Under The Rain ( PUBLIE AUX ÉDITIONS ADDICTIVES)

Faye

La semaine est passée à une vitesse folle. Je n'ai pas eu une minute à moi. Eva et moi sommes à Galway depuis déjà presque trois semaines et je dois dire que je m'habitue excellemment bien à cette vie irlandaise. Ma famille me manque énormément mais je me sens bien ici. Je trouve, au fur et à mesure, ma place parmi ces personnes incroyables que je côtoie chaque jour. J'adore mon job au café, Liv est si incroyable, et d'une très grande gentillesse. Elle est géniale, sa bonne humeur me donne toujours le sourire et ce n'est clairement pas une patronne difficile. Elle se comporte plus comme mon amie que comme ma chef. Je suis carrément la fille la plus chanceuse du monde en étant tombée sur cette perle rare qu'est Liv Donovan.

Eva aussi commence à s'habituer à notre nouvelle vie. J'ai été inquiète le jour où elle m'a dit qu'elle me suivait jusqu'en Irlande pour m'aider à oublier mes problèmes. Je me suis dit qu'elle ne serait pas heureuse dans une ville qu'elle ne connaît pas, qu'elle ne trouverait pas sa place. Puis, elle n'était pas si malheureuse dans notre région auvergnate. Mais je suis heureuse de m'être trompée. De nous deux, elle est celle qui accepte le plus sa nouvelle vie, ou du moins celle qui passe le plus vite à autre chose. Elle a trouvé un petit ami qui est apparemment parfait, un job d'infirmière dans un hôpital qu'elle a obtenue grâce à Sienna, et un nouveau groupe d'amis. Elle s'est acclimatée à l'Irlande et je sais qu'elle est plus heureuse ici qu'en France. Tout comme moi. L'Irlande est parfaite pour moi.

Je suis aussi très chanceuse de compter parmi mes amis l'ange qu'est Noam Wilderon. Il est devenu comme un frère pour moi, le frère que j'ai toujours voulu. Grandir avec Maya et Charlotte, mes deux grandes soeurs, a été fantastique, du moins pendant un temps. Nous avons été proches pendant toutes notre enfance. Aujourd'hui, nos rapports ont changé. Maya est mariée et a formé sa propre famille, composée de deux magnifiques jumelles de cinq ans, Mathilde et Louise. Quant à Charlotte, elle n'en fait qu'à sa tête, passant la plupart de son temps à s'amuser, à dilapider son argent en quelques jours, et gâcher la vie de ses proches. Nous nous sommes toutes bien éloignées. Notre belle enfance est devenu un lointain souvenir.

Avoir deux soeurs a été génial, mais il m'a toujours manqué un frère. Un grand frère m'aurait été très utile pour me protéger de tous ces garçons malveillants, ces petits cons qui jouent avec les sentiments d'une fille. Un en particulier. Je plainds mon père de s'être uniquement occupé de filles. Mon pauvre père a toujours rêvé d'avoir un garçon. Manque de chance pour lui, il n'a eu que des filles. Je lui ai souvent fais office de fils de substitution ce qui décuple notre complicité. Lui et moi pouvons passer des heures à regarder le sport à la télévision. Tous les sports. Je m'étais même inscrite dans un club de foot et dans un club de basket pour lui faire plaisir. C'est au sein de ces clubs que je me suis sociabilisée. Je dois bien admettre que mon père me manque énormément. Ils me manquent tous les deux. Mes parents m'appellent tous les deux jours pensant que je vis des choses extraordinaires. Ils me croient en plein road trip. Ils ne connaissent décidemment rien du pays et de la ville où je me trouve.

Ce matin, je me surprends à me lever tôt. D'habitude, je suis une adepte des grasses matinées. Mais depuis que je travaille, je ne me réveille plus à midi ou en plein après midi. Je reprends un rythme de sommeil normal, régulier. Ma mère serait fière de moi. Je l'entends déjà me dire " félicitations ma fille tu deviens adultes " ou encore " Il était temps que tu grandisses jeune fille ". Je me réveille de bonne humeur, en chantonnant presque. Noam se trouve déjà aux fourneaux. Il adore cuisiner. Une sorte de passion. Il est d'ailleurs très doué, il sait allier les saveurs tel un grand chef. Avec peu d'aliments, il réussit à concocter un succulent festin. Ses beignets aux pommes cannelles sont une merveille. Je n'ai jamais rien mangé de si bon. Mes papilles s'en souviennent encore. Heureusement, il n'en fait pas souvent sinon je finirai par atteindre les trois chiffres sur la balance en deux mois.