Chapitre 4

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Cendrine descendit au petit matin afin de se préparer à l'avance pour son rendez vous. Elle avait pris un long bain et s'était habillé d'une robe raffinée mais provocante, avec un lourd décolleté. Elle avait décidé de laisser ses cheveux lâchés. Elle arriva près du salon, et, surprenant des voix, entrebâilla la porte. C'étaient Louis-Henri et Werther.

- Tu devrais essayer de la séduire, disait ce dernier. J'ai tenté avec Anne et ça a eu du bon : on est fiancés.

Cendrine ouvrit de grands yeux. Elle savait qu'Anne et le yénische entretenaient un très bon rapport, notamment épistolaire, mais jamais elle ne se serait doutée de ça.

- Cendrine n'est pas Anne, et la seule fois où j'ai accepté de me conduire ainsi, c'est devant les vieilles harpies que je séduisais pour me mettre quelque chose sous la dent. Je refuse de mettre Cendrine dans le même tas en lui

- Bonjour, s'exclama-t-elle en entrant.

Louis-Henri blêmit en voyant le décolleté de Cendrine.

- Je t'en pries, dit-il, couvre-toi un peu, on dirait une professionnelle.

Cendrine rit amèrement.

- Oh, répondit-elle, couvrez ce sein que je ne saurais voir ! Mais plus sérieusement, ajouta-t-elle en perdant son sourire, j'y suis contrainte, au cas où la personne à qui je dois faire signer le contrat se montrerait réticente. En revanche, je ne verrais pas d'inconvénients à ce que tu m'accompagne, sait-on jamais, ça pourrait se passer mal ou je pourrais me faire agresser en pleine rue.

- Oui, bien sûr, dit Louis-Henri. Avec plaisir.

Werther l'encouragea discrètement du regard.

- Prends donc ma chaise, ajouta l'autre en se levant.

Cendrine haussa un sourcil et s'exécuta. Elle soupira tandis que Louis-Henri prenait place à côté. Depuis quand faisait-il autant de manières ? Elle se souvint de la conversation qu'elle avait surprise. Oui, Louis-Henri allait tenter de la séduire. Un mince sourire se dessina sur ses lèvres. Cela promettait d'être comique.

- Louis-Henri deviendrait donc un gentleman, susurra Cendrine.

Le jeune homme blêmit. Était-ce une raillerie ou bien un compliment ? Cependant, il ne montra rien de son désarroi lorsqu'il répondit :

- J'ai toujours tenu à montrer mon intérêt pour les belles femmes. Je pensais que tu le savais, tu me déçois, Cendrine, ajouta-t-il en faisant mine de bouder.

Cendrine ne sut que dire. Elle qui souhaitait mettre Louis-Henri dans l'embarras, le voilà qui reprenait position de force. Elle claqua la langue de mécontentement.

- Ton intérêt pour la bonne chair, plutôt, marmonna-t-elle.

- Non point puisque je suis encore vierge, répliqua Louis-Henri. J'aime les belles femmes, mais j'aime encore mieux les belles femmes qui se refusent.

Cendrine écarquilla les yeux. Comment ? Louis-Henri était vierge ? Alors qu'il avait survécu trois ans à Paris par la séduction ? Bluffait-il ? Surement. Mais ce qui était encore plus surprenant aux yeux de Cendrine, c'était l'allusion qu'il venait de faire. Subtile, mais elle ne pouvait pas ne pas se reconnaître. Elle devait le lui accorder, il était très doué pour séduire.

- Je comprends mieux ton acharnement à m'aimer après tant d'années, finit par répondre Cendrine, à court d'idées. Dommage que je ne sois toujours pas intéressée par toi, n'est-ce pas ?

- Mais ça pourrait très bien venir, glissa sournoisement Louis-Henri. J'ai cru remarquer que tu me détaillais hier soir, lorsque nous étions dans ta chambre.

Cendrillon 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant