J'appréhende beaucoup ce que je vais voir. Vraiment beaucoup...J'ai peur de ce que ces gens peuvent produire et faire comme horreurs et comme abominations à la nature...

Les scientifiques injectent alors le contenu des serringues dans les veines de leurs sujets d'étude en quantités différentes.
Ces cobayes, qui n'en sont pas vraiment au vu de ce qui s'est passé avec Edward Gargow en imaginant qu'il est lié aux affaires des Minuit, se cambrent alors avec sauvagerie, autant l'humain que le loup. Ça a l'air de faire mal...
Je vois avec horreur et un dégoût grandissant l'humain se couvrir de poils et prendre une forme de plus en plus lupine. Quant au loup, c'est identique mais c'est le processus inversé. Ses poils se rétractent et ses membres se raccourcissent pour devenir de plus en plus humanoïdes...

L'homme lâche alors un hurlement strident que j'entends à peine à cause de, j'imagine, la bonne isolation sonore de cette salle. Il serait quelque peu inconvenant d'entendre ce genre de cris pendant quand les Primus sont dans la salle presque à côté...Après l'effort de ses cordes vocales nouvelles, l'homme s'effondre avec une impression d'épuisement apparent. Qui sait ce qu'il a vécu juste avant...
Je pense avec regret à Edward Gargow. Mes mots, pourtant simples, ont su le soulager et libérer son âme encore prisonnière de ce monde mais qu'en est-il du reste des gens ?
Le loup qui ressemble de plus en plus à la forme hybride des loups-garous...Je crains ce qui va suivre, ce que je vais voir.

Les chercheurs ont l'air satisfaits mais soudainement, le loup saute à la gorge d'un des humains l'entourant. Il devient de plus en plus agressif et un autre chercheur, plus réactif que les autres, finit par tirer une balle dans le corps du loup hybride modifié, dont le corps s'affaisse alors sur celui de l'humain, également sans vie.
J'ai les larmes aux yeux.
Comment peut-on faire subir ça à des êtres vivants dotés de sentiments complexes ? Je porte ma main à ma bouche, sur mon masque noir, pour ne faire aucun bruit. Les chercheurs se dispercent et finissent par reprendre leurs activités plus passives, administratives.
Je ferme totalement les rideaux avec attention, pour ne pas trop les faite bouger et attirer le regard des personnes en bas.

Mon lycanthrope favoriWhere stories live. Discover now