9 - Crie mon nom

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Une semaine s'était écoulée depuis la première excursion du trio dans le Monde Figé et leur mission demeurait au même point : celui du départ. Mais que faire de plus, à part chercher d'autres informations et attendre que l'« autre » se manifeste ? L'enthousiasme de la nouveauté s'était aussi quelque peu dissipé – même s'ils peinaient encore à se remettre de leur ébahissement vis-à-vis de leurs premières aventures.

Ce fut donc avec une légère lassitude qu'Alice, Cassien et Gilbert s'aventurèrent dans le Monde Figé ce premier mercredi des vacances. L'atelier était toujours dans un désordre sans nom. Ils n'avaient pas voulu y toucher même pour chercher des informations car ils avaient peur de commettre une erreur en manipulant telle ou telle chose qu'il n'aurait pas fallu toucher.

Cette fois-ci, la porte de l'atelier s'ouvrit sur une dense forêt. Une forêt entre l'hiver et le printemps, la flore s'éveillant doucement sous une nappe de brouillard. Elle était principalement constituée de chênes, châtaigniers ou encore charmes. Il n'y avait aucune faune et cela couplé à l'habituelle ambiance pesante du Monde Figée donnait l'impression d'errer dans une forêt hantée. Mais ils étaient trois, Alice, Cassien et Gilbert ; à trois, on pouvait s'entraider, affronter n'importe quelle épreuve ensemble.

Le trio arriva à la lisière d'une clairière. Le temps couvert lui donnait une allure lugubre.

Cassien s'arrêta soudainement, ses jambes ne voulant plus lui obéir. Ou plutôt, ne voulaient pas qu'il traverse cette clairière, qu'il retourne à l'atelier.

« Qu'est-ce qu'il y a ? » lui demanda Alice, déjà avancée dans l'espace dépourvu d'arbre.

Ne trouvant aucune cause à son brusque arrêt, le jeune homme haussa simplement les épaules et se fit violence pour reprendre le contrôle de ses pieds. Il rejoignit ses amis dans la zone dégagée. Elle était relativement grande et ils atteignirent le côté opposé quelques minutes plus tard ; il ne restait qu'une cinquantaine de mètres avant de repartir s'enfoncer dans la forêt.

Froutch.

Volontairement cette fois-ci, Cassien s'arrêta. Il tourna légèrement la tête vers l'origine, supposée, du bruissement, vers sa gauche.

« Vous avez entendu ? » murmura Gilbert.

Ils avaient tous entendu et la peur commençait à s'infiltrer en eux à cause de ce que le bruit signifiait. Ils n'osaient plus bouger, à l'affût de nouveaux sons. Alice finit par se retourner ; sa voix lui manqua alors. Elle donna un coup de coude à ses camarades.

Devant eux se dressait, sur ses pattes arrière, un grand ours qui possédait des cornes, tel un bélier.

Que faire ?

Fuir.

Ou combattre.

Cassien sursauta à l'entente de cette proposition. Il comprit alors que c'était cet autre qui se manifestait – enfin. Si la situation ne présentait pas un caractère aussi urgent, il aurait profité de l'occasion pour lui parler.

Situation pour laquelle aucun des trois adolescents ne savaient comment réagir. Ils ne devaient pas rester là, immobiles, devant cette bête. Mais ils étaient paralysés, incapables de bouger et encore moins de penser. Jamais leur vie ne les avait préparés à cela : ils vivaient dans un monde dépourvu de magie, à une époque où il était inimaginable de tomber sur un gros animal sauvage dans la forêt, avec une éducation plus intellectuelle que manuelle.


La bête n'attendit pas que les jeunes gens réagissent. Il poussa un effroyable rugissement et commença à agiter les bouts de ses pattes. L'atmosphère se changea, devint plus pesante, chargée de particules malsaines : il était capable de pratiquer la magie. La végétation qui les entourait frémit, répondait à cet appel. Elle convergeait vers l'épicentre du sort, prenant de plus en plus en piège les trois adolescents.

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⏰ Dernière mise à jour : Apr 18, 2018 ⏰

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(CC2017) De regrets et d'espoirsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant