Chapitre 4

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La douleur physique n'est pas plus forte que toutes les souffrances psychologiques. L'idée même d'apprendre du jour au lendemain que vous êtes malade, n'est pas facile à digérer, je pense pour nous tous. Cela avait été pire pour moi, il m'était inconcevable que quelque chose gardait en otage à mon insu entre "ses mains": ma propre vie. Que ma mère me dicte tout ce que j'avais à faire, était déjà insupportable, alors une foutue cellule cancéreuse me ravageait entièrement ma vie. Ça m'acheva d'un coup de massue. En plus de tout ça, les médecins m'avaient soumis à un traitement stricte. Il entraînait de tout arrêté. Tout ce que j'aimais : mes passions, mes amis, ma famille; mon cancer avait tout fait partir en poussières. Je me devais d'arrêter les cours et par conséquent moins voir mes amis. Comble de tout, certaines personnes que je considérais comme mes frères, mes sœurs ont arrêté de me rendre visites, de peur "d'attraper" eux aussi le cancer. Pourtant par preuve du contraire le cancer n'est pas contagieux. Mais cela leur suffisait comme raison pour ne plus venir me voir. Enfin c'est ce que j'en ai conclue.

En ayant fait le choix de retourner au lycée, j'avais fait aussi le choix de revoir ceux qui avait été un jour mes amis. Nous étions à moins d'une heure de ma rentrée en classe de Terminale, de mon retour dans la réalité. J'avais pu passé dans ma classe normale car les cours par correspondance m'avait permis de garder le même niveau. Bizarrement je repris très rapidement mes habitudes. Mon réveil avait sonné à 6:11 précise - j'apportais une grande importance à mes numéros fétiches et le 11 en était un - puis me levait à la deuxième sonnerie quatre petites minutes plus tard.
La veille j'avais soigneusement organisé mes vêtements de façon à ce qu'à mon réveil je ne sois pas bouleversée par les événements et que dans la hâte j'oublie de me vêtir correctement. Je suis le genre de personne qui n'est pas très soigné tout les jours mais qui apporte un grand soin à son apparence les jours qui me paraissent plus importants. Je n'y peux rien, je suis comme ça. On ne change pas nos habitudes.

Il arriva le moment où je du me rendre à l'évidence. Étais - Je réellement prête à les revoir eux ? Ceux qui m'avaient blessé plus d'une fois à l'époque de mon diagnostique. Ceux qui ne m'avaient aucunement aidé à me sentir mieux mais plutôt a laisser tout tomber car c'était perdu d'avance selon eux. Certes ils n'avaient pas tord mais ils le savaient au fond que moi j'aimais gardé espoir un minimum au début. Mais pourquoi je ne tournerais pas la page et en écrire une nouvelle ? Peut être que si je m'intéressais plus aux études et pas à l'envie irrépressible d'avoir un tas "d'amis", ma vie serait bien mieux.
J'oublie ses pensées néfastes et me concentre sur l'excitation de revoir mes professeurs. Tout particulièrement Monsieur Delaures, mon professeur de français renforcé de mon année de seconde. Il m'avait soutenu dans l'idée que j'écrive une histoire. C'était le seul en qui je faisais le plus confiance vis à vis de mes écrits personnels. Il ne me jugeait que dans mes erreurs d'écriture et non sur la personne que j'étais.

Plus tard je descendis les marches de l'escalier d'un pas léger. Je me sentais de plus en plus libre comme une colombe relâchée après une longue captivité. Je sentais naître une larme au coin de mon œil. Cela pourrait passer pour quelque chose de cliché mais cette larme sonnait comme de l'émotion de vivre dans le vrai monde à présent, sans contraintes. Les petits bruits de la nature me rendent joyeuse sans aucune raison particulière. Mais c'est ça peut être de se sentir libre.

Pour ce premier jour, ma mère voulait absolument m'emmener au lycée et que je ne prenne en aucun cas les bus pleins de microbes selon elle. On ne change pas une personne et ma mère encore moins.
La radio rythmais le trajet en voiture qui me paraissait assez court. L'excitation redoublait à chaque fois que l'on passait un panneau indiquant la proximité du lycée. Arrivée sur le parking, une foule énorme se formait devant les panneaux d'affichages. J'arrive à y apercevoir Rachelle aux bras d'un garçon que je ne reconnais. Revoir mon ancienne meilleure amie aussi changée et heureuse comme ça, me fout un coup au moral. Mais je dérive mon regard et le pose sur ma mère. Elle m'observe et a compris mais je la stoppe, inutile qu'elle me console, il faut que je laisse le passé derrière moi et recommencer à aller de l'avant. Je décide donc d'embrasser ma mère et sortir de la voiture. En m'avançant jusqu'aux affiches des classes, je peux sentir des dizaines de paires d'yeux poser sur moi. Mais je les ignore, le menton relevé fièrement et l'allure déterminée. J'arrive à entendre des murmures, tout ceux qui me connaissaient sont surpris et il y en a d'autres qui reculent par sécurité. Mais moi j'avance fièrement jusqu'au tableau d'affichage. Quand je le lis je ne m'attarde même pas sur les noms autour du mien, cela m'importe car dans dix minutes je ferais la rencontre de tous ceux de ma classe.

Un coeur pour deuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant