-- DEUX

62 13 1
                                    

Le temps passe et mes larmes coulent, l’obscurité nous entoure, nous avale à mesure que les derniers lampadaires s'éteignent, nous laissant plongés dans le noir. Je ne voyais plus rien mais je sentais toujours ta présence, juste là, devant moi. J’entends ta respiration calme et paisible qui contrastait tant avec ma propre respiration saccadée, entrecoupée, rapide.

Et même dans le noir je pouvais voir ton sourire malicieux, plein de méchanceté qui m’était destiné - je le savais.

Mon cœur battait trop vite ; il vrillait mes tympans, cognait contre ma cage thoracique, paniquant. Tellement que j'avais l’impression que toi aussi pouvais l’entendre.

Les gouttes commencèrent à perler des cieux, dégoulinant sur nos cheveux, dégoulinant sur nos cils, dégoulinant sur nos habits, se mélangent avec mes larmes.

Au loin, une lumière nous éclaircit les traits du visage et je revis tes yeux sombres, qui m’avaient une fois regardé avec tant d’amour et de tendresse mais qui étaient maintenant la raison pour laquelle je faisais des cauchemars, tellement remplis de méchanceté qu’on les aurait pris pour les portes de l’Enfer et qui me terrifiaient désormais. Et je vis ta bouche, déformée pour prendre la forme d’un rictus, ton sourire encore plus malsain que je ne l’imaginais et je vis ta bouche, celle qui m’avait tant embrassé, celle que j’avais tant embrassée, celle que j’avais tant mordillée, tant goûtée, celle qui m’avait promis tant de choses et j’ai eu envie de la prendre entre mes lèvres une dernière fois mais je me souviens alors de toutes les choses horribles qu’elle avait prononcées et toutes les choses horribles qu’elle avait faites et je fus pris de colère.

Ma bouche fut envahie par un goût salé - des larmes gâchées pour une raison qui n’en valait pas la peine -, par le goût de la nostalgie et de l’amertume et du regret - et de la douleur et tant de choses encore lorsque je l’ouvris pour parler. Pour dire toutes les choses qu’on ne s’était pas encore dites, que je voulais tant dire, toutes les choses qui m’empêchaient de vivre sans le lourd poids de la culpabilité mais que je n’ai pas pu dire parce que j’étais effrayé de ce que tu aurais pu me faire.

J’ai crié.

Mais tu ne semblais toujours pas vouloir m’écouter ; tu restais en place, ton visage ne changeait pas d’expression, tu avais toujours cet effet effrayant et menaçant et malgré cela j’ai continué. Je voulais juste que tu réagisses.

Ne me laisse pas devenir fou.

À aucun moment pendant que je parlais tu n’avais bougé, tu n’avais dit quelque chose - comme si tu n'étais même pas là.

Ma gorge était sèche, elle me faisait mal, elle me grattait, ma voix se coupait tellement je parlais et haussais la voix, je devenais de plus en plus fatigué mais je voulais que tu comprennes tout ce que tu m’avais fait subir, je voulais que tu ressentes ce que je ressentais.

Mais tu ne réagissais toujours pas. Je m’approchais de toi, te pris par les épaules et je t’ai secoué, pour que tu me remarques et pour que tu m’écoutes, pour au moins avoir une réaction.

Mais ton stupide rictus était toujours là alors que je m'effondre devant toi, usé et fatigué, désespère et puis, entre mes mains, tu t’évapores, comme ça.

Je ne comprenais plus rien. Et puis, je me réveille dans mon lit, en criant et en débattant mes draps qui semblaient me retenir prisonnier.

You've reached the end of published parts.

⏰ Last updated: Nov 30, 2017 ⏰

Add this story to your Library to get notified about new parts!

transcendanceWhere stories live. Discover now