Rouge

Premier Retour

NDA: les Retours sont des retours dans le passé de Rouge qui vont vous aider au fur et à mesure de comprendre les événements présents.
Bonne lecture ;)

Rouge allumait les bougies sans un bruit.

Depuis que les relations entre ses parents étaient compliquées, la jeune fille trouvait refuge dans un silence complet. Seule cette heure là de liberté dans la forêt lui permettait de garder son calme, de respirer loin de la tempête qui soufflait dans sa maison.

Sa mère était malade depuis longtemps. Au commencement, ce n'était presque rien. Mais de jours en jours, la maladie avait empirée pour faire place à une folie violente. Son père, Pan, réagissait mal. Il avait de plus en plus de mal à garder son calme et son amour pour Colline était de moins en moins profond pour laisser place à la peur. Par deux fois elle avait essayé de l'étrangler avant de fondre en larmes devant la réalité. Médecins et Possédants avaient étés consultés, mais la maladie s'était déjà trop propagée pour pouvoir être soignée. Rouge et son père vivaient depuis dans une sorte de malaise interrompu.

 Quand elle eut terminé sa tâche, Rouge fila vers l'entrée pour chausser ses grandes bottes noires. Elle attrapa sa veste, ouvrit la porte qui stoppait la fine couche de neige de l'hiver, et courut en direction des grands arbres feuillus. Elle adorait l'odeur de la forêt. C'était ici chez elle. Pas là bas. Elle le sentait en elle comme elle sentait beaucoup d'autres choses, comme par exemple la véritable catastrophe qui allait entraîner toutes les autres à bombarder la vie qu'elle désirait tant mener.

***

Une heure était passée, Rouge était sur le chemin du retour. Elle arriva devant sa maison et ouvrit la porte en faisant bien attention de ne pas mettre de neige dans l'entrée.
Des pleurs l'arrêtèrent net.
La jeune fille ôta ses bottes et enleva sa veste en essayant de faire le moins de bruit possible et passa discrètement sa tête dans le salon.

Sa mère pleurait à chaudes larmes pendant que son père remplissait sans un regard pour elle son sac noir qu'il avait toujours emmené partout. Vêtements, nourriture, eau, mouchoirs, argent et allumettes. Il se redressa et prit un livre sur l'étagère à sa droite et l'ajouta aux objets qu'il emportait, mais pas assez vite pour que son titre échappa à Rouge : "Etincelles". Elle fronça les sourcils. Qu'est ce que son père pourrait faire avec un livre qui traitait de Métamorphose ?

La Transformation De Corps, plus connue sous le nom de Métamorphose, était un pouvoir que très peu de Possédants osaient tester. C'était une maîtrise très complexe et extrêmement difficile à contrôler, suscitant dans la majorité des cas une mort lente, sinon des souffrances interminables à cause de l'énergie canalisée. C'est pourquoi Rouge s'interrogeait sur le but de son père à vouloir approcher les branches de ce pouvoir dangereux et indomptable dans son voyage. Car il ne faisait aucun doute que son père partait.

Quand il eût fini son sac, il releva la tête et scruta Colline qui le regardait tristement. Pan esquissa un début de sourire puis sortit du salon sans attendre. Rouge recula et essaya de se cacher sous les couches de manteaux de la penderie mais son père, en attrapant sa veste, la découvrit cachée et silencieuse. Il la regarda avec un visage neutre qu'aucune émotion ne venait balayer, et après quelques secondes de silence, il se détourna. Pan ouvrit la porte d'entrée et la referma dans un grand claquement.

A jamais.

Rouge le savait, que son père allait un jour franchir le perron sans pensée de retour. Mais elle n'avait pas prévu la violence du choc. Elle attendit un très long moment, figée sous les manteaux, sans aucune pensée. Juste immobile. Quand elle bougea enfin, la blonde se sentait de glace. Comme si cet événement l'avait consolidée, au lieu de la briser. Rouge entra dans le salon et se dirigea doucement vers sa mère qui pleurait encore. Elle s'approcha d'elle et posa ses mains sur ses épaules. Colline sursauta en relevant la tête. Ses yeux étaient rouges et les larmes coulaient. La jeune fille s'agenouilla et serra la main de sa mère dans la sienne.

- Partit, murmura sa mère.

Tout à coup, la lumière s'éteignit.

Les bougies s'étaient consumées.