Chapitre 3 - Partie 4

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Elle arriva dans la salle de réception le cœur battant. Elle savait ce qu'elle avait à faire pour rester dans les bonnes grâces de l'oncle. Elle avait aussi décidé qu'il était en droit de savoir ce qu'était devenu sa femme, elle devait donc réussir à soutirer les informations à Roland.

Son sang ne manqua pas de se glacer lorsqu'elle l'aperçut au loin, déjà ivre de tous le vin qu'il avait bu. Elle reprit son calme en se répétant que cela serait encore plus simple s'il était saoul. Elle croisa l'oncle qui la salua d'un hochement de tête, le regard sérieux. Elle lui répondit d'un air tout aussi sérieux, pour lui faire comprendre qu'elle comptait respecter sa promesse. Il prit une grande inspiration et retourna à la conversation qu'il tenait avec un autre de ses invités.

Lia s'assit à quelques chaises de Roland, afin de s'assurer qu'il puisse la voir, mais sans l'amener à se douter de quelque chose. Elle entama des mondanités avec ses voisins lorsque du coin de l'œil, elle le vit se lever et commencer à partir pour finalement s'arrêter derrière elle.

— Tula ! Je ne vous avais pas vu, je me disais justement que votre absence commençait à se ressentir.

Son haleine alcoolisée parvenait jusque Lia et elle eut du mal à réprimander un petit rictus de dégout. Elle prit une inspiration avant de se lever à son tour pour le saluer et le gratifier de son plus beau sourire.

— Que de politesses ma chère, reprit-il en imitant la petite révérence de Lia, ce qui eut le don de faire exploser de rire tous ses voisins enivrés et lui-même. Accepteriez-vous de m'accompagner prendre l'air ?

Il lui tendit sa main mais elle se retourna d'abord vers l'invité avec lequel elle parlait plus tôt pour savoir si cela ne le dérangeait pas qu'elle s'éclipse. Ce dernier lui fit un signe de tête pour lui dire que non, elle se tourna à nouveau vers Roland et posa sa main dans la sienne.

Ils étaient sortis dans le petit jardin qui se trouvait derrière la salle de réception. Lia pouvait voir les invités à l'intérieur, ce qui la détendit car elle n'était pas rassurée à l'idée de se retrouver seule avec Roland. Il lui montra du doigt un petit banc sur lequel  s'asseoir et la jeune fille acquiesça poliment. Elle décida finalement de commencer la discussion, pour qu'elle tourne à son avantage.

— Vous avez été très curieux hier soir par rapport à mon histoire, peut-être me laisseriez-vous être curieuse par rapport à la vôtre ce soir ?

Il parut d'abord décontenancé par sa question, n'ayant certainement pas l'habitude de ce genre d'audace. Mais il éclata de rire ensuite, avant de lui répondre :

— Vous êtes bien une des rares personnes à vouloir en apprendre sur ma vie, s'esclaffa-t-il. Mais je vous en prie, posez-moi toutes les questions que vous voulez.

Lia but une gorgée de vin pour lui laisser le temps de réfléchir à la question la plus adéquate.

— J'ai pu remarquer que vous connaissiez beaucoup de monde au château, mais que vous étiez aussi dans l'aile des invités. Du coup j'imagine que vous êtes un habitué, vous travaillez au service de l'Oncle ?

Il éclata de rire.

— Au service de Raenar ? Il continua à rire. C'est plutôt cette fripouille qui travaille à mon service !

Il but la moitié de son verre.

— Pardon ? Je ne saisis pas vraiment... feignit-elle 

— Eh bien on va dire que ce gredin de Raenar n'est pas autant le propriétaire de ces lieux qu'il aime le clamer lors de ses banquets. Ce château appartient à mon maitre, qui lui permet d'habiter ici contre un certain prix.

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