Quitte moi si tu peux [Terminé ]

18

Il laisse planer un long silence, avant de rétorquer :

—Tu as raison.

—Merci.

—Mais je ne lâcherais pas l'affaire.

—Jad !

Il émet un petit rire tout doux, alors que je le fusille du regard.

—Reste avec moi ce soir.

Je manque de m'étouffer.
Qu'est-ce qui lui prends à la fin ?

—Juste pour une nuit, poursuit-il le plus sérieusement du monde.

—Jad, je grogne.

—Et toutes les autres nuits, pouffe-t-il de rire.

—Tu te fous de ma gueule, c'est ça ?

—Nan ! sourit-il. Chuis sérieux, Moon !

—Dégage !

Sa bonne humeur et son espièglerie m'ont contaminées. Je me surprend à sourire en retour.

Dix minutes plus tard on arrive devant cet affreux hôpital qui a décidé de me prendre toutes les personnes que je chéri.
Je ne rigole plus du tout, au contraire je cherche à me pendre.
Pendant que j'allume une clope dans l'espoir d'y trouver du courage, Jaden en grille une aussi, le ventre collé contre la rambarde juste à côté de moi.

—Moon...

—Arrête de m'appeler comme ça.

—Je croyais que tu aimais ! s'offusque-t-il.

—Oui mais là on ne rigole plus.

—Ok, réplique-t-il en recrachant la fumée. Max est en haut et ça te stresse, je comprends. Mais tu peux m'écouter deux minutes ?

—Si c'est pour me demander de dormir avec toi, j'ai déjà un mec, merci.

Il se tourne brusquement vers moi, et me force à lui faire face.

—Alors t'as quitté Hylan ?

—C'est lui qui m'a quittée. Et c'est pour ça qu'il a planté son frère.

Il tire une dernière latte de sa cigarette avec un regard grave, avant de me demander d'une voix frêle :

—Tu aimes Max ?

Troublée qu'il me dévisage de la sorte, je termine ma cigarette en regardant mes pieds.

—Je ne l'aime pas...Mais je dois lui donner une chance...Il ne veut plus que je vois d'autres mecs, il veut qu'on soit que tous les deux...Alors je me dis que s'il peut m'aider à arrêter mes conneries pour enfin pouvoir me stabiliser, pourquoi pas essayer...

—Léna, regardes-moi.

—Non.

Son index se pose sur mon menton pour le relever de force.
Mes yeux s'imbriquent dans les siens, et mon coeur perd de nouveau pied.

—Dors avec moi ce soir.

—...

—Personne ne t'attend à la maison.

—Si, Hylan.

Il relâche mon menton en poussant un énorme soupir.

—Ouvre les yeux, putain !

Sa colère soudaine me laisse sans voix.

—Ce gars te kiffe ! Il a même poignardé son frère pour toi ! Alors tu crois vraiment qu'il va te laisser tranquille quand tu rentreras chez toi ce soir ?

D'une voix tremblante, j'essaye de le défendre.

—Il a fait ça dans un excès de rage ! Hylan n'est pas du tout violent ! Je suis sûre qu'il regrette !

—Peut-être, mais il t'aime toujours !

C'est plus fort que moi, les larmes me montent aux yeux.
Je me sens d'un seul coup si impuissante.

—Moon, ne pleure pas. S'il te plaît, ne pleure pas.

Il m'attire dans ses bras, et curieusement sa chaleur me fait du bien.
Je le serre fort contre moi comme s'il était mon ancre.

—Je ne peux pas te laisser toute seule avec lui, poursuit-il en caressant mes cheveux. J'irai dormir sur le canapé si tu veux, il n'y a pas de problème. Mais s'il te plaît, rentre avec moi ce soir jusqu'à que Max sorte de l'hôpital.

J'écoute sa voix tendre et apaisante.
C'est étrange, je ne me sens plus perdue dans le brouillard.
Au contraire je perçois une étincelle.

J'acquiesce au creux de son cou.
Il prend aussitôt mon visage entre ses mains avec un grand sourire aux lèvres.
Pourtant il ne dit rien.
Les yeux brillants, il se contente de me fixer en silence, avant de déposer un doux baiser sur mon front.

Quand je pénètre dans l'enceinte de l'hôpital, il m'averti qu'il m'attendra dans le hall. Je lui offre un petit sourire timide avant de disparaître dans l'ascenseur.

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