Flash-back de Prune

14 1 0
                                    

    La petite vérole frappait de nombreuses familles. Dans le domaine de Boisjoli, Hélène, la nièce de Mme de Boisjoli, était touchée. Marie, la domestique de Prune, s'était dévouée pour s'occuper d'elle, mais l'état de la pauvre Hélène ne s'améliorait pas. L'ayant constaté, Prune décida d'en parler à sa mère.

- Maman, je veux aider Marie à soigner Hélène ! déclara-t-elle en entrant dans la chambre de sa mère.

- Juste ciel, Prune, as-tu perdu l'esprit ? s'écria Madame de Boisjoli. Le docteur a pourtant été clair : aucun contact avec Hélène au risque d'attraper sa maladie !

- C'est pourtant le sort qui attend Marie, lui rappela Prune. Elle a beau la soigner, elle ne guérit pas !

- Ne dis pas de bêtises, Prune ! objecta Madame de Boisjoli. Hélène sera guérie avant même que Marie ne tombe malade.

- Grand Dieu, maman, vous rendez-vous compte de vos paroles ? dit Prune.

    Mme de Boisjoli n'eut pas le temps de répondre, car un bruit de verre brisé se fit entendre. Se rendant compte qu'il venait de la chambre de sa cousine, Prune quitta celle de sa mère en vitesse, et se rua dans le couloir. Là, elle vit Marie, en train de tituber, une main sur le front, avant de s'évanouir. Prune eut tout juste le temps de la rattraper avant qu'elle ne touche le sol.

- Oh non... murmura-t-elle. Maman, venez vite ! Marie ne se sent pas bien !

Le docteur vint l'examiner, et confirma la crainte de Prune : Marie avait attrapé la maladie d'Hélène. Celle-ci était toujours contagieuse. Plus déterminée que jamais, Prune décida de les soigner toutes les deux. Sa mère protesta, mais la jeune femme fit la sourde oreille. Ainsi, dès le lendemain, elle prit le relais. Après une semaine, Marie se sentit un peu mieux, mais la fièvre d'Hélène empira.

- Oh, non, elle est toujours malade, se désola Prune dans l'antichambre. Que faire ?

- Eh bien, Prune, vous semblez inquiète, constata une voix.

La jeune femme se détourna de la fenêtre : devant elle se trouvait Frédéric, son fiancé depuis peu. Il la fixait de ses grands yeux couleur pistache, et s'inclina. Prune lui répondit à son salut par une révérence, et se mit à faire les cent pas.

- Je m'inquiète pour ma pauvre Hélène, dit-elle. Nous avons tout fait pour qu'elle aille mieux, mais cela n'a servi à rien.

- C'est normal, Prune, lui dit Frédéric, elle est condamnée. Mais... je peux la sauver.

- Comment ? l'interrogea Prune en fronçant les sourcils.

- Il faut que vous sachiez que je ne suis pas celui que je prétends être, dit Frédéric.

- Que voulez-vous dire ? lui demanda Prune.

Frédéric la fit s'asseoir dans le fauteuil près de la fenêtre, s'agenouilla devant elle, et lui prit les mains.

- Je vous ai menti à vous et à votre mère, déclara-t-il. En réalité, je suis un démon envoyé par Lucifer pour acheter l'âme des mortels en échange de ce qu'ils veulent.

- Que dites-vous ? s'affola Prune. Je suis promise à un suppôt de Satan ! réalisa-t-elle. Oh, seigneur ! (Elle se leva et se remit à faire les cent pas, une main devant la bouche.)

- J'ai été envoyé pour vous prendre la vôtre, continua Frédéric, mais il y a eu un imprévu.

- Et lequel ? voulut savoir Prune, d'un ton sec, en se tournant brusquement vers lui.

Vends-moi ton âmeOnde histórias criam vida. Descubra agora