Chapitre 1

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Fuis-moi, je te suis, suis-moi, je te fuis.

Toulouse

Dimanche 15 Novembre

Je m'appelle Justine Leubre. J'ai à ce jour 18 ans, je suis en terminale dans un lycée de toulouse. Ma sœur Alice à 19 ans, elle est inscrite dans un conservatoire d'art dramatique. Nous habitons toutes les deux depuis Septembre dans un modeste appartement dans l'allée Jean-Jaurès.

Voilà ce que j'ai décidé d'écrire pour commencer ce nouveau journal intime. L'ancien, j'ai fini d'écrire sur toutes les pages. Sachant qu'écrire dans un petit cahier me soulage, Corinne, ma meilleure amie, m'en a offert un nouveau. Contrairement aux impressions que je laisse paraître, je suis une fille franche... ce défaut qui me dérange tant.

Les garçons de mon entourage sont attirés juste par mon physique : j'ai des formes de femme. Aucun n'a jamais cherché à m'apprécier pour ma personnalité, mon caractère...

C'est ce que je pensais avant ce jour, ce Vendredi 13 Novembre. Alors que je me rendais au conservatoire de ma sœur, un étudiant se dirigeait vers l'immense bâtiment en petites briques rouges. A l'entrée, je me serrai pour le laisser passer. Il plongea ses yeux d'un vert profond dans les miens bleus. Ses cheveux, bruns et bouclés, me faisaient penser à un mannequin pour homme que j'avais vu dans un magazine de mode emprunté à Alice. Il était d'une taille assez grande pour un garçon, il portait un Tee-Shirt bleu avec un jeans banal. Il resta un moment à me regarder de la tête aux pieds. Comme les autres, toujours à regarder mes formes. Soupirai-je. Par gêne, je rabattis la chemise en carton d'Alice sur ma poitrine. Elle l'avait oublié à la maison et m'avait envoyé un SMS urgent pour que je la lui apporte. Le garçon sourit et me dit :

- Tu attends quelqu'un ?

Sa voix était grave et puissante.

- Non. Enfin si, j'attends ma sœur...

- C'est qui ? Je la connais peut-être. C'est pour elle non cette chemise ? Je peux la lui apporter.

- Je ne pense pas que tu l'ai déjà vue, elle s'appelle Alice et je préfère lui remettre sa chemise en main propre.

- En tout cas, c'est pas en attendant là que tu vas la lui donner rapidement ! Viens, suis moi, tu pourras demander à l'accueil dans quelle salle elle est.

Devant mon hésitation, il insista avant de m'attraper la manche et de m'entraîner derrière lui vers l'accueil du bâtiment. La femme derrière le bureau nous regarda par dessus ses petites lunettes rectangulaires posées sur le bout de son nez. Avant que j'eu le temps de m'expliquer, le jeune homme expliqua la situation à la secrétaire. Elle tapa quelque chose sur le clavier de son ordinateur avant de nous donner le numéro de salle.

- Suis-moi, je sais où c'est, j'y ai déjà reçu des cours. C'est en fait un amphithéâtre. Elle veut être comédienne, ta sœur ?

- Oui, elle veut jouer dans les pièces de théâtre les plus populaires. Et toi, tu veux être comédien ?

- Pas comédien, acteur, j'ai déjà joué dans des cours-métrages et là je réfléchis pour un emploi dans un nouveau film, mais c'est en Amérique. Quand j'étais petit, je voulais jouer dans toutes les pièces de théâtre de l'école. Ce n'est qu'une fois rentré au lycée que je me suis intéressé au métier d'acteur. Et toi, tu n'es pas attirée par le monde du spectacle ?

- Si, la cinématographie mais je ne sais pas vers qui me tourner...

- Alors comme ça, être actrice t'intéresse ?

- Oui, mais comme je viens de le dire, je ne sais pas où aller...

- Je suis sûr que tu y arriverais facilement !

Les messages subliminaux, c'est pas son truc.

- Tiens regarde, c'est la salle au fond. je dois y aller !

- Att...

Parti... bizarre ce gars, pas grave, il m'a emmenée jusqu'à la salle, c'est le principal.

Ma sœur sortit de la salle avant de me voir :

- Ah ! Justine ! J'allais venir à l'entrée pour récupérer ma chemise. Je pensais que tu n'allais pas trouver toute seule.

- On m'a aidée mais tiens, je dois renter. J'ai du travail à la maison.

- A ce soir !

Je fis le trajet inverse et sortis. Je regagnai l'appartement que je partageais avec Alice. Notre entrée qui servait aussi de salon, de salle à manger et, séparée par une cloison translucide, la cuisine qui était sens dessus-dessous. Je vivais dans un appartement avec trois chambres, une pour Alice et une pour moi. La troisième nous servait de fourre-tout et qui comprenait un lit, une armoire et deux petites tables de nuit ; elle nous servait lorsque nos parents venaient nous rendre visite pendant les vacances scolaires. Ils habitaient trop loin, dans un petit village de campagne mais nous aidaient à payer notre logement et les frais de scolarité.

Alice rentra tard ce soir là. J'avais déjà dîné et rangé l'entrée. Je ne l'entendis que parce que j'étais en train de travailler un devoir de maths. Elle posa ses affaires dans l'entrée, et ne prit pas la peine de grignoter quelque chose ; cela lui prenait souvent après une journée de travail. Elle passa la tête dans l'entrebâillement de ma porte et vint voir ce que je faisais avant de me passer sa main dans les cheveux en signe de salut.

- Je suis fatiguée, je vais me coucher, demain je reprends tôt, il est possible que tu te retrouves toute seule le matin.

- Bonne nuit.

Puis elle sortit et referma doucement la porte. Je travaillai jusqu'à presque minuit avant de rejoindre mon lit de l'autre côté de ma petite chambre.

Je mis un certain temps à m'endormir.

Les projecteursWhere stories live. Discover now