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NDA :  Mini remarque parce que j'ai vu un commentaire disparaître et que je ne voudrais pas que ce soit par gêne : vous pouvez me dire que vous êtes impatients/pressés/que vous avez envie de lire la suite, hein ? Je sais qu'il y a des auteurs qui sont chatouilleux sur le sujet mais ce n'est vraiment pas mon cas : pour moi, c'est un compliment. Donc pas de soucis. :)

***

Je ne savais pas ce que faisaient Rol et Bims à côté, parce que je me laissais prendre dans les brumes, mais il était évident qu'ils ne pouvaient pas ignorer ce basculement eux aussi. Nous observaient-ils en continuant à fumer et à boire leurs bières ? Attendaient-ils leur tour ? Se joindraient-ils à Said pour s'occuper d'Audrey ou se barreraient-ils ?... Je n'en savais rien. Et on faisait quoi, là ? Vraiment. On faisait quoi ? Quand la bretelle de mon débardeur et celle de mon soutien-gorge avec tombèrent d'elles-mêmes, je ne les remontai pas, même si je sentis de quelle manière mon épaule en fut dénudée. De quelle manière j'étais un peu mise à nu, déjà, pas seulement dans mon habillement. Dans ce que j'étais, moi. Ce que j'exposais. Et, lorsque Chris se mit à peloter plus nettement mon sein, ce sentiment fut majoré. Je le laissai faire, y compris quand il poussa le geste jusqu'à caresser mon mamelon à travers mes vêtements. Je restai dans l'attente, la chair à vif, consciente de ce que je montrais. De mon corps. De mon attitude.

Je ne me sapais pas spécialement pour aller à ce type de sorties. Je prenais des capotes dans mon sac parce que, oui, je ne pouvais pas me contenter de compter sur les autres pour ça, j'enfilais un jean qui m'allait bien, ainsi qu'un débardeur ou un t-shirt qui me rendaient jolie. Dans lesquels je me sentais sexy. Je ne me serais pas pointée en jupe, avec un porte-jarretelles ou sans culotte, par exemple. J'aurais limite pu, au point où j'en étais à chercher à m'objectifier, mais ça n'aurait pas été moi. Et je m'assumais de plus en plus. Je me dépouillais de plus en plus de mes voiles et artifices. J'étais une fille normale, parmi des mecs normaux, ou presque. On était tous un peu décalés avec la vie, dans une recherche, comme pour la défonce, non pas de changer nos vies mais de les peindre en couleurs. Des couleurs froides ou bien brulantes, des couleurs psychédéliques ou douces. Des couleurs éphémères, quoi qu'il en soit. Des couleurs transitoires.

Il n'y avait que sur ma vie que je tenais absolument à garder le silence. Ils n'avaient pas besoin de savoir.

Chris m'embrassait profondément en agaçant la pointe de mon sein pour la faire se dresser. Et il y réussissait parfaitement, pas seulement concernant ma poitrine, d'ailleurs : mon corps entier se tendait, d'envie, d'excitation. Puis Saïd et Audrey se levèrent et Chris relâcha mes lèvres, me faisant ouvrir les yeux pour les regarder s'écarter nous, pour les voir franchir la porte du couloir menant aux chambres et la fermer derrière eux.

Alors, je sus ce qui allait se passer. Exactement.

Personne ne les suivit. Ni Rol – le blondinet mignon, je vous re-situe – ni Bims – le renoi trapu dont la masse physique m'attirait. Plutôt, ils me regardaient. Il y avait de la gêne, mais une sorte d'accord tacite aussi, et le stress que j'éprouvais se mélangea à de la curiosité et de la peur, de l'envie et des rappels moraux, mais auxquels j'étais habituée, maintenant.

Ce que je faisais.

Ce que je voulais.

Je me demandai même, durant quelques secondes, ce que j'attendais... dans le sens vraiment. Pas seulement concernant les configurations sexuelles possibles, mais au sujet de ce que j'en tirerais. Je n'avais pas de réponse. Je crois que j'attendais de voir, encore. J'avais besoin de savoir si j'étais capable d'assumer ce que j'avais demandé, déjà, si je pourrais tenir jusqu'au bout. J'avais moins d'interrogations sur ce que ça pourrait m'apporter que sur le fait que je pourrais, ou non, y arriver.

Rol se leva, d'un air peu assuré mais qui l'était réellement, parmi nous ?

Chris devait probablement sembler l'être le plus.

Ou peut-être moi. L'un de nous deux, en tout cas.

Peut-être moi, oui... Aussi bizarre que ça puisse être de me dire ça.

Chris s'écarta légèrement pour laisser l'accès à mon corps à Rol.

– Viens-la, lui dit-il.

Et il s'adressa à moi :

– Il te plait ?

C'était gênant d'avoir à répondre à ça. Parce que c'était devoir confirmer verbalement ce que j'aurais voulu laisser au silence, mais je lui répondis :

– Oui.

Et je tournai le regard vers Rol, qui s'assit non sans hésitation à côté de moi, et je me rendis compte que ce ne serait pas aussi facile qu'auparavant. Avec Loïc, ça avait finalement été bien aisé, jusque-là. Loïc prenait les devants... Il prenait, même, tout court. Il comprenait sans que j'aie besoin de lui expliquer et allait même jusqu'à deviner ce que je n'avais pas envie de lui dire.

Rol, lui, restait circonspect. Il attendait de savoir comment il devait se comporter avec moi, avec cette fille dont les comportements et les désirs devaient surement l'interloquer. Normal, après tout. Chris avait dû lui expliquer mais son attitude restait normale. C'était moi, qui étais hors de la norme.

J'observais ses lèvres, son visage... J'avais les pointes de mes seins tendues sous mon débardeur, les lèvres rouges, et je tournais encore dans ma tête comment sortir de mon mutisme en l'invitant à me toucher lorsqu'il leva la main pour effleurer non pas mon visage ou ma bouche, mais directement ma poitrine. En suivant les courbes. Posant les règles, du coup, me ramenant à ce que je voulais être : ce corps offert, disponible, à user. Je renversai la tête sur l'arrière du canapé, haletante. Quand il me toucha plus franchement, j'attendis encore de voir, parce que c'était toujours une autre main posée sur moi, et un autre corps, et un autre type, un autre inconnu, et que ça, ça restait toujours bizarre. Je doutais de pouvoir me défaire de ça.

Quant à Bims, il était resté assis, à peine plus loin, et il nous regardait, sans bouger un instant.

Je le fixai dans les yeux.

Ainsi sombre la chairOù les histoires vivent. Découvrez maintenant