Chapitre IX : Ce que cache un entraînement intensif

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Mon père finit par arrêter sa course folle autour de la salle et je cesse aussi mes mouvements.
Il grogne puis lâche un long hurlement qui ferait presque trembler les vitres s'il y en avait ici. C'est une des nombreuses caractéristiques, comme un stéréotype bien ancré dans l'imaginaire collectif, qui fait la beauté des loups. Je sais que je dois faire pareil que mon père en signe de soutien dans une meute. Il m'a appris ça récemment.
Je vois au loin les étoiles d'émerveillement qui brillent dans les yeux de ma chère Amaryllis. Elle s'extasie vraiment devant tout et rien...Elle est incorrigible, mais je l'aime incorruptible comme elle est, dans tous les sens du terme.

Mon père me fait comprendre que notre entraînement doit reprendre. Il grogne d'une manière encore différente et se jette sur moi alors que j'ai à peine compris ce qu'il veut que je fasse.
Je n'en ai fait que trois contre lui jusqu'à maintenant. Pour moi, il est encore peu aisé de réaliser ce genre d'entraînements.
Une simulation de combat réel.
Je n'aime pas ça, car même si c'est une simulation, cela reste un combat, ici physique, et on peut vraiment se faire mal pendant son exécution. Et, bien que mon loup soit, contre toute attente, plutôt résistant, je n'aime pas avoir mal. Je déteste ça.
En même temps, qui aime souffrir, à part les masochistes complètement malades comme Heiling ? On aime bien dire cela d'elle. Même si elle ne l'est pas, elle reste néanmoins un peu psychopathe et on aime bien.

Quand mon père me mord violemment la patte droite, je pousse un hurlement animal de douleur. Je me libère avec rapidité et me jette à mon tour sur lui. Même s'il est plus entraîné et plus rapide que moi, il me reçoit en plein fouet et je mords agressivement sa patte en retour, la première chose de lui qui me passe sous le museau.
Il grogne avec mécontentement et satisfaction mêlés. Le mécontentement de la douleur et la satisfaction de me voir me battre, l'attaquer et l'atteindre.
J'ignore quel effet cela procure pour un père de voir son fils accomplir les choses auxquelles il s'attend qu'il accomplisse, mais j'imagine que c'est gratifiant.

On continue de se tourner autour mutuellement et de tenter de se mordre ou se griffer. Je n'aime pas ça mais je n'ai pas vraiment le choix. Sinon, je me fais déchiqueter par les crocs aiguisés de mon père et je préfère éviter de finir en charpie pour une raison aussi stupide.
Surtout devant Amaryllis.
Je la vois de loin qui est absorbée par notre affrontement actuel. Elle a les yeux grand ouverts et la bouche légèrement entrouverte, signe d'un intérêt évident pour l'activité que nous sommes en train de pratiquer.
Mais pouvons-nous réellement appeler ça une activité ? C'est bien trop violent pour être juste une simple activité...
Je m'égarais souvent dans des pensées comme celles-ci pendant mes entraînements intensifs avec mon père, une sorte d'échappatoire pour ne pas penser qu'au seul rude combat qui m'attendais dans la vie réelle.
Je reprends mes esprits pour me concentrer sur mon père qui me tourne dangereusement autour. Il faut toujours se méfier d'un grand loup-garou qui se déplace avec des mouvements circulaires, car cela signifie qu'il a trouvé sa proie, sa cible...
Je suis alors le loup gris de mon père des yeux, attentif, tous les sens en éveil et en alerte.

Soudain, avec un effet de surprise et une force insoupçonnée, je me rue sur mon père qui écarquille une fraction de seconde ses yeux jaunes d'étonnement et je le griffe sur le flanc.
Il hurle de surprise et de douleur mais il se reprend vite et tente de me mordre avec sa grande mâchoire. J'esquive grâce à mon agilité légère et je finis par le renverser avec toute ma force. Il est sur le dos et moi, les pattes sur lui, pour l'empêcher de se relever. Je fais mine de lui mordre la gorge et il pousse un hurlement plaintif, exagéré pour répondre à mon imitation de morsure à sa gorge, qui normalement, signifie qu'un loup, ou un loup-garou, se soumet au vainqueur, plus puissant que lui.

