Chapitre 3

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La musique chasse la haine chez ceux qui sont sans amour. Elle donne la paix à ceux qui sont sans repos, elle console ceux qui pleurent.

Pablo Casals.

Le garçon était le dos contre l'ouverture qui donnait dans la courette devant le conservatoire. Il avait les mains dans les poches, il regardait devant lui, sans m'avoir vue. Voilà les seules raisons qui me faisais me demander pourquoi j'avais le cœur qui battait à cent à l'heure... Peut-être que c'était parce que j'allais être obligée de passer dans son champ de vision. C'est ce que je fis malgré moi. Il ne bougea pas, je suis passée normalement comme j'aurai fait devant n'importe qui. Le garçon, dont je viens de me rendre compte que je ne connaissais pas le nom, tourna la tête dans ma direction et un sourire éclaira son visage, il tendit le bras et m'attrapa par mon léger gilet noir. Je me retournai dans un mouvement surpris, je devais être rouge écarlate, c'est à ce moment là que je compris, ce garçon dont j'ignorai jusqu'à l'existence avant la veille, avait allumé un sentiment en moi que je n'avais jamais ressentit, ses yeux verts qui me regardaient, ses cheveux bouclés, ses larges épaules... tout ça me faisaient paniquer et battre le cœur à cent à l'heure. Alors que j'essayai de me dégager, il serra un peu plus sa main. Ce gars à une sacrée poigne, si il ne veut pas me lâcher, ben je risque pas de partir. Il m'entraîna vers une rue, au carrefour suivant. Je n'eus d'autre choix que de le suivre. Lorsqu'il me retourna et me plaqua contre un mur de la rue, mon cœur se mit à battre plus fort.

- Ne t'inquiète pas, je ne vais pas te faire de mal...

Sa voix sonna dans mes oreilles. Que me veut-il ? Va-t-il vraiment ne pas me faire de mal ? Corinne ! Elle m'a dit de l'appeler si j'avais un soucis ! Je glissai discrètement ma main libre dans la poche de mon jeans, j'allais en sortir mon portable lorsqu'il remarqua ce que je m'apprêtais à faire. Il me prit mon autre bras et me chuchota à l'oreille :

- Tu doutes que je te laisses tranquille ?

- Oui, dis-je en relevant la tête, je ne vous connais même pas et vous me conduisez dans une rue presque déserte, vous...

- Tais-toi, si c'est ce qui te dérange, je m'appelle Jad. Ne me vouvoie pas, ça me rend plus vieux ! Me lança-t-il en faisant un clin d'œil. Comment tu t'appelles ?

- ...

- Bon, Justine, tout ce que je veux, c'est apprendre à te connaître...

- ... Pourquoi m'a tu demandé mon prénom alors que tu viens juste de le dire ?

- Ta sœur t'avait appelée comme ça, je voulais juste en être certain.

- Pour... pourquoi veux-tu apprendre à me connaître ?

- Je m'intéresse à toi.

- Désolée... mais non...

Quel mensonge... mais comment savoir si ce Jad est fiable ? Entre temps, il m'avait lâché la main et je pus le repousser avant de prendre le chemin de chez moi. Je m'arrêtai et hésitante, je fis le chemin en sens inverse. Jad était toujours à la même place, les mains posées sur le mur. En penchant la tête, je me rendis compte que mes cheveux qui m'arrivaient à mis-dos avaient perdus la pince qui les retenaient. Je m'avançai discrètement. Jad tourna la tête et je me redis compte qu'il pleurait. Gênée, je lui pris la tête entre mes mains.

- Non, Justine, laisse.

- Ce n'est pas ce que tu crois mais on ne se connaît même pas et tu veux déjà...

- Non, attends, je crois que tu te trompes, ce n'est pas une relation amoureuse que je cherche, c'est juste que... tu as cinq minutes ?

- Oui.

Les projecteursWhere stories live. Discover now