Nico 2.3 et autres nouvelles- Recueil en cours

Nico 2.3

Shin et Mei se connaissaient depuis bien longtemps. Ils s'étaient rencontrés à une conférence en ligne sur les univers virtuels, leur passion commune, et, très vite, s'étaient revus. Une fois, deux fois, quinze fois...Jusqu'à ce qu'ils comprennent qu'ils étaient tombés follement amoureux l'un de l'autre. Ainsi, après avoir obtenu l'autorisation règlementaire, en 2085, ils avaient validé leur passion et avaient emménagé ensemble, dans un petit appartement d'un quartier agréable d'Opportunicity. Ils filaient le parfait amour.

Shin était terre-à-terre, pince-sans-rire et pourvu d'une logique à toute épreuve. Il travaillait comme pilote de spationef pour une grande entreprise, ExploreVerse et travaillait très dur par passion de ce qu'il faisait. Cela ne l'empêchait pas d'être un mari fantastique, toujours protecteur et attentionné envers sa femme, qu'il contemplait encore avec son regard du premier jour.

Mei était une grande rêveuse, romanesque et toujours prête à aider son prochain. En sa qualité de consignatrice, elle enregistrait tous les grands chefs d'oeuvre du passé et tous les autres sur la Toile, les rendant accessibles à tous les habitants de la ville. Elle disait adorer son travail car elle ne voyait rien de plus attrayant que de se plonger dans les archives des temps anciens pour en extraire le principal et le diffuser à la cité. Mais elle ne se privait jamais d'un moment avec Shin, que ce soit pour aller au café, au diffuseur ou tout simplement faire la grasse matinée. Sa profession lui donnait une certaine liberté qu'elle mettait au profit de ces petites sorties en amoureux.

Depuis quelques années, Mei avait d'autres aspirations. Sentant le temps s'égrener plus vite que jamais, elle avait commencé à réfléchir plus sérieusement à ce qu'elle souhaitait pour l'avenir. Et la réponse était toute simple : fonder une famille. Certes, Shin et elle étaient liés par leur Promesse et ils s'étaient posés et avaient acquis une situation stable mais Mei s'en lassait. Elle voulait connaître la joie des mères, elle voulait donner la vie. Shin avait accueilli avec enthousiasme son projet et tous deux s'étaient consacrés à la naissance de cet enfant. Mei avait déjà réfléchi aux prénoms qu'elle pourrait choisir pour une fille et à ceux pour un garçon. Son mari voulait une petite fille, elle n'avait pas de préférence, certaine de l'aimer de toute façon. Sauf que voilà, le temps passait et rien n'arrivait. Et tous leurs projets furent réduits à néant lorsqu'ils surent qu'ils étaient stériles. Ils ne pourraient jamais avoir d'enfant ensemble. Aucun moyen scientifique, aucune avancée technologique n'était envisageable pour eux. La mort dans l'âme, ils en vinrent à la conclusion suivante : ils devaient enterrer à jamais leur envie de donner la vie. S'ils avaient vécu trente ans auparavant une autre option se serait présentée à eux : l'adoption. Mais depuis la pandémie de 2060, qui avait considérablement réduit la population, notamment chez les enfants, trop rares étaient les couples consentants à délaisser leur enfant. Et puis, pourquoi l'aurait-on fait ? Opportunicity était la ville parfaite. On n'y mourait pas aussi fréquemment que dans "l'Ancien Monde" et la pauvreté n'existait plus. C'était l'endroit rêvé pour s'épanouir et être heureux. Alors pourquoi le bonheur se refusait à Shin et Mei ? Un soir, alors que la jeune femme regroupait les jouets d'enfants qu'elle avait acheté pour les transmettre au Gouvernement qui les revendrait, une sonnerie régulière dans sa puce l'informa de l'arrivée d'un visiteur. Intriguée, car elle n'attendait personne, Mei alla déverrouiller la porte. Elle apposa rapidement son empreinte digitale car le visiteur continuait de sonner, pressé, et la porte coulissa. Elle n'en crut pas ses yeux. Face à elle se tenait un adorable petit garçon de 8 ou 9 ans qui aurait pu être leur fils tant les traits de son visage ressemblaient à ceux de Shin et tant la couleur de ses yeux s'apparentait à celle des yeux de Mei. Incrédule, Mei ne salua pas immédiatement ce jeune inconnu. Qu'à cela ne tienne, il se présentait déjà. Il lui sourit timidement et fit d'un ton très solennel :