Joyeux Noël !

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La famille McGonagall sortit du cinéma peu après 18h30, juste à temps pour aller à la gare et prendre le train qui les ramènerait chez eux. Pendant le trajet, ils discutèrent de tout ce qu'ils avaient découvert. Des actualités aux films, de la possibilité de combiner le son avec les images en passant par la magnificence de la salle, ils passèrent en revue tout leur après-midi, des étoiles plein les yeux.

En rentrant, Isobel partit préparer le repas en chantonnant. Pour une fois, Robert décida de s'installer à la petite table de la cuisine pour continuer leur discussion. Emporté par son enthousiasme, il s'entendit même qualifier ce nouveau divertissement de magique.
« On peut dire ça, oui... répondit Isobel en souriant.
- Tu veux bien me raconter ?
- En fait, le cinéma s'est inspiré des photographies sorcières. Ce sont d'abord les moldus qui ont inventé la photographie, quelques années avant la naissance d'Henri Méliès, un sorcier né de parents moldus.
- Ah bon ? interrompit Robert. Il est allé dans ton école, alors ?
- Non, c'est un français. Il est allé à Beauxbâtons, l'école de Sorcellerie française. Il s'est très vite intéressé à la photographie, découverte grâce à un de ses oncles. Il fut d'abord moqué, les sorciers préférant largement les portraits, qui eux, peuvent bouger.
- Piqué au vif par ces commentaires, il a beaucoup travaillé et inventé les photographies sorcières, qui bougent. Elles saisissent l'instant présent, et les personnages dessus font tous les gestes qu'ils étaient en train de faire au moment où la photo a été prise.
- D'accord. Et le cinéma ?
- L'idée des images qui bougent est assez universelle. Les frères Lumière, d'autres moldus français, ont créé une machine pour faire bouger les images. Quand il a vu ça, Georges Méliès, le petit frère d'Henri et parfaitement moldu, a pensé avec émerveillement qu'il pourrait faire les mêmes choses que son frère. Il a voulu racheter le brevet de la machine, ce que les frères Lumière ont refusé.
- Je les comprends... Il a fait quoi, du coup ?
- Il a créé une autre machine avec un ami anglais. Tous les deux ont ainsi monté plusieurs films qu'il a pu utiliser dans ses spectacles d’illusionniste... On sent vraiment l'influence de ce grand frère sur ses benjamins. Gaston, le troisième, a réalisé des films depuis les États-Unis.
- C'est impressionnant ! »

Minerva, installée à sa place habituelle, mangeait avec appétit. Quand elle eut fini, elle quitta la cuisine en chantonnant la musique de la souris, sous les sourires attendris de ses parents.
Quand elle fut couchée, Robert demanda à sa femme de lui montrer comment elle utilisait la magie dans la maison. Il n'aurait pu lui faire plus beau cadeau et, fébrile, elle sortit la baguette magique qu'elle avait l'habitude de cacher et lui fit la démonstration de plusieurs petits sorts ménagers.

Le mardi suivant, veille de Noël, Isobel préféra passer la soirée avec sa fille, tandis que son époux célébrait l'office de minuit. Robert rentra tandis que Minerva s'émerveillait devant le patronus d'Isobel, un écureuil qui courait dans la pièce. Aussitôt, son air se fit taciturne. Peinée, Isobel fit s'évanouir l'animal de vapeur argentée, rangea immédiatement sa baguette magique et servit le souper. Elle ne dit rien pendant tout le début du repas, principalement à cause de la boule de larmes qui restait dans sa gorge, menaçant à tout instant de la faire pleurer devant son mari. Évidemment, les enfants ressentant souvent fortement les émotions de leurs parents, c'est Minerva qui fondit en larmes, entraînant sa mère dans la foulée. Robert sembla fort surpris et déconfit, entre ses deux femmes en larmes.
Quand Isobel se fut ressaisie, elle lui expliqua d'abord qu'elle avait été idiote. Elle avait pensé qu'elle pourrait utiliser plus souvent la magie à la maison, y compris devant lui. Mais que ce n'était pas le rôle d'une épouse de pasteur et, se confondant en excuses, elle promit de ne plus jamais sortir sa baguette magique devant lui, avant de se remettre à manger, un air d'une infinie tristesse sur le visage.

« Isobel... commença Robert, qui ne savait pas bien que dire. Ce n'est pas vraiment ta baguette qui m'a surpris. Tu m'as montré tellement de jolies choses, dimanche ! C'est juste que... C'était quoi, ce fantôme ? Il ne faut pas jouer avec le diable, tu sais ! »
Isobel regarda son mari avec surprise. Elle passa en revue ce qui se passait quand Robert était rentré dans le salon. Et elle comprit la méprise.
« Ce n'était pas un fantôme, mon chéri. C'est mon patronus. C'est un concentré de bonheur, pour faire face aux pensées noires. C'est une lumière dans les ténèbres, si tu préfères.
- Oh !
- Jamais je ne ferais de magie diabolique, mon chéri. Tout ce que je fais est en accord avec la nature et les lois de Dieu... »

Robert sembla rassuré par les paroles de sa femme. Il attendit toutefois que Minerva fut endormie pour poser la question qui lui brûlait les lèvres depuis des années sans qu'il ait jamais osé la poser. « Pourquoi est-ce que tu ne m'as pas dit plus tôt, pour tes pouvoirs ? »
Isobel respira un grand coup. Il fallait bien qu'elle lui explique, après tout. Sauf qu'elle ne savait pas quoi lui dire. Finalement, elle décida de faire ce qu'elle aurait dû faire le jour où il l'avait demandée en mariage : expliquer le plus simplement possible.
« C'est vrai que j'aurais pu... J'aurais dû te dire que je suis une sorcière. Et si tu m'avais dit non, j'aurais simplement effacé le souvenir de la discussion... Ne me regarde pas avec ces yeux ronds. C'est très réglementé, on ne se sert de ce sort que pour protéger le Secret Magique. Et on ne modifie que le strict minimum. Tu n'aurais eu aucun souvenir de la partie je suis une sorcière, est-ce que tu veux toujours m'épouser et ensuite, je t'aurais simplement dit non.
- Ça a l'air simple, dit comme ça...
- Oui...
- Et pourtant, tu ne l'as pas fait.
- Non, murmura-t-elle.
- Pourquoi, dans ce cas ?
- Parce que... Parce que je n'aurais jamais été capable de te regarder dans les yeux pour te dire non... »

Robert rit en entendant cette phrase. Lui qui s'était posé tellement de questions sur son mariage, voilà que, d'un coup, il avait la réponse ! Tout sourire, il se leva du fauteuil où il était installé. Il attrapa les mains d'Isobel, médusée, et la fit se lever. Puis, là, au milieu de leur petit salon, il s'agenouilla comme il l'avait fait sept années auparavant. Et, regardant Isobel dans les yeux, il lui demanda :

« Isobel Ross. Veux-tu m'épouser ? »

Isobel McGonagallWhere stories live. Discover now