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Je finis par libérer ma bouche de sa queue et tourner le regard vers Chris.

Sa main se posa sur mes lèvres, les caressant du pouce.

– Tu veux encore me sucer ?

Tu « veux », pas tu « peux ». Pas tu « vas ». Pas comme Loïc.

– Oui.

J'en avais envie, oui.

Je le fis.

Ça me plut vraiment de la sentir en moi, avec sa différence de forme et de longueur. La manière dont Chris caressa mon visage, aussi, représenta un contraste. Je ne pouvais ignorer leurs singularités réciproques, et je le pus encore moins quand Loïc intervint :

– Tu peux y aller plus fort.

Je crus un instant qu'il s'adressait à moi, mais il parlait à Chris.

– Ça ira, répondit celui-ci.

– Elle aime ça, insista Loïc.

Chris confirma :

– J'ai vu, oui.

Ça me perturba... Pas seulement à cause de leurs mots, bien que cette vision commune, à mon sujet, avait de quoi me troubler. Les entendre parler de moi, ainsi, alors que j'étais juste là, le faisait autant. Je fus sortie de l'acte, du coup.

Je relevai la tête.

– Tu as envie que je te prenne plus loin dans ma gorge ? demandai-je à Chris, songeuse.

Il réagit d'une nouvelle caresse sur ma bouche.

– Comme tu le veux...

C'était doux.

Chris ne me poussait pas mais ne me retenait pas non plus et, finalement, son attitude ne m'interloquait pas moins que celle de Loïc. Peut-être parce qu'il semblait voir au-delà de la façade que je lui offrais, toucher cet autre « moi » que j'aurais préféré garder enfoui, hors de leur atteinte. Je ne savais pas.

Je me rassis sur le canapé, un peu perdue mais le gardant pour moi, et je réclamai le joint. Loïc fuma encore plusieurs tafs en me fixant, comme s'il me sondait – et il me sondait, il n'y avait aucun doute à avoir là-dessus – avant de me le donner. Je le saisis enfin. Tandis que j'inspirai, Chris me demanda :

– Pourquoi est-ce que tu fais ça ?

J'eus une fraction de seconde durant laquelle je me demandais à quoi de référait ce « ça », avant de voir : pourquoi je venais chercher du cul ainsi chez Loïc, pourquoi je le laissais me parler ainsi, pourquoi je ne réagissais à l'évocation d'une fellation plus profonde qu'en lui demandant s'il en avait envie...

La question qui devait sortir à un moment donné, probablement.

Je haussai une épaule. Je n'avais pas de réponse à lui donner, ou rien de simple : rien que je puisse expliquer sans y passer une heure, sans reprendre de trop loin, trop dire. Et je refusais de leur confier quoi que ce soit à ce sujet, de toute façon.

– Parce que ça m'excite.

Au moins, était-ce sincère. Je n'avais pas envie de mentir non plus.

Je fumai de nouveau.

– Parce qu'elle veut que tu la baise, dit Loïc à Chris.

Et il plongea dans mon regard, avec cette lueur dans les yeux qui disait à quel point il savait qu'il m'avait comprise. Il lisait décidément bien en moi, je ne pouvais le nier. Cependant, il ne lisait que la surface.

– Oui, reconnus-je.

– Finis-moi, d'abord.

Je le fixai, toujours appuyée sur le dossier du canapé. Au bout d'un moment, je dis, sans bouger :

– Viens.

Je n'en notais pas moins son « d'abord » : le fait qu'il prenne un rôle d'entremetteur en nous réunissant, Chris et moi. Là, il réclamait clairement son orgasme avant de se mettre en retrait.

Loïc était un type surprenant. Je n'arrivais pas à déterminer s'il se montrait altruiste ou si c'était que ça l'excitait de voir son pote me prendre.

Il me retira mon joint des lèvres pour le poser dans le cendrier, puis ôta son t-shirt. Je profitai de la vue. Je ne l'ai pas encore dit mais il avait un beau corps, assez fin mais aux muscles joliment dessinés. Mais il ne me laissa pas l'observer bien longtemps. D'un geste, il releva mon visage et puis posa un genou sur le canapé pour approcher son sexe de ma bouche.

Je jetai un dernier œil à Chris, qui s'était rapproché de moi. Il était même si près... Sa queue était toujours sortie, droite, alors qu'il était resté entièrement habillé par ailleurs. Et il posait la tête juste à côté de mon visage, avec un mélange de fascination et d'interrogation dans le regard. Il était si proche de ce qui allait se passer...

– Regarde-moi, dit Loïc.

Je levai les yeux sur les siens, ma tête posée sur le dossier du canapé.

Dans l'attente.

Avec lui, prêt à enfoncer sa queue entre mes lèvres, et Chris qui observait.

Quelle attraction éprouvions-nous tous trois pour ce jeu-là ? Pour cette expérimentation curieuse, cet extrême, que nous partagions ? Je l'ignorais.

Je me promis de ne jamais rien leur raconter plus de moi. Que je reste cette fille dont ils ne savaient rien et qui venait se faire sauter avant de disparaître.

Celle qui leur ouvrait ses cuisses et sa bouche.

***

NdA : Chapitre un peu plus court mais j'avoue que je trouvais bien de faire la coupure ici. :)

Oh et pour le fun #vismaviedautrice : je suis trop contente !!! J'avais envoyé à la Musardine une nouvelle courte pour l'un de leurs recueils "Osez 20 histoires" et elle a été retenue ! (youhou !!!).

Ainsi sombre la chairWhere stories live. Discover now