Chapitre deux

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Quand Rouge se réveilla, il faisait tout aussi sombre que la pièce dans laquelle elle était hier. Ou il y a quelques heures. A moins que ce ne soit il y a des semaines. Elle poussa un soupir. Rouge n'avait plus aucune notion du temps.
Elle était entourée de grilles de fer. De la paille dure tapissait les dalles en pierres brutes sur lesquelles la jeune fille était assise. Elle n'était pas menottée mais c'était tout comme. Les Argent avaient mis de la glue sur la fenêtre qui laissait généreusement passer quelques rayons solaires.

Enfermée.

Un claquement de semelles sur le sol parvint alors aux oreilles de Rouge. Un garde arrivait.

La jeune fille se sentait comme dans un zoo. Un oiseau emprisonné, cerné par des grilles métalliques, n'ayant aucune voie de sortie, condamné à rester derrière les barreaux, pendant que les puissants décideraient de son sort en se moquant méchamment. Son geôlier était le lion affamé près à sauter sur la gazelle, déjà morte. 
Le lion ralentit le rythme de ses pas, comme prenant un plaisir mesquin à torturer sa proie. 

La Gazelle haïssait Les Lions. 18 années résumaient sa vie, et ils l'avait brisée par petits morceaux. Une fois, quand sa mère avait été emmenée, et l'autre quand ils l'avaient trouvé. Mais le point commun de ces deux épisodes, c'est qu'elle s'y attendait. Elle savait qu'ils la débusquerait dans son milieu naturel: la forêt.

Le garde se posa devant elle. Le seul obstacle était les barreaux, résistants et plantés dans la pierre, tels des chênes. Il tenait dans ses mains gantées d'argent un bol de soupe de poisson, à l'inquiétante couleur jaunâtre. L'odeur infecte de l'animal mort venait s'incruster à travers les pierres du cachot.

- Tiens, tiens, ma jolie. On est réveillée maintenant ? Le garde ricana d'un rire sans joie. Bienvenue dans votre nouvelle maison !

Il sortit le trousseau de clés rouillés de sa poche et ouvrit légèrement la grille. Ses mains posèrent le bol par terre.

L'estomac de Rouge gargouilla comme une fausse note.

J'ai faim.

Le garde eut un rictus qui déforma son hideux visage et son pied se mit en mouvement. Le précieux liquide se répandit partout. Rouge ne bougea pas.

Infâme.

- Bon appétit mon chien ! se moqua le garde.

Que je les méprises, pensa Rouge. Qu'ils étaient laid, cupides et malhonnêtes. Salauds !

Un bruit entre un gémissement de douleur et un grognement de fureur résonna alors depuis le cachot d'à côté.
La captive sursauta. Elle n'avait même pas remarqué que le cachot voisin abritait un prisonnier.

Qui pouvait-il être ? Pourquoi était-il emprisonné ?

Le garde jura grossièrement. Il sortit et claqua violemment la grille du cachot de Rouge pour aller se placer devant celle voisine.

- Toi, je ne peux rien te faire ! L'Argent pointa de son doigt l'obscurité de la cellule. Mais fait un seul geste, et tu passeras un sale moment, maudit prince !

Notre geôlier fit craquer ses doigts et sortit du couloir, allant chercher d'autres gazelles à torturer.

RougeWhere stories live. Discover now