Jour 24 - Noyade

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[ CW : Underage / Relation prof - élève ]

De l'air.

Il lui fallait de l'air.

Leonhard ne savait plus pourquoi, mais il lui fallait de l'air. Rapidement.

Lorsqu'il ouvrit finalement les yeux, tout n'était que ténèbres, autour de lui. Son corps, frigorifié, semblait s'enfoncer sans fin dans les abysses les plus profondes. Il ne pouvait pas bouger, comme retenu par des centaines d'étreintes invisibles l'entraînant dans sa chute. Son visage entouré de fines mèches dorées se releva, se posant sur cette surface si lointaine, s'éloignant de plus en plus. Parfois, de petites bulles l'effleuraient, en remontant vers cet endroit inatteignable. Bien que l'air lui manquât, il ne trouvait pas cette sensation si désagréable que cela. En vérité, il n'arrivait plus à penser à quoi que ce soit, ne pouvant se concentrer que sur ses environs, sans vraiment se poser de questions.

Il ferma les yeux, puis les rouvrit. Il ne cherchait pas à comprendre pourquoi il semblait en train de se noyer, alors que son corps refusait de se débattre, d'activer ses instincts de survie. Est-ce que cela signifiait qu'il était déjà mort ? Vivait-on infiniment ce qui nous avait tué, lorsque tel était le cas ? Si oui, il trouvait l'au-delà bien effrayant... Enfin, s'il avait été en mesure de raisonner, il l'aurait sans doute qualifié comme tel. Ici, il n'avait qu'à se laisser sombrer, de plus en plus profondément, sans y réfléchir. Est-ce que ses pieds finiraient par toucher le fond, ou quelque chose ?

Il s'apprêta à laisser tomber, et à se laisser sombrer pour de bon, lorsqu'il sentit quelque chose se saisir de son poignet, sans parvenir à distinguer ce que cela pouvait être, alors que cela se trouvait à seulement quelques centimètres de son visage. Puis, son bras se leva, et, par la force de ce qui le tenait, il commença à se faire tirer, remontant soudainement vers cette surface tant désirée, à une vitesse fulgurante. La lumière se rapprochait, peu à peu, le forçant à plisser les paupières afin de ne pas se retrouver ébloui par son intensité. L'eau l'entourant glissait le long de sa peau, ne pouvant le retenir davantage.

Et, finalement, sa tête retrouva l'air libre. Tout n'était que blanc, bordé d'une aveuglante luminosité, mais il s'en moquait. Il pouvait respirer. Il prit une grosse bouffée d'air.

*

« Votre Altesse, ouvrez les yeux ! »

Plusieurs pressions furent exercées sur sa poitrine, d'une force imposante. Puis, il sentit de délicates lèvres effleurer les siennes, avant que de l'air ne soit enfin transmise à ses poumons en plein repos. Ceux-ci semblèrent se tordre, comme si quelque chose n'allait pas. Nouvelles pressions. Un jet remonta le long de sa gorge, arrivant à sa bouche, le faisant tousser afin de l'expulser, retrouvant soudainement une autonomie respiratoire. Ses paupières se soulevèrent lentement, ses pupilles devant se réhabituer à la lumière du Soleil sur le moment.

« Votre Altesse ! »

Il ne parvenait pas encore à voir la personne, mais il reconnaissait cette voix. La présence de cet individu à ses côtés le fit sourire, même s'il ne saisissait pas encore bien la situation dans laquelle il se trouvait.

Lorsque sa vision fut apte à fonctionner correctement de nouveau, il put voir ce visage enfantin, au-dessus de lui, l'observant de cet air stoïque habituel. Son professeur particulier, Heine. Derrière lui, soucieux, se tenaient ses trois frères, Kai, Bruno et Licht, dont les visages s'illuminèrent de soulagement lorsque Leonhard émergea des ténèbres. Ce dernier se redressa afin de s'asseoir, prenant plusieurs grandes inspirations afin de satisfaire ses poumons affamés.

Combien de temps était-il resté inconscient ? Il regarda le petit étang où lui, ses frères et son professeur s'étaient rendus, dans la journée, afin de se balader un peu. Il avait basculé en avant, en voulant attraper une libellule, et, surpris, n'avait pu que paniquer, jusqu'à commencer à se noyer. Il remarqua d'ailleurs qu'il demeurait trempé lorsqu'un froid mordant s'empara de lui, le faisant violemment frémir. Heine n'était pas sec non plus. Heureusement qu'il se trouvait là, et qu'il avait pu voler à son secours avant que quelque chose de grave n'arrive. Bien sûr, il se doutait que, dans le cas contraire, Kai aurait certainement remplacé le petit professeur, afin de sortir Leonhard de ce mauvais pas.

Inktober 2017Where stories live. Discover now