Je me retire alors et vois mon père se relever. Il se transforme à nouveau en humain et je fais de même, bien moins rapidement à cause de ma jeune inexpérience.
Amaryllis nous rejoint avec une grâce que je ne lui imaginais pas. Quand elle arrive à ma hauteur, elle me serre dans ses petits bras et je lui rends alors sa chaude étreinte. Pendant cette dernière, Amaryllis murmure alors dans mon oreille :
-Ce combat était très intéressant à regarder. Tu étais très beau.
Je ne réponds rien et me contente de sourire.

Quand elle se détache de moi, mon père déclare alors avec un sourire amusé :
-Allons manger, je meurs de faim !
Il nous fait de ses fameuses omelettes, sa marque de fabrique en cuisine, et je nous sers à tous les trois en même temps du thé froid pendant qu'Amaryllis met la table, voulant se rendre utile.
Quand on se met à table, les discussions vont de bon train.
Mon père est très social, contrairement à moi, et Amaryllis est capable de vaincre sa peur de paraître ridicule aux yeux des autres pour converser normalement avec mon père.
Il lui pose des questions sur le gymnase, sur sa famille, sur plein de sujets divers et variés qui sont plutôt banaux mis ainsi sur la table. Amaryllis répond presque sans aucune gêne. Elle fait toujours attention à ce qu'elle dit.

Quand on finit de manger, on débarasse la table avant de servir le dessert, une sorte de crème à l'ananas et à la pêche.
Avec Amaryllis, on se sert généreusement et je rajoute alors dans tous les bols de la crème fouettée.
On se régale ! Amaryllis a de la crème fouettée blanche sur le haut des lèvres et je lui dis en riant :
-On dirait que tu as une moustache ! Enlève-moi ça, ça te rend moins belle !
Elle rit et retire la crème avec un doigt discret. Elle me sourit. On continue de rire à trois.

Quand il sent qu'on a tous les trois finit notre dessert, mon père prend alors la parole. Amaryllis et moi, on sent tout de suite qu'il doit nous annoncer quelque chose de sérieux, alors on se tait et on écoute ce qu'il a à dire :
-Alexis, Amaryllis, j'aimerais vous mettre au courant de quelque chose. Je voulais profiter de la présence d'Amaryllis parmi nous aujourd'hui pour vous dire cela à tous les deux.
C'est vraiment très sérieux. Mon père n'utilise que très rarement mon prénom complet en ma présence. J'en ai presque peur, tellement il utilise mon surnom au quotidien. Normalement, il utilise mon prénom entier quand il veut me gronder et me punir.
C'est pourquoi je crains le pire...
Il regarde alors ma petite amie et lui dit alors comme un souffle :
-Je ne sais pas si tu es prête à assumer un tel rôle. Alex t'a choisie, toi, alors cela veut dire que tu es sûrement assez mature pour supporter cela, même en étant humaine, mais je préfère te prévenir assez tôt.
Puis il se tourne vers moi. Je ne sais pas quoi dire. Je ne comprends pas de quoi il parle. Il pourrait commencer à parler chinois, russe ou coréen que je trouverais cela tout aussi cohérent. Mon père me dit alors avec un ton sérieux, presque grave :
-Alexis, mon cher fils unique...
Je confirme, c'est vraiment sérieux...
-Si je t'entraîne comme un forcené depuis ta première transformation, il y a une bonne raison. Tu es promis depuis ta naissance à un rôle très important. Celui qu'en fait, ton grand-père assume en ce moment.

Je réfléchis à toute vitesse. Quel rôle a mon grand-père, déjà, dans notre chaotique famille ?
Mon père me fixe de ses yeux bruns. Il me dit alors :
-Tu devras prendre alors la tête, le rôle le plus important de la meute Primus, tu devras être notre alpha.

Mon lycanthrope favoriWhere stories live. Discover now