Prologue

29 3 0
                                    


« L'air et l'amour ont de multiples points communs.

On meurt d'inamour comme on meurt d'asphyxie.

L'amour est la respiration de la vie. »


Le vent est glacial mais je continue d'avancer, toujours plus vite. Je respire à pleins poumons cet air pur et froid qui me pétrifie intérieurement. Cette fois-ci, je t'attends. Ainsi, tu ne me prendras pas par surprise. Je me réfugie dans cette usine désaffectée pour espérer t'y voir à nouveau. Tes nombreuses apparitions m'ont intriguées et je veux te connaître.

Ce n'est plus la peine de te cacher, dis-moi seulement qui tu es. Je m'approche d'une fenêtre et observe le coucher de soleil qui s'enfonce tranquillement derrière les collines. La végétation sèche et dense change de couleur, toute cette étendue disparaît en même temps que le jour. Le silence qui règne devient pesant et inquiétant.

On peut entendre au loin quelques cris d'oiseaux perçant étouffés par le vent. Mes cheveux s'animent avec la brise qui se faufile par les vitres cassées – Je ferme les yeux, court sentiment de liberté et de bonheur. Je m'assieds sur un rebord de fenêtre et attends un signe de toi.

Une odeur soudaine de sang me donnant la nausée m'indique ta proximité. La température ambiante descend de plusieurs degrés, j'en ai des frissons. Je sais pertinemment que tu es là et que tu m'observes. Je ferme mon manteau pour tenter de garder un peu de chaleur.

L'usine est tellement grande et sombre qu'il m'est impossible d'en voir la fin. Je sens mon cœur battre à tout rompre, ma respiration se fait pesante et instable. Un mouvement, une précipitation, un soufflement, une ombre. Oui, c'est toi, encore une fois. Tu réapparais étrangement à différents endroits de l'usine pendant de très courts instants. Je sais que je ne rêve pas. Je ne peux pas être fou !

Je sens que tu te rapproches de moi au fur et à mesure que tu apparais. Je t'effraie sûrement. Je chuchotedoucement – Ou plutôt, l'angoisse parle à ma place :

— Qui es-tu ? Viens, je ne te ferai aucun mal.

À droite, puis à gauche, ton ombre me fascine. Je sens mon rythme cardiaque s'accélérer d'avantage, je suis impatient à l'idée de te rencontrer. Et non, tu ne me fais pas peur. Je me relève et m'avance vers cette pénombre grandissante. L'odeur du fer provenant du sang me fait grincer des dents, je baisse la tête trouvant cela désagréable. Y avait-il un cadavre dans cette usine ? Je m'avance dans le noir, pensant venir vers toi. Je ne sais pas qui tu es, ni ce que tu veux. Plus je marche, plus j'entends des pleurs. Je ressens ta tristesse profonde. Le vent étouffe tes gémissements plaintifs. Pourquoi cries-tu ?

Je me guide au son de ta voix, un son que je n'avais jamais entendu auparavant : tellement fantomatique et attirant... Non, je ne rêve pas. Tu es là, assise, seule. Il fait trop sombre pour que je puisse voir ton visage. Je me baisse pour essayer de t'observer, mais à nouveau, tu te mets à crier – de douleur. Tu poses tes mains sur ton visage et tu te mords les doigts jusqu'au sang, comme pour t'interdire de me parler. Je prends peur et recule. Ton cri me blesse, mais je veux t'aider. Des larmes noires coulent à flot sur tes joues blanches.

Lentement, tes traits apparaissent avec la faible lueur de l'extérieur. Ton regard me terrifie : tes yeux sont rouges et tes larmes sont en réalité du sang. Je comprends mieux à présent d'où venait cette odeur de cadavre. Ta bouche s'entrouvre, tu as l'air hypnotisé par ma présence. Toujours en me fixant, tu t'approches de moi et retires doucement les doigts de ta bouche – Étrangement, ils ne saignent pas, je ne vois même pas la trace de tes dents dessus. Tu as enfin cessé de crier. Tes longs cheveux blonds sont tachés de rouge et désordonnés. Tu sembles toute fragile et perdue. J'ai presque l'air d'un monstre à tes côtés. Quoique...

Soulmates : ApparencesWhere stories live. Discover now