* Au Long Cours *

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Louanges à Margot.

Douce, mon âme est en flammes, damnée
De caresses, de souffles étonnés
De longs baisers dans ta fine poitrine
Toute sensualité en vitrine.

Las, une fois les souffles apaisés
Nul repos, nos passions se déchirent.
Nos deux corps, par la chaleur embrasés
Arrachent même le temps, sans finir.

Je ne respirerai plus ta beauté.
Je ne souillerai plus ton corps sacré
Pour que Chance ne me soit pas ôtée
D'aimer en Vérité ton cœur nacré.

Résistance.

Ombre passée, le sang pourpre de mes ancêtres
Pour toi pourtant versé, un long fleuve asséché
Dont les hyènes s'abreuvent encore, pour s'être
Couchées quand il fallait se lever, emmèchées.

Les illusions pleuvaient, devoirs de mémoire
Pour la démocratie sauvée, la vanité
D'une réalité oubliée, sans pitié
Humiliée du haut d'une tour blanche d'ivoire.

Un nouveau cauchemar ne fait que commencer.
Pleurons, mon frêre et levons nous face à ces riens.
Sans laisse ils ne savent pas marcher, et Rien
Naîtra d'une Terre stérile ensemencée.

Le Serpent et le Marchand.

Morgane, vend son enchantant sourire
Derrière ses grands yeux maquillés
De noir, crie fort son envie de souffrir.
Tu l'oublieras, enfin déshabillée.

Ces tristes vêtements sont ta monnaie.
La chair, vide et nue de tout sentiment.
En mon sein, l'orage brûlant tonnait
Ta langue l'embrasant comme un piment.

Ce serpent ton marchand, négociant
Ton étoffe aux rondes et tendres formes
Il n'y eut pas d'accord efficient.
Je jugeai ta luxure par trop morne.

Blanc et Noir.

Mon cœur est blanc, ma main en est noire.
Seul perdu dans un rêve, j'attends
L'éveil, tout au fond d'une baignoire.
A moins qu'elle ne se déclare à temps

Cette triste vie, si illusoire.
Comme ce parfum de douce enfance
Brillant traînant, près de l'infusoire.
Ce n'est plus qu'un souvenir bien rance

Illuminé par mon ignorance
Les doutes, le chaos, le néant
Polluant, détruisant la transe
Du voyant, ce pauvre fainéant.

Corsaire.

La nuit, un bateau, sur le toit
Un phare, amarrés pour toujours.
Cale en feu jusqu'au petit jour
Écoute-le rythme, tais-toi !

La transe dirige nos pas
J'ouvre les yeux, puis je te vois.
Démon, tu me laisse sans voix.
Lui, que tu ne regardes pas.

Tes tendres formes entrevues
Criant folies, éveil des sens.
Un simple contact, ta présence
Sans t'avoir connue, déjà vue.

Si tendrement, un frôlement
Passant le long de ta cambrure.
Dans tes yeux vifs, tant de luxure.
Te revoir, et si seulement.

La Clef.

Mars, seigneur du feu et du sang
Ta force est disparue, ou morte
Gardienne des douze portes.
Egarée dans l'herbe du champ ?

Bienheureux, écoute mon chant
Entonné par quelques cohortes,
Cette peine que tu supportes
Sur ton pauvre cœur vieillissant.

Un soir, le ciel rougissant
Mon regard suivit un éclat
Un buisson vert, avec là
Mars, ta clef perdue dans le champ.

Te voici, je t'ai retrouvée.
Tu ouvres sur la voie des rêves.
La porte sacrée est trouée.
Je te défie, romps toute trêve.

Les Chroniques DévastéesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